Monténégro : élection présidentielle sur fond de crise économique

Le chef de l'État sortant Filip Vujanovic était favori dimanche à la présidentielle au Monténégro, une victoire qui confirmerait l'emprise depuis plus de vingt ans de son parti qui promet de redresser la situation économique par une adhésion rapide à l'Union européenne.

Selon les sondages, M. Vujanovic - qui brigue son troisième mandat consécutif à la tête de cette ex-république yougoslave - est crédité de 55% des voix face à Miodrag Lekic, ancien ministre des Affaires étrangères et unique candidat de l'opposition.

MM. Vujanovic et Lekic, seuls candidats en lice, briguent un mandat de cinq ans à la présidence, dont les prérogatives sont essentiellement protocolaires.

Par une journée froide, inhabituelle pour cette période de l'année, Dejan Nuculovic, ne dissimule pas son choix pour le président sortant, dont le visage sourit sur des affiches dans le centre-ville avec pour slogan: "En avant ! Filip VUjanovic, le président de tous les citoyens". "J'ai voté pour un renforcement de notre État. J'ai voté Vujanovic dont l'action politique va nous conduire dans l'Union européenne", a dit ce commerçant âgé d'une quarantaine d'années.

En revanche, Vukasin Bacovic, compte sur une victoire du candidat de l'opposition "pour mettre fin à la corruption qui ronge le Monténégro depuis tant d'années". "Lekic est un grand adversaire de la corruption. Si Dieu le veut et il est élu, cette situation dont on a assez, va changer", a estimé ce retraité.

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Filip Vujanovic le 7 avril 2013 à Cetinje

[Savo Prelevic / AFP]

 

S'il est élu, M. Vujanovic promet un Monténégro "démocratique et développé, où les citoyens vivront mieux, un bon voisin et partenaire fiable dans la région et, surtout, un État intégré prochainement au sein de l'UE et de l'Otan".

Podgorica, qui a proclamé son indépendance de la Serbie lors d'un référendum en 2006, a ouvert ses négociations d'adhésion au bloc des 27 en juin 2012 et souhaite également intégrer rapidement l'Otan. M. Lekic, qui partage ces objectifs, a essentiellement axé sa campagne sur une lutte sans pitié contre le crime organisé et la corruption.

En 2012, la Commission européenne a constaté que le Monténégro devait "mieux faire" dans les domaines de l'État de droit et de la lutte contre le crime organisé et la corruption.

M. Vujanovic, dont le mandat expire en mai, brigue un troisième mandat après avoir été élu une première fois en 2003 - avant l'indépendance du pays et alors que le Monténégro faisait partie de l'État Serbie-Monténégro -, et une deuxième fois en 2008.

Sa popularité repose en grande partie sur son alliance avec l'homme fort du Monténégro, aujourd'hui Premier ministre et architecte de l'indépendance du pays, Milo Djukanovic.

Dans le camp du Parti démocratique des socialistes (DPS, gauche) de MM. Djukanovic et Vujanovic, l'enjeu du scrutin sera de confirmer sa victoire aux législatives d'octobre 2012 dont le gouvernement a été chargé de mener à bien les négociations d'adhésion à l'UE.

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Miodrag Lekic le 1er avril 2013 à Podorica

[Savo Prelevic / AFP/Archives]

 

La campagne électorale a été terne, les candidats n'ayant pas convaincu de l'importance du scrutin. "Ils n'ont pas offert suffisamment d'arguments qui aurait pu inciter les électeurs à venir voter", a estimé l'analyste Zlatko Vujovic.

La situation économique n'a cessé de se dégrader dans ce pays de 680.000 habitants où le salaire mensuel moyen de 480 euros permet à peine de subvenir aux besoins et où le chômage touche 20% de la population. La dette publique représente 51% du PIB et les projections de croissance pour 2013 sont de 2,5%.

Quelque 511.000 électeurs sont appelés aux urnes lors de ce scrutin qui s'est ouvert à 05H00 GMT. Les bureaux de vote fermeront à 18H00 GMT et les premiers résultats sont attendus dimanche tard dans la soirée.