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Venezuela: une dévaluation inévitable, malgré la promesse du président

Le président vénézuélien Nicolas Maduro à Caracas, le 15 janvier 2014 [Leo Ramirez / AFP] Le président vénézuélien Nicolas Maduro à Caracas, le 15 janvier 2014 [Leo Ramirez / AFP]

La promesse du président vénézuélien de ne pas dévaluer la monnaie locale cette année est irréalisable dans le contexte économique actuel au Venezuela, qui conjugue inflation endémique et blocage du secteur productif, estiment des analystes jeudi.

Dans son discours annuel de politique générale devant le Parlement, le président Nicolas Maduro s'est engagé mercredi soir à maintenir le taux de change de 6,3 bolivares pour un dollar "pendant toute l'année et même au-delà", malgré l'envolée du billet vert au marché noir.

Les analystes jugent pour leur part qu'une dévaluation est inévitable pour faire baisser la pression sur le marché parallèle, alléger le déficit fiscal et freiner la pénurie de devises qui affecte le secteur productif vénézuélien, après 11 ans de strict contrôle des changes.

"Ce taux de change n'est pas viable et insoutenable dans le temps (...), l'économie est aux abois, elle s'effondre parce que ce qui est annoncé génère plus d'incertitudes", affirme ainsi à l'AFP l'économiste Jesus Casique.

Toutefois, le vice-président Jorge Arreaza a répété jeudi à la télévision officielle VTV que ce taux était "indiscutable" pour les secteur prioritaires, comme l'alimentation ou les fournitures pour le secteur industriel.

Pour M. Casique, les dollars officiels seront distribués au secteur public "au détriment du privé", qui devra se fournir via un système complémentaire basé sur des enchères, au prix moyen de 11,3 bolivares.

"Ils vont donner des dollars à 6,3 bolivares à certains privilégiés", mais le gouvernement "nous montre déjà à qui il va distribuer ces devises", regrette Jorge Roig, président de la fédération patronale Fedecámaras.

Le président vénézuélien Nicolas Maduro (g) et Rafael Ramirez,  ministre du Pétrole et président de la compagnie pétrolière publique du Venezuela (PDVSA), le 5 août 2013 à Caracas [Leo Ramirez / AFP/Archives]
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Le président vénézuélien Nicolas Maduro (g) et Rafael Ramirez, ministre du Pétrole et président de la compagnie pétrolière publique du Venezuela (PDVSA), le 5 août 2013 à Caracas

M. Roig insiste sur l'urgence pour le gouvernement à prendre des décisions certes coûteuses politiquement, en référence à une dévaluation, qui augmenterait encore l'inflation (déjà à plus de 56% en 2013) dans un premier temps, mais qui soulagerait les comptes publics et ferait baisser le dollar parallèle, qui cote à plus de 10 fois le taux officiel.

Envolée des prix

Le Venezuela a besoin de "solutions globales par un paquet de mesures économiques que tôt ou tard (les autorités) vont devoir prendre", ajoute-t-il.

Dans la même ligne, l'analyste politique Luis Vicente Leon considère que l'Exécutif ne peut pas se permettre de continuer à "subventionner massivement toutes les importations du pays", en maintenant un prix artificiellement bas pour le dollar, en raison de la pénurie de devises dans ce pays disposant pourtant des plus importantes réserves de pétrole au monde.

La compagnie pétrolière publique PDVSA est à l'origine de 95% des devises qui rentrent dans le pays.

Nicolas Maduro a pourtant garanti mercredi que le pays "disposait des devises suffisantes pour maintenir" le taux de 6,3 bolivares pour un dollar et pour soutenir les mesures visant à contrecarrer le marché des changes parallèle.

Afin de tenter de limiter l'envolée des prix, le président a imposé fin 2013 plusieurs mesures économiques, dont la limitation des bénéfices des opérateurs privés et la baisse forcée des tarifs de nombreux produits. Début janvier, il a annoncé la hausse de 10% du salaire minimum afin de limiter les effets de l'inflation.

Jesus Casique n'écarte pas pour sa part des "micro-dévaluations" pour certains secteurs et assure que les engagements du président Maduro ne résisteront pas à la hausse de l'inflation.

"Ils feront des dévaluations implicites, ce qui n'a aucune logique puisque ça n’octroie aucune compétitivité dans la région. Le mieux aurait été de dévaluer", souligne l'économiste.

La dernière dévaluation officielle remonte à début 2013, quand le bolivar était passé de 4,3 à 6,3 pour un dollar.

Les analystes espèrent également que l'Etat apurera ses dettes en devises envers le secteur productif, estimées à neuf milliards de dollars.

Mais "cette dette ne sera jamais payée à 6,3 bolivares" par billet vert, avertit l'économiste Luis Oliveros.

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