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Pourquoi Fortnite (Epic Games) attaque-t-il Apple en justice ?

Epic Games, éditeur de Fortnite, accuse Apple d'abus de position dominante. [Chris Delmas / AFP]

C'est un procès de géants qui s'ouvre aujourd'hui en Floride. Epic Games, éditeur du jeu Fortnite, poursuit Apple pour «abus de position dominante».

Au coeur du conflit : l'App Store, le magasin d'applications d'Apple. Tous les appareils iOS (Iphone, Ipad, etc) en sont équipés. L'App Store permet le téléchargement de plusieurs applications, mais aussi les achats «in-app» (par exemple, les abonnements). 

Sur ces transactions, Apple prend une commission de 30% (15% dans certains cas). Et c'est précisément ce que dénonce Fortnite. Le jeu de survie propose des tenues, des pioches et des Pass de combat payants. L'été dernier, il a proposé à sa communauté d'économiser de l'argent en passant directement par leur système de paiement, et non par celui d'Apple... évitant ainsi la commission de 30%. 

Banni de l'App Store

La réaction du groupe américain ne s'est pas fait attendre. Malgré sa popularité, Fortnite, qui compte plus de 350 millions d'utilisateurs depuis sa sortie en 2017, a été retiré de l'App Store. Les joueurs qui l'avaient déjà téléchargé n'ont plus accès aux mises à jour. Quant à ceux qui espéraient rejoindre la partie avec un appareil iOS, c'est désormais impossible. 

Même scénario pour le Play Store. Fortnite a détourné la commission - 30%, comme pour l'App Store - et s'est retrouvé banni du magasin d'applications d'Android. Son téléchargement reste tout de même possible via d'autres systèmes, contrairement aux téléphones iOS, qui sont conditionnés à l'App Store. 

«Taxe tyrannique»

Le procès entre Apple et Epic Games promet d'être explosif. D'un côté, Apple soutient que la commission finance le bon fonctionnement de l'App Store. De l'autre, Epic Games dénonce dans sa plainte une «taxe tyrannique» trop élevée, qui enrichit Apple au-delà du raisonnable.

L'éditeur accuse également Apple d'enfreindre les lois de la concurrence. Le fabricant de l'Iphone est à la fois «juge et partie» : il fixe les règles de l'App Store (qui regroupe un milliard de personnes), prend des commissions sur les transactions, et propose en même temps ses propres applications. Un système qui le rend presque tout puissant. De cette manière, Apple «restreint la distribution d'applications, exclut ses rivaux, nuit à la concurrence et aux consommateurs», écrit Epic Games dans des documents remis au tribunal d'Oakland (Floride) en charge de l'affaire. 

Soutien de Netflix et Spotify

Epic Games n'est pas seul. Netflix, Spotify, ou encore Tinder se sont déjà plaints du fonctionnement de l'App Store. Le procès de ce 3 mai est donc suivi avec attention par tous les développeurs d'applications mobiles.

L'enjeu est tel que Tim Cook, PDG d'Apple, et Tim Sweeney, PDG d'Epic Games, se sont déplacés en personne. Les équipes des avocats, la presse et le public assisteront aux échanges par Zoom à cause des restrictions sanitaires. 

La défense d'Apple est bien rodée. Selon Dan Ives, analyste chez Wedbush Securities, elle n'a pas failli depuis des années. Mais si jamais le tribunal tranche en faveur d'Epic Games, Apple pourrait revoir à la baisse ses commissions. Il pourrait aussi être forcé d'autoriser la mise en place de boutiques alternatives à l'App Store, comme celle d'Epic Games. 

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