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Bachar al-Assad s'accroche au soutien russe

Bachar al-Assad s'adresse au parlement syrien, le 3 juin 2012. [SANA / AFP]

Le président syrien Bachar al-Assad, décidé à écraser la révolte coûte que coûte, comptera jusqu'au bout sur le soutien russe pour accentuer la répression, même au prix d'une guerre civile dans le pays, estiment des analystes.

Dans un discours dimanche devant le nouveau Parlement, son cinquième depuis l'éclatement de la révolte contre son régime il y a près de 15 mois, M. Assad a refusé une fois de plus de reconnaître l'ampleur de la contestation, se disant confronté à une montée du "terrorisme" qu'il a promis d'écraser "à n'importe quel prix".

"Il est dans une stratégie jusqu'au-boutiste depuis le départ, mais là, il n'a plus d'autre option que cette stratégie", estime Agnès Levallois, spécialiste du Moyen-Orient basée en France. Et "tant qu'il a le soutien russe, il a le sentiment qu'il va pouvoir s'en sortir". "Assad sait très bien qu'il peut compter sur Poutine, cela lui donne une espèce de tranquillité pour continuer à réprimer comme il l'entend", ajoute-t-elle, en référence au président russe.

 

Vers un nouveau cycle de violences

Selon les analystes, le discours augure d'un cycle de violences encore plus meurtrier en Syrie dans les prochaines semaines, à l'heure où le monde entier met en garde contre une guerre civile.

"Il y avait beaucoup de défi dans le discours d'Assad", indique Salman Shaikh, directeur du centre Brookings à Doha. Selon lui, à moins d'un sursaut international, "l'avenir de la Syrie est très alarmant et la situation va empirer".

D'après les experts, M. Assad a clairement ignoré l'appel de l'émissaire international Kofi Annan à prendre des "décisions courageuses" comme il le lui a demandé lors de sa dernière visite à Damas.

"Annan a dit à Assad qu'il voulait des actes, pas des paroles. Assad lui a répondu qu'il comptait poursuivre la guerre à l'intérieur", déclare Khattar Abou Diab, professeur à l'Université Paris-Sud. "Le président syrien va jouer les prolongations jusqu'à la fin du mandat de la mission d'Annan à la mi-juillet en menant davantage d'opérations" contre les rebelles, indique-t-il.

 

Un régime aux abois

Pour le clan Assad, au pouvoir depuis 40 ans, la lutte pour sa survie passe avant toute chose. 

"Malheureusement, (cette) stratégie du régime va mener à davantage de sang et d'effritement et mettra le pays au bord d'une véritable guerre civile. Mais cela n'entre pas dans ses calculs", juge M. Abou Diab.

Selon lui, le régime est convaincu que "dans cette guerre d'usure, l'opposition armée est la plus faible et qu'il va gagner la partie". "La guerre civile, Assad n'en a rien à faire, c'est le dernier de ses soucis, il veut sauvegarder son clan", ajoute Mme Levallois.

Pour les analystes, le président syrien, qui continue de jouir du soutien d'une partie de la population, montre toutefois de plus en plus des signes de nervosité, peut-être parce qu'il sait que le soutien russe ne pourra pas durer indéfiniment.

Même si officiellement elles continuent d'apporter leur soutien à Damas, les autorités russes ont déjà écarté la question d'un éventuel asile politique au président syrien, et affirmé récemment que le plus important était de mettre fin à la violence et non pas de se préoccuper "de qui est au pouvoir en Syrie". "Le président syrien a très peur d'une idée russe qui circule concernant 'un régime d'Assad sans Assad', ce qui explique sa nervosité", indique M. Diab.

D'après lui, Moscou "ne considère pas Assad comme sacré, ce qui veut dire qu'à un moment donné, pas nécessairement aujourd'hui, Moscou pourrait le lâcher sans lâcher le régime et lui trouver une alternative comme dans le scénario yéménite", poursuit-il.

Pour Mme Levallois, "Assad tente de gagner du temps tant qu'il a le soutien des Russes, qui pourraient le lâcher pour d'autres intérêts. Mais il est dans une course contre la montre vaine, car il ne pourra pas remporter la partie à terme".

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