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Le pèlerinage de la Mecque : un acte de foi et un investissement

Des pèlerins prient à La Mecque, le 25 octobre 2012 [Fayez Nureldine / AFP] Des pèlerins prient à La Mecque, le 25 octobre 2012 [Fayez Nureldine / AFP]

Les musulmans célèbrent vendredi l'Aïd-al-Adha (Aïd-el-Kébir), la "fête du sacrifice", au lendemain du grand rassemblement des pélerins à la Mecque sur le Mont Arafat, dont près de 30.000 Français, qui y investissent jusqu'à 120 millions d'euros.

Le grand pélerinage de la Mecque sur la tombe du Prophète Mahomet, qui se tient une fois par an au début du mois lunaire musulman de dhou al-hajja, en octobre cette année, peut se révèler une source d'abus, alors que certains y sacrifient les économies de toute une vie.

"Cette année, quelque 24.000 musulmans de France - en majorité une population de 50-60 ans, mais qui a tendance à rajeunir -, ont obtenu un visa auprès du consulat d'Arabie saoudite", selon M. Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman (CFCM), organe représentatif de l'islam de France.

C'est compter sans les "visas de complaisance" - entre 5.000 et 6.000 - octroyés à des agences de voyages par des consulats saoudiens hors de France, comme en Allemagne, ou par des princes saoudiens de passage, précise Abdallah Zekri, président de l'Observatoire national contre l'Islamophobie, dépendant du CFCM.

Au total, ce sont près de 30.000 français qui ont déboursé chacun entre 4.000 et 6.000 euros pour le grand pélerinage, un des cinq piliers de l'islam, en s'adressant à des agences de voyages agréées par le Consulat d'Arabie saoudite.

La France compte 2,1 millions de musulmans déclarés, selon l'Institut national des études démographiques (INED).

Dans ce pays, relève Abdallah Zekri, "le gros problème vient de rabatteurs qui opèrent aux abords des mosquées pour des agences de voyages non autorisées, moyennant un backchich de 200 euros par pélerin, versés de la main à la main".

"Prestations fictives"

Le grand pélerinage de la Mecque répond à un rituel très codifié, en plusieurs étapes, qui nécessite un minimum de culture religieuse, voire un entraînement. Son moment fort, le rassemblement au mont Arafat où le prophète avait prononcé son dernier prêche en 632, est une rude épreuve. Plus de 2 millions de personnes devaient s'y presser ce jeudi pour une journée de prière en station debout.

La fête de l'Aïd-al-Adha (Aïd-al-Kebir), qui se déroule vendredi, 10e jour du 12e et dernier mois du calendrier lunaire musulman, n'est pas non plus exempte d'abus, alors que l'ensemble de la communauté des croyants (l'umma) commémore le sacrifice d'Abraham. Lequel, selon le Coran, voulut sacrifier Ismaël et non Isaac, comme le dit la Bible.

"En France, la fête de l'Aïd, largement suivie par la communauté musulmane, est célébrée par le sacrifice de 105/120.000 ovins et de 4/5.000 bovins", selon Mohammed Moussaoui. Il faut compter environ 200 euros pour les premiers et jusqu'à 1.500 euros pour les bovins".

A ce sujet, Abdallah Zekri s'indigne des prix, parfois exorbitants, pratiqués à l'occasion de la fête. "Avant l'Aïd, il faut compter 120 euros pour se procurer un agneau, parfois acheté en Roumanie au prix de 50 à 70 euros. Pour l'Aïd, les prix peuvent s'envoler et atteindre 280 à 320 euros".

"C'est un vrai scandale. Je serais partisan de lancer une grève générale de l'agneau pour une prochaine fête de l'Aïd, afin de revenir à un prix raisonnable. Parce qu'aujourd'hui, on tond le mouton et on tond le musulman".

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