En direct
A suivre

Aube dorée : nombreuses "actions criminelles" mises à jour

Des militants du parti néonazi Aube Dorée manifestent à Athènes en soutien à leurs dirigeants arrêtés, le 28 septembre 2013 [ / AFP/Archives] Des militants du parti néonazi Aube Dorée manifestent à Athènes en soutien à leurs dirigeants arrêtés, le 28 septembre 2013 [ / AFP/Archives]

Des témoignages d'ex-militants d'Aube dorée et un rapport judiciaire, publiés lundi, mettent au jour de nombreuses "actions criminelles" du parti néonazi grec, dont des opérations coordonnées de tabassages d'immigrés pakistanais.

Le parti néonazi, dont le chef et les principaux lieutenants ont été arrêtés le week-end dernier, avait constitué des "milices d'assaut", selon le rapport judiciaire du vice-procureur de la cour suprême, Charalambos Vourliotis, consulté par l'AFP.

Ces dernières années, ces milices s'en prenaient en particulier "aux migrants pakistanais", ont révélé les témoignages devant la justice de deux ex-membres du parti, cités par le rapport judiciaire.

"J'ai participé à plusieurs reprises à des actions où prenaient part 50 à 60 motos, avec deux personnes sur chacune. Celui qui était à l'arrière tenait un bâton avec le drapeau grec et frappait tous les Pakistanais qu'il rencontrait", a révélé un de ces ex-militants.

Selon le rapport judiciaire, ce parti dispose d'une "structure strictement hiérarchisée, le dirigeant étant tout puissant selon le système mis en place par Hitler, le Führerprinzip. (...) Aube dorée a commencé ces attaques en 1987, tout d'abord contre des immigrés et ensuite contre des Grecs".

Évoquant l'idéologie raciste de cette formation, le vice-procureur souligne que "pour les membres du parti, ceux qui n'appartiennent à la +tribu+ sont des sous-hommes. Dans cette catégorie figurent les migrants, les Roms, ainsi que les handicapés".

Il précise qu'Aube dorée, "dont les membres bénéficient d'un entraînement de type militaire, surtout dans des régions de l'Attique (agglomération d'Athènes) (...) a commis des dizaines d'actions criminelles" dont "deux homicides volontaires, trois tentatives d'homicide, et de nombreuses attaques contre des immigrés".

"Le phénomène le plus inquiétant est le recrutement de mineurs pour former des organisations de jeunes militants".

"La goutte d'eau qui a fait déborder le vase a été quand ils ont tiré avec des armes contre deux Pakistanais. L'un a réussi à s'enfuir mais l'autre a été rattrapé, violemment battu à coups de pieds dans la tête. Les agresseurs disaient: +On frappe un pénalty+ ou +Peut-être qu'il est mort+", a déclaré un des ex-militants.

Selon ces témoins placés par la justice en "situation de témoins protégés", "il y avait des stylets, des matraques et des couteaux dans des locaux du parti".

Crise des valeurs

La police a poursuivi lundi ses perquisitions dans des locaux d'Aube doré et recherchait des caches d'armes, après les arrestations ce week-end de son dirigeant et fondateur, Nikos Michaloliakos, de six des 18 députés du parti, et d'une quinzaine de ses membres.

Sur la base du rapport de M. Vourliotis, la justice a ouvert ce week-end des poursuites pénales contre les personnes arrêtés, en particulier pour "constitution d'organisation criminelle" et "port illégal d'armes".

Cette vague d'arrestations est intervenu dix jours après le meurtre d'un militant antifasciste par un néonazi membre d'Aube dorée.

Le meurtre le 18 septembre, dans la banlieue sud-ouest d'Athènes, du musicien antifasciste Pavlos Fyssas, a bouleversé l'opinion publique et a contraint le gouvernement à agir contre Aube dorée, qui jusque-là bénéficiait d'une quasi-impunité.

Surfant sur la grave crise économique et sociale en Grèce, ce parti est entré au Parlement pour la première fois lors des élections de juin 2012, après avoir agi en groupuscule clandestin pendant plus de deux décennies.

Le député d'Aube dorée, Christos Pappas, arrêté à Athènes, le 29 septembre 2013 [ / AFP/Archives]
Photo
ci-dessus
Le député d'Aube dorée, Christos Pappas, arrêté à Athènes, le 29 septembre 2013
 

A la suite d'un rapport du ministre de l'Ordre public, Nikos Dendias, selon lequel l'action d'Aube dorée "mine l'Etat de droit et porte atteinte aux droits de l'Homme, à la sécurité nationale et à la tradition démocratique", une vaste enquête judiciaire est en cours depuis la semaine dernière.

Parallèlement, le gouvernement de coalition droite-socialistes, qui ne dispose que d'une fragile majorité de 4 sièges au Parlement monocaméral, soit 155 sièges sur les 300, envisage l'interruption du financement de ce parti par l'Etat, selon la presse.

"Le gouvernement a la volonté de surmonter non seulement la crise mais aussi la crise des valeurs en Grèce", a affirmé lundi à la télévision le vice-président du gouvernement, Evangélos Vénizélos.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités