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La contestation prend de l’ampleur en Turquie

[AFP]

Des banderoles, des chants hostiles au pouvoir… Des milliers de manifestants ont investi hier, pour la cinquième journée consécutive, la place Taksim d’Istanbul. Les premiers rassemblements, violemment réprimés, ont donné naissance à un vaste mouvement hostile au gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan.

Et la contestation, émanant au départ d’une jeunesse aspirant à davantage de libertés, semble s’installer dans la durée, touchant désormais l’ensemble des villes du pays.

Hier, l’un des principaux syndicats, la Confédération des syndicats du secteur public (Kesk), rejoignait le mouvement, appelant à deux jours de grève. «La terreur exercée par l’Etat contre des manifestations totalement pacifiques se poursuit de telle façon qu’elle menace la vie des civils», a ainsi jugé la centrale, alors que la mort d’un jeune manifestant, touché par une balle d’origine inconnue, avait été annoncée la nuit précédente.

 

Une demande de liberté

La répression policière des premiers jours a servi de catalyseur à la colère contre le Premier ministre Erdogan, accusé de dérive autoritaire et soupçonné de vouloir islamiser la société. «Ce mouvement ressemble davantage à mai 1968 en France qu’au Printemps arabe, estime Ali Kazancigil, codirecteur de la revue géopolitique Anatoli. C’est un mouvement très profond, lancé par les jeunes et qui rassemble désormais des gens de tous âges, qui veulent plus de liberté

Dans un pays qui a connu une forte croissance ces dernières années, où la classe moyenne est désormais majoritaire et où près de 80 % de la population vit en zone urbaine, l’intrusion du pouvoir dans la vie privée passe de plus en plus mal.

Les nouvelles restrictions à la consommation et à la vente d’alcool, qui doivent entrer en vigueur dans les prochains mois, sont ainsi perçues comme une menace pour les libertés individuelles.

 

Erdogan en mauvaise posture

La destruction annoncée du parc Gezi, à Istanbul, au profit d’un centre commercial et d’une mosquée a ainsi été vécue comme un symbole de la volonté du pouvoir islamiste de contrôler la société.

Le parc est situé à proximité de ce qu’on surnomme «la zone libérée», le quartier de Beyoglu où on peut croiser des femmes en minijupe et des couples homosexuels.

Face à la contestation, Recep Tayyip

Erdogan, parti en tournée au Maghreb, apparaît fragilisé. «Le fait qu’il quitte le pays à un moment aussi important montre qu’il est totalement déconnecté de la société», estime Ali Kazancigil. En son absence, des dissenssions sont apparues au sein même de son gouvernement.

Son vice-Premier ministre, Bülent Arinç, a présenté ses excuses aux manifestants victimes de violences, ajoutant que son son gouvernement «respecte […] les différents modes de vie» des Turcs. Le président Abdullah Gül a estimé pour sa part qu’il était «tout à fait naturel d’exprimer des opinions différentes». Un ton qui tranche avec l’intransigeance d’Erdogan, persuadé que «le calme régnera» à son retour.

 

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