En direct
A suivre

Elections : les Italiens désorientés

L'Italie se trouve plongée dans une impasse politique. [GABRIEL BOUYS / AFP]

Le résultat des élections générales a plongé l’Italie dans une profonde crise politique et illustre le rejet des politiques de rigueur.

L’Italie s’est réveillée avec la gueule de bois hier. En pleine crise économique, le pays se retrouve plongé dans une nouvelle crise politique après les élections générales, qui ont abouti à une impasse : si la gauche de Pier Luigi Bersani a remporté une majorité au Parlement, elle est devancée au Sénat par la droite de Silvio Berlusconi.

En séduisant près de 30 % des Italiens, ce dernier est l’un des grands gagnants du scrutin, avec l’humoriste Beppe Grillo, dont la formation réunit un quart des suffrages.

Les deux hommes ont en commun d’avoir su capitaliser sur le désenchantement ressenti par les Italiens, alimenté par le rejet des mesures d’austérité mises en place par le gouvernement sortant de Mario Monti, qui n’obtient qu’environ 10 % au Sénat et au Parlement.

 

Un vote de protestation

Hier matin, le Corriere della Sera évoquait «un vote choc». Les électeurs ont en effet déjoué les sondages qui donnaient le Parti démocrate de Bersani largement en tête, envoyant un message ferme à leurs dirigeants. «Le score du parti cinq étoiles de Beppe Grillo constitue un tremblement de terre, estime Carlo Alberto Brusa, avocat et lui-même ex-candidat.Il traduit le rejet d’une forme de politique, avec des professionnels qui passent leur temps à s’échanger les postes. L’Italie est dans une situation d’immoralité politique, avec des candidats mis en examen, y compris dans l’entourage de Bersani».

Bien décidé à capitaliser sur son score, Beppe Grillo a ainsi averti : «Ils ont fait faillite aussi bien à gauche qu’à droite. Ils peuvent durer sept ou huit mois, mais nous serons un véritable obstacle pour eux.»

Donné pour mort politiquement il y a encore quelque mois, Silvio Berlusconi a profité pour sa part de l’exaspération des Italiens face à l’augmentation de la fiscalité mise en place par le gouvernement Monti. Jugée populiste par ses adversaires, la promesse du Cavaliere de supprimer la taxe foncière, quel­ques jours seulement avant le scrutin, l’a aidé à combler son retard. Hier, l’incertitude la plus totale régnait concernant les moyens de sortir de la crise politique.

 

Vers de nouvelles élections ? 

Le scénario le plus probable est celui d’un gouvernement d’unité nationale rassemblant la gauche de Bersani, le centre de Monti et la droite de Berlusconi, en vue de réformer le système de scrutin et d’organiser de nouvelles élections.

Quoi qu’il en soit, «le prochain gouvernement ne pourra pas mener la même politique que Mario Monti, analyse Gian Paolo Accardo, rédacteur en chef adjoint de Presseurop. Même si une coalition devait naître, son plus petit dénominateur commun ne sera pas une politique économique audacieuse».

Les dirigeants européens craignent ainsi que l’Italie n’abandonne la politique d’austérité qui lui avait permis de repasser sous la barre des 3 % de déficit.

 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités