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Christophe Deloire : "Un outil contre la censure"

Le site WeFightCensorship publiera des documents interdits dans leur pays d'origine. [Reporters Sans Frontières]

Reporters Sans Frontières (RSF) lance mardi le site "WeFightCensorship", destiné à lutter contre la censure. L'organisation y publiera textes, photos et vidéos interdits dans leur pays d'origine. Pour Christophe Deloire, le président de RSF, il s'agit de lancer un avertissement aux censeurs. 

Quelle est la vocation de ce site ? 

Elle est double. Il s'agit d'une part de permettre à ceux qui diffusent des informations de franchir la muraille de la censure, en leur proposant un lieu ou publier les contenus interdits - dans leur langue originale, mais aussi en français et en anglais. Et d'autre part, c'est un outil de dissuasion contre la censure. Nous souhaitons envoyer le message aux censeurs que s'ils veulent interdire des contenus ou mener des représailles contre leurs auteurs ils risquent au contraire de voir la diffusion de ces contenus décuplée, ce qui pourrait s'avérer très nuisible pour leur image. C'est ce qu'on appelle "l'effet Streisand".  

Comment sélectionnez-vous les contenus que vous publiez ? 

Nous publions des contenus produits par des gens qui sont dans une démarche informative, que ce soit des journalistes ou des blogueurs - 130 "net-citoyens" sont détenus dans le monde - et interdits dans leurs pays. Notre vocation est de défendre la liberté d'informer. Ensuite, notre comité éditorial statue pour vérifier que ces contenus ne tombent pas par exemple dans l'atteinte à autrui, qu'ils n'appellent pas au meurtre ou à la haine.

Ne craignez-vous pas que le site soit lui-même attaqué ? 

Si WeFightCensorship était attaqué, les contenus resteraient accessibles quoi qu'il advienne. Pour s'en assurer, nous avons demandé à des hackers de trouver les failles du site, afin de pouvoir les corriger. La sécurité des auteurs de contenus est elle aussi assurée, puisque nous avons crée un "coffre-fort" électronique pour leur permettre de publier de manière discrète. Et s'ils le souhaitent, ils peuvent choisir de rester anonymes, RSF restant alors seul en mesure de connaître leur identité. 

Votre démarche rappelle celle du site Wikileaks. En quoi est-elle différente ? 

Il existe beaucoup de sites de "leaks", mais contrairement à ces derniers nous publions des contenus retravaillés par des journalistes et des 'net-citoyens". Ce ne sont pas des masses de documents classés secret défense. Nous nous adressons au grand public, notre but est de contourner la censure pour sortir de l'infantilisation des gens, qu'ils puissent agir en adultes responsables. 

Le développement d'Internet a-t-il changé la donne en matière de censure ? 

La censure à l'ancienne perdure, dans des pays comme l'Erythrée ou la Chine. En 2008, le gouvernement chinois avait par exemple empêché la publication d'informations sur le scandale du lait contaminé à la mélamine. Mais avec Internet les censures technologiques se sont développées. La Chine a ainsi mis en place ce qu'on appelle "la grande muraille électronique", pour contrôler l'accès au Web. Autre exemple que l'on peut trouver sur le site, au Turkménistan l'année dernière, le pouvoir avait bloqué l'accès à Internet après l'explosion d'un dépôt de munitions qu'il souhaitait taire. Et les net-citoyens qui s'étaient mobilisés pour contrer la censure ont subi les représailles du régime. 

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