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Irak: Kirkouk au coeur d'un conflit menaçant entre Kurdes et Arabes

Des civils irakiens constatent les dégâts causés par une voiture piégée à Kirkouk, le 20 mars 2013 [Marwan Ibrahim / AFP] Des civils irakiens constatent les dégâts causés par une voiture piégée à Kirkouk, le 20 mars 2013 [Marwan Ibrahim / AFP]

Minée par les violences, la province pétrolifère de Kirkouk, dans le nord de l'Irak, est au coeur d'un conflit territorial entre Kurdes et arabes qui menace à terme l'unité du pays.

La province et sa capitale éponyme sont une véritable mosaïque ethnique et confessionnelle -- Kurdes, Arabes, et Turkmènes, sunnites et chiites -- et constitue l'essentiel du territoire que les Kurdes veulent inclure dans la région autonome du Kurdistan, au grand dam du gouvernement fédéral à Bagdad.

"D'un point de vue géopolitique, Kirkouk revêt une importance extrême en raison de ses réserves de pétrole et de gaz", explique John Drake, spécialiste de l'Irak au sein de la firme de consultants en risques AKE Group.

"Et d'un point politique, le contrôle de la ville est une affaire très affective pour une large partie de l'électorat", ajoute-t-il.

De nombreux diplomates et responsables estiment que les tensions entre Bagdad et le Kurdistan représentent la plus grande menace pour l'Irak à long terme.

Un Kurde irakien sur un marché de Kirkouk, le 19 février 2013 [Ali al-Saadi / AFP/Archives]
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Un Kurde irakien sur un marché de Kirkouk, le 19 février 2013

Formée de trois provinces, la région autonome du Kurdistan dispose de son propre gouvernement, de ses forces de sécurité, de ses postes-frontières et de son drapeau, mais reçoit toujours une partie du budget fédéral.

Signe des risques de conflit, les deux parties ont déployé fin 2012 des renforts militaires dans le nord de l'Irak, dont la province de Kirkouk. Ces forces sont toujours présentes sur le terrain, selon le gouverneur de la province, Najm al-Din Karim.

"Nous avons (...) un face-à-face entre les militaires de l'Irak et du Kurdistan, et dans une telle situation, le moindre incident peut mener à une bataille", a déclaré à l'AFP M. Karim, un Kurde.

"Cela n'aide pas les communautés qui veulent vivre ensemble, ni les investisseurs ou les entreprises qui voudraient travailler ici", ajoute-t-il.

"Je crois que si ces problèmes ne sont pas réglés, ils peuvent mener (...) à un conflit armé qui pourrait conduire au démantèlement de l'Irak", prévient le responsable kurde.

Des policiers irakiens à un poste de contrôle à l'entrée de Kirkouk, le 19 février 2013 [Ali al-Saadi / AFP/Archives]
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Des policiers irakiens à un poste de contrôle à l'entrée de Kirkouk, le 19 février 2013

Lien police-armée rompu

Un des principaux sujet de contentieux est la volonté de Bagdad d'établir un commandement militaire fédéral basé à Kirkouk, unifiant toutes les forces dans la région, ce qui équivaudrait, selon M. Karim, à "l'imposition de la loi martiale".

"Nous avons ordonné à tous les chefs de police de ne pas obéir aux ordres venant de Bagdad", explique le gouverneur. "Par conséquent, toute la coopération entre la police et l'armée a été interrompue".

Des officiers de la police et de l'armée à Kirkouk ont confirmé que la coopération entre les deux corps était suspendue, ce qui risque de fragiliser encore plus la sécurité dans la province.

Les habitants se plaignent des violences dont les auteurs ne sont pas connus, même si des groupes liés à Al-Qaïda ont revendiqué certaines attaques.

"Il y a beaucoup de policiers et de 'Asayish' (forces kurdes) mais il n'y a pas de sécurité", dit-il. "Il y a des explosions et des assassinats chaque jour. Combien de l'Irak va-t-il rester ainsi?", dit cet homme qui a décidé d'émigrer.

"Le gouvernement ne se soucie pas du peuple irakien", renchérit Salam Al-Jaberi, un vendeur au marché de Kirkouk. "Les politiciens se disputent et le peuple en paye le prix".

M. Jaberi lui-même assure que les relations entre les communautés kurde et arabe de Kirkouk sont bonnes. "Il n'y a pas de problème entre les citoyens, le problème est entre les gouvernements".

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