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Napolitano va tenter de sortir l'Italie de l'impasse

Le président italien Giorgio Napolitano, le 28 février 2013 à Berlin [John Macdougall / AFP/Archives] Le président italien Giorgio Napolitano, le 28 février 2013 à Berlin [John Macdougall / AFP/Archives]

Le président italien Giorgio Napolitano annoncera vendredi quelle personnalité il désigne pour tenter de former un gouvernement et sortir de l'impasse politique la troisième économie de la zone euro.

"Demain, je présenterai et motiverai mes décisions", a brièvement déclaré le président de la République jeudi en début de soirée, au terme de deux jours de consultations avec les formations politiques.

Sa tâche est difficile, aucune majorité claire n'étant sortie des urnes lors des élections de fin février. Le Parti démocrate (PD, gauche) a obtenu la majorité absolue à la Chambre des députés mais pas au Sénat, ce qui risque de le priver du vote de confiance nécessaire pour conduire le pays.

Après son entretien avec M. Napolitano, le chef du PD, Pier Luigi Bersani, a dit "se mettre au service" du pays pour imprimer "le changement", en rappelant que sa coalition représentait "la première force politique de ce pays".

Il a cité parmi ses priorités "la moralisation de la vie publique", une réforme de la loi électorale, et les "thèmes sociaux", notamment la lutte contre le chômage et la précarité.

Interrogé sur sa propre volonté de conduire le futur gouvernement, il s'est contenté d'indiquer: "j'espère donner un coup de main, mais je ne me mets pas en avant", "nous avons une responsabilité" collective.

Dans la matinée, le mouvement de l'ex-humoriste Beppe Grillo avait, lui, clairement revendiqué le poste de président du Conseil et exclu de voter la confiance à un autre exécutif.

"Nous demandons officiellement un mandat pour former le gouvernement et réaliser notre programme", a déclaré Roberta Lombardi, chef de file des députés du Mouvement cinq étoiles (M5S), à la presse, après une entrevue avec M. Napolitano, à laquelle participait aussi Beppe Grillo.

Pier Luigi Bersani, chef du parti démocrate italien, après sa rencontre avec le président, le 21 mars 2013 à Rome [Vincenzo Pinto / AFP]
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Pier Luigi Bersani, chef du parti démocrate italien, après sa rencontre avec le président, le 21 mars 2013 à Rome
 

Le chef des sénateurs du M5S, Vito Crimi, a rappelé les 20 points du programme du M5S? comme un référendum sur le maintien dans l'euro, un revenu minimum pour tous ou l'abolition de la taxe sur la résidence principale.

C'est sur ce programme jugé populiste et démagogique par ses détracteurs que le Mouvement demanderait la confiance du Parlement s'il était chargé de gouverner.

Beppe Grillo, absent du point presse, a réaffirmé sur son blog que le Mouvement "ne votera pas la confiance" à un gouvernement qu'il soit "politique" ou "technique", c'est-à-dire formé d'experts, mais apportera ses voix aux propositions de lois coïncidant avec son programme.

Si le Mouvement n'obtient pas le mandat pour former le gouvernement, il réclamera la présidence de deux commissions parlementaires importantes, contrôlant les services de renseignement et la télévision publique RAI, a indiqué Mme Lombardi.

Le M5S, comme formation se présentant seule, a obtenu le plus grand nombre de voix aux législatives (environ 25%) mais il ne s'est classé qu'en troisième position comme force parlementaire, derrière les coalitions de gauche de Pier Luigi Bersani et de droite de Silvio Berlusconi, en raison de la loi électorale en vigueur en Italie.

Le président Napolitano a reçu aussi jeudi une délégation du Peuple de la liberté (PDL), le parti de Silvio Berlusconi, et de son allié, la Ligue du Nord.

Silvio Berlusconi après sa rencontre avec le président italien à Rome, le 21 mars 2013 [Filippo Monteforte / AFP]
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Silvio Berlusconi après sa rencontre avec le président italien à Rome, le 21 mars 2013
 

Le Cavaliere, 76 ans, a indiqué avoir proposé au président la formation d'un "gouvernement de coalition" entre son parti PDL et le PD de M. Bersani.

"Le pays est en crise profonde, les interventions économiques doivent être immédiates, ce qui exige un comportement de responsabilité de forces qui représentent un tiers de l'électorat", a-t-il souligné, à propos des deux coalitions de droite et de gauche.

Cette main tendue de Silvio Berlusconi a cependant été refusée systématiquement ces dernières semaines par M. Bersani, dont la base électorale rejette toute alliance avec celui qui est son principal adversaire politique depuis son entrée en politique il y a 18 ans.

M. Bersani a cherché, sans succès jusqu'à présent, à obtenir le soutien de tout ou partie des 54 sénateurs du M5S pour avoir la majorité absolue à la Chambre haute aussi.

La presse se perd en conjectures sur ce que pourrait faire M. Napolitano face à l'impasse dans laquelle se trouve le pays avec les trois principales forces politiques refusant toute combinaison d'alliances pour bâtir une majorité parlementaire.

Il peut donner à M. Bersani "un mandat exploratoire", lui offrant la possibilité d'effectuer ses propres consultations à la recherche d'une majorité.

Il peut aussi donner ce type de mandat à une tierce personne, unanimement respectée, susceptible d'obtenir un large soutien parlementaire, comme l'ex-juge anti-mafia Pietro Grasso (PD), qui vient d'être élu à la présidence du Sénat grâce à l'adjonction de voix des disciples de Grillo.

Un tel gouvernement, transitoire ou technique serait chargé vraisemblablement de conduire le pays jusqu'à de nouvelles élections, en changeant la loi électorale, principale cause de l'impasse actuelle.

Dans tous les cas de figure, le gouvernement de Mario Monti reste en charge et expédie les affaires courantes tant qu'un nouveau gouvernement n'a pas prêté serment.

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