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Aube dorée, un parti dirigé par un disciple des colonels

Des membres d'Aube dorée manifestent devant le consulat de Turquie à Thessalonique, le 28 juin 2012 [Sakis Mitrolidis / AFP/Archives] Des membres d'Aube dorée manifestent devant le consulat de Turquie à Thessalonique, le 28 juin 2012 [Sakis Mitrolidis / AFP/Archives]

Un admirateur de la dictature de la fin des années 1960 et sa femme, une ancienne secrétaire qui représente la Grèce au Conseil de l'Europe, tiennent les rênes du parti néonazi Aube dorée, dont un membre présumé est accusé du meurtre d'un musicien antifasciste.

Affublé par la presse du sobriquet de "Führer" grec, Nikos Michaloliakos, 56 ans, le chef de Chryssi Avghi (Aube dorée), est un homme tout en rondeur et à la voix fluette, qui a été formé au contact de l'ancien colonel dictateur Georges Papadopoulos en prison, où il a fait deux séjours pour violences en 1976 et 1978.

Ces condamnations lui ont valu d'être radié de l'armée, où il suivait une formation de lieutenant.

Mais tout comme son épouse Eleni Zaroulia, il a aujourd'hui pleinement sa place sur l'échiquier politique grec, depuis qu'il a été élu député en juin 2012, avec 16 autres candidats d'Aube Dorée, mettant à profit la grave crise économique, un chômage galopant et le discrédit croissant de la classe politique traditionnelle.

Le parti néonazi, qui est accusé de multiples agressions et provocations à caractère raciste, avait ainsi fait une entrée fracassante au Parlement grec, qui compte 300 sièges.

Sa femme Eleni, qui s'est montrée au Parlement portant une bague en forme de croix de fer, a été reconduite par le gouvernement en janvier dernier à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, en tant que déléguée à la Commission sur l'égalité et la non-discrimination.

Des partisans d'Aube dorée chantent l'hymne grec le 17 juin 2012 à Thessalonique [Sakis Mitrolidis / AFP/Archives]
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Des partisans d'Aube dorée chantent l'hymne grec le 17 juin 2012 à Thessalonique
 

La coalition droite gauche au pouvoir à Athènes s'était engagée à empêcher sa reconduction à ce poste, mais elle n'en a finalement rien fait.

Propriétaire, selon les médias grecs, d'une maison de prostitution à Athènes, elle avait provoqué un incident parlementaire en octobre, qualifiant les immigrés de "sous-hommes" ayant "envahi" la Grèce, et la contaminant "avec toutes les maladies qu'ils trimballent".

Depuis l'assassinat, le 18 septembre, d'un rappeur antifasciste par un militant d'Aube dorée, dans une banlieue proche d'Athènes, le mouvement néonazi a adopté un profil bas, et les descentes de police dans des locaux du parti se sont multipliées.

D'importantes manifestations ont dénoncé jours après jours une "montée du fascisme" dans le pays, plaçant Aube dorée dans la ligne de mire du gouvernement.

 

Démissions en bloc

 

Dans cette situation délicate, Nikos Michaloliakos a laissé planer le doute, jeudi soir, d'une démission en bloc des députés du parti.

"Nous allons épuiser tous les moyens pour défendre notre honneur politique, dans le cadre des droits constitutionnels", a déclaré aux médias le chef du parti Nikos Michaloliakos, en sortant du Parlement.

Un tel coup politique pourrait provoquer une campagne électorale pour une série d'élections partielles, au moment où la fragile coalition gouvernementale négocie avec les bailleurs de fonds internationaux une nouvelle tranche d'aide d'un milliard d'euros pour sortir le pays de la crise.

Désigné au temps de la dictature par M. Papadopoulos pour diriger la section de jeunesse du parti d'extrême droite EPEN, Nikos Michaloliakos a fondé Aube dorée en 1980, et n'en a pas quitté la direction depuis.

Il a été élu pour la première fois en 2010, comme conseiller municipal d'Athènes, une époque où les télévisions le filmaient faisant le salut fasciste à ses opposants de gauche.

Pendant des années, le parti a glorifié Adolf Hitler, qualifié de "visionnaire de la nouvelle Europe", selon un texte du parti déniché en mai par un député de gauche.

La rhétorique du parti s'est ensuite adaptée, se concentrant sur un double combat contre l'immigration et les coupes claires, dans les salaires et les postes de fonctionnaires, exigées par ses créanciers internationaux pour sauver financièrement la Grèce.

Mais en mai 2012, M. Michaloliakos a de nouveau nié l'existence des chambres à gaz, et qualifié Hitler de "figure historique majeure du XXe siècle".

"Il n'y a pas eu de fours crématoires. C'est un mensonge. et pas de chambres à gaz", a-t-il déclaré à la chaîne de télévision Mega.

Avant le meurtre du rappeur antifasciste, Aube dorée, qui organise régulièrement des distributions alimentaires aux "Grecs de souche" frappés par la crise, était crédité de jusqu'à 13% des intentions de vote. Mais depuis ce drame, le parti a chuté de plusieurs points dans les sondages.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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