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Rembrandt en BD

Un visiteur examine la célèbre toile de Rembrandt "la Ronde de nuit" le 4 avril 2013 au musée Rijksmuseum à Amsterdam qui vient de réouvrir ses portes [Koen van Weel / ANP/AFP] Un visiteur examine la célèbre toile de Rembrandt "la Ronde de nuit" le 4 avril 2013 au musée Rijksmuseum à Amsterdam qui vient de réouvrir ses portes [Koen van Weel / ANP/AFP]

Éclairer d'une lumière nouvelle et sans tabous les périodes méconnues, souvent sombres, avinées et érotiques, de la vie du peintre néerlandais Rembrandt : c'est le but d'une nouvelle bande dessinée, biographie d'un peintre mondialement célèbre.

Publiée alors que la plus célèbre toile du peintre, la "Ronde de nuit", a récemment retrouvé sa vitrine historique, le Rijksmuseum d'Amsterdam ayant rouvert ses portes dimanche au public après dix ans de rénovations, l'oeuvre, sobrement intitulée "Rembrandt", est le fruit du travail d'un artiste néerlandais nommé Typex.

Rembrandt, dépeint au fil des cases et des bulles comme un homme infidèle, obsédé et acariâtre, est né en 1606 et est décédé quelques 63 ans plus tard, alors que les bourgeois et les aristocrates néerlandais dépensaient dans l'art leurs fortunes assidument gagnées grâce au commerce extérieur.

"L'art de qualité, c'est un investissement sain"', explique ainsi à Rembrandt Hendrick van Uylenburgh, un commerçant d'art qui aida à lancer sa carrière : "cela donne statut et prestige".

Plusieurs personnages de la vie et des oeuvres du célèbre maître prennent vie dans le livre, notamment le personnage principal de "La Ronde de Nuit", le capitaine Frans Banning Cocq, tout de noir vêtu et drapé d'une écharpe écarlate.

Ce dernier questionne Rembrandt au sujet d'une jeune Danoise de 18 ans, employée d'un bar, avec laquelle l'artiste a passé la nuit et qui finit par tuer sa patronne avec une hache.

Typex, 50 ans, que le chanteur australien Nick Cave décrit comme "le second meilleur artiste néerlandais de tous les temps", après Rembrandt, a dessiné et écrit le livre "en accomplissant le travail de cinq années en deux ans et demi", travaillant 14 heures par jour, un rythme effréné qu'aurait certainement apprécié Rembrandt, lui-même vraie bête de somme.

Auto-portraits

"J'ai lu une série de livres sur Rembrandt, pris de nombreuses notes, mis les livres de côté et me suis mis au travail", a expliqué Typex à l'AFP. "Il y a beaucoup de choses qu'on ignore au sujet de Rembrandt. Ce qu'on connaît, ce sont les document officiels, les actes de propriété, de mariage, de décès", ajoute l'artiste.

Dès lors, Typex a voulu composer son livre à partir d'anecdotes, mais celles-ci s'inscrivent dans un cadre historique exact et apportent un nouvel éclairage sur la production artistique de Rembrandt, qui s'assombrit au fur et à mesure de ses auto-portraits.

Une obscurité qui lui coûtera des clients : "tu n'est plus rémunéré pour ton travail", se lamente Hendrickje Stoffels, alors amante de Rembrandt et qui deviendra plus tard son épouse. "Des auto-portraits, que des auto-portraits, je suis vraiment inquiète".

Son épouse, ses amantes, ses enfants et même ses concurrents artistiques finiront par mourir, et l'artiste deviendra irascible.

"Sa vie est empreinte de tragédie, quasiment tous ceux qui l'entouraient sont morts, c'était comme cela à l'époque", affirme Typex. "Mais je ne voulais pas faire un livre uniquement triste".

L'auteur adopte ainsi un parti pris littéraire au moment de raconter la fin difficile de l'épouse du peintre : "je l'ai raconté du point de vue du rat qui apporta la peste et pour lui, ce n'est pas du tout un évènement triste". "Il reçoit de la nourriture et il vit en fait les meilleurs moments de sa vie", assure Typex.

Ami et rival de Rembrandt, le peintre Jan Lievens, plus populaire que Rembrandt lui-même au cours des années 1660, surgit régulièrement au détours des pages : "ce sont les années 60, les gens sont pourris, le client est roi, ou en tout cas il le croit", assure ce peintre, qui a lui gravi l'échelle sociale.

Une scène particulière explique la confusion régnant parfois au sujet du véritable auteur des toiles signées de la main du maître : après avoir admiré l'oeuvre de l'un de ses élèves, Carel Fabritius, le peintre appose son propre nom au bas du tableau, une tradition à l'époque.

Cherchant à entrer en contact avec le maître des auto-portraits, le duc florentin Cosme de Medicis arrive au détour d'une case sur Amsterdam et est dessiné cherchant à emmener dans un endroit discret quelques jeunes filles peu farouches, une scène aux airs de certains quartiers de la capitale néerlandaise du 21e siècle.

Ce qui provoque chez Rembrandt une réaction virulente : "dis-lui que si il veut des tableaux avec des jolies filles et des couleurs éclatantes, il devrait s'adresser au trafiquant de tableaux au coin de la rue, pas à moi", crie-t-il à sa soeur.

"Et maintenant, foutez le camp de chez moi! ++Capice ? Arrivederci++," s'exclame ensuite un Rembrandt au bord de la crise d'apoplexie.

Pour Typex, Rembrandt était un homme "difficile et obsédé" : "la vie aurait pu être tellement plus facile pour lui si il s'était un peu contenu, s'accommodant des goûts des riches". "Mais il n'était juste pas assez sociable pour ça", assure-t-il.

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