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Tibet : répression accrue dans les régions tibétaines de Chine

Des forces de l'ordre en tenue anti-émeutes patrouillent dans les rues d'Aba, capitale d'une région tibétaine de la Chine où a eu lieu une série d'immolations de moines suite au suicide par le feu de l'un d'entre eux il y a un an[AFP]

Des forces de l'ordre en tenue anti-émeutes patrouillent dans les rues d'Aba, capitale d'une région tibétaine de la Chine où a eu lieu une série d'immolations de moines suite au suicide par le feu de l'un d'entre eux il y a un an.

Quatre ans jour pour jour après des émeutes qui ont ensanglanté Lhassa avant de s'étendre à d'autres villes du plateau tibétain, la région himalayenne de Chine est à nouveau en proie des troubles.

Depuis mars dernier, au moins 26 Tibétains se sont immolés ou ont tenté de le faire dans des provinces chinoises limitrophes du Tibet, en appelant au retour de leur chef spirituel, le dalaï lama, qui vit en exil en Inde à la suite d'un soulèvement en 1959.

La majorité de ces suicides aussi atroces que spectaculaires se sont produits dans la préfecture d'Aba où se trouve le monastère de Kirti, l'un des hauts lieux du bouddhisme tibétain.

Des journalistes de l'AFP ont pu gagner Aba dimanche, avant d'en être rapidement expulsés. Ils ont néanmoins eu le temps de voir des centaines de policiers en tenue anti-émeutes aligné dans les rues, certains portant des armes à feu, des matraques métalliques ou même des extincteurs.

Un jour plus tôt, un moine de Kirti âgé de 18 ans s'était immolé pour marquer l'anniversaire du soulèvement antichinois de 1959 qui avait provoqué la fuite du dalaï lama.

A Aba, les immolations sont presque devenues banales. Dimanche, les magasins étaient ouverts et la population se promenait librement dans les rues de la ville.

La circulation dans la rue principale restait toutefois bloquée et deux véhicules blindés de transport de troupes étaient stationnés devant un petit théâtre.

"La situation est très, très grave. Le mois de mars est une période très sensible dans les zones habitées par les Tibétains", a déclaré à l'AFP un policier en ne donnant que son nom de famille, Jiang.

"Vous n'êtes pas autorisé à être ici, vous devez retourner à Chengdu (la capitale du Sichuan) aussitôt que possible", a-t-il ajouté.

Face aux immolations, les autorités chinoises ont réagi en renforçant la répression, envoyant leurs représentants dans les monastères et organisant des stages de "rééducation politique".

Selon les groupes de défense des Tibétains à l'étranger, la situation n'a jamais été aussi tendue depuis les troubles qui ont agité Lhassa, la capitale de la "région autonome" et d'autres régions tibétaines le 14 mars 2008.

La répression consécutive à ces émeutes avait fait plus de 200 morts, selon le gouvernement tibétain en exil à Dharamsala. Un chiffre réfuté par Pékin qui affirme que 21 personnes seulement sont mortes du fait des "émeutiers".

Interviewer quiconque à Aba est pour le moment impossible, mais des moines du monastère de Kumbum (Taersi en chinois) dans la province voisine du Qinghai ont rapporté à l'AFP avoir été soumis par les autorités à un "enseignement patriotique".

"Nous devons clamer que nous aimons le Parti communiste", a déclaré l'un d'entre eux, refusant de donner son nom pour des raisons évidentes de sécurité.

"C'est absurde. Nous sommes des moines et notre leader spirituel est le dalaï lama", a-t-il ajouté.

Toutes sortes de restrictions ont été imposées à près d'un millier des 3.000 moines de Kumbum qui n'ont pas satisfait aux exigences "politiques" imposées par les autorités, a expliqué à l'AFP un Tibétain ayant des liens étroits avec le monastère.

Afin de les soumettre à des séances d'endoctrinement supplémentaires, certains moines se sont vu signifier une interdiction de voyager, selon ce Tibétain, qui a ajouté qu'il y avait "beaucoup de responsables des autorités dans le monastère".

Pour Nicholas Bequelin, spécialiste de l'Asie chez Human Rights Watch, les dernières initiatives du gouvernement chinois s'apparentent à un "système de surveillance totale".

"La politique de Pékin en matière de religion dévie du répressif vers le totalitaire", estime ce militant des droits de l'Homme.

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