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L'Occident fait pression

Des soldats près d'un camion militaire de fabrication russe le 2 mars 2014 dans le port de Feodosiya en Crimée [Viktor Drachev / AFP] Des soldats près d'un camion militaire de fabrication russe le 2 mars 2014 dans le port de Feodosiya en Crimée [Viktor Drachev / AFP]

Entre menaces d'isolement et main tendue, l'Occident cherchait lundi une solution diplomatique avec la Russie alors que des commandos armés pro-russes ont pris de fait le contrôle de la Crimée, une intervention qui a semé un vent de panique sur les marchés financiers russes.

 

La Russie avançait par ailleurs ses pions dans d'autres régions ukrainiennes. Quelque 300 manifestants pro-russes ont pris d'assaut dans l'après-midi l'administration régionale de Donetsk (est de l'Ukraine), fief du président déchu Viktor Ianoukovitch.

Face à l'un des plus graves conflits entre l'Occident et la Russie depuis la chute du mur de Berlin en 1989, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé lundi à garantir "l'indépendance, l'unité et l'intégrité territoriale de l'Ukraine", exhortant la Russie à "s'abstenir de tout acte qui pourrait mener à une nouvelle escalade".

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, à Genève le 3 mars 2014 [Fabrice Coffrini / AFP]
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Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, à Genève le 3 mars 2014
 

Les autorités ukrainiennes ont accusé la Russie de continuer à faire arriver massivement des militaires en Crimée, avec l’atterrissage en 24 heures de dix hélicoptères de combat et huit avions de transport, sans que l'Ukraine ne soit prévenue, contrairement aux accords entre les deux pays qui prévoient que Kiev soit informé 72 heures à l'avance de tels mouvements de troupe.

La Russie a déjà augmenté de 6.000 soldats sa présence en Crimée, péninsule du sud de l'Ukraine, qui abrite la flotte russe de la mer Noire, d'après le ministère ukrainien de la Défense.

Moscou a désormais un "contrôle opérationnel complet" sur la Crimée, a estimé dimanche à Washington un responsable américain, sous couvert de l'anonymat. Lundi, toutes les bases militaires ukrainiennes étaient encerclées par des soldats non-identifiés agissant pour le compte des autorités pro-russes, selon le ministère ukrainien de la Défense.

En déplacement à Kiev, le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a mis en garde la Russie sur le "prix à payer" pour son action en Ukraine, après avoir rencontré les nouvelles autorités au pouvoir après la destitution le 22 février du président Viktor Ianoukovitch.

 

- Moscou devra payer le prix de son action -

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov le 3 mars 2014 à Genève [Fabrice Coffrini / AFP]
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Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov le 3 mars 2014 à Genève
 

"Cela ne peut pas être la manière dont les relations internationales doivent se régler au XXIe siècle. Ce n'est pas acceptable et il y aura des conséquences et un prix à payer", sur le plan économique et diplomatique, a-t-il jugé.

Déjà, les marchés financiers russes étaient inquiets des conséquences sur l'économie déjà chancelante de la Russie des possibles sanctions qui pourraient être imposées à Moscou, évoquées par le secrétaire d'Etat américain John Kerry dimanche.

La Bourse de Moscou chutait de plus de 11% vers 13H40 GMT, entraînant dans son sillage d'autres places européennes. Le rouble a pour sa part atteint des records historiques de faiblesse face à l'euro et au dollar, contraignant la banque centrale de Russie à annoncer une hausse surprise de son taux directeur à 7%, contre 5,5% auparavant.

A Genève, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a dénoncé lundi les menaces de "sanctions" et de "boycottage" et justifié l'action de la Russie en Ukraine, jugeant que les ultranationalistes menaçaient "la vie et les intérêts régionaux des Russes et des populations parlant russe".

Son ministère a été plus direct encore, jugeant dans un communiqué "inadmissibles" les menaces de M. Kerry, qui doit se rendre mardi à Kiev pour réaffirmer le "soutien fort des Etats-Unis à la souveraineté, l'indépendance et l'intégrité territoriale de l'Ukraine". Il sera précédé par le numéro deux de l'ONU, Jan Eliasson.

Dimanche, les dirigeants des pays les plus industrialisés ont annoncé la suspension de leurs préparatifs en vue du sommet du G8 à Sotchi (Russie) en juin.

Des observateurs de l'OSCE (Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe)devaient se rendre lundi soir en Ukraine, pour "établir des faits neutres et une évaluation concrète de la situation sur le terrain", a annoncé la secrétaire d’État adjointe américaine pour l'Europe, Victoria Nuland. L'envoi d'une mission de l'organisation internationale, réclamée par les Etats-Unis, doit toutefois encore être décidée.

Une équipe du Fonds monétaire international (FMI) doit de son côté arriver mardi à Kiev pour discuter d'un plan d'aide avec les nouvelles autorités qui ont requis l'assistance financière de l'institution.

Jouant la carte de l'apaisement, le porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel a indiqué que cette dernière estimait qu'il n'était "pas trop tard" pour trouver une solution politique à la crise en Ukraine, et qu'il n'y avait "pas d'option militaire".

Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk et le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague le 3 mars 204 à Kiev [Andrew Kravchenko / Service de presse du Premier ministre/AFP]
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Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk et le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague le 3 mars 204 à Kiev
 

La veille, Mme Merkel s'est entretenue par téléphone avec M. Poutine qui lui a assuré que la réponse de la Russie à "la menace constante d'actes violents de la part des forces ultranationalistes (...) était totalement adaptée". Il avait néanmoins accepté la création d'un "groupe de contact" pour entamer "un dialogue politique" sur l'Ukraine.

 

- Défection du chef de la marine ukrainienne -

 

L'Otan a, elle, appelé dimanche Moscou et Kiev à rechercher une "solution pacifique" à la crise à travers le "dialogue" et le "déploiement d'observateurs internationaux", selon son secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen.

"La Russie ne veut pas la guerre avec l'Ukraine", a répondu dimanche soir le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Grigori Karassine.

Sur le terrain, la situation restait tendue en Crimée entre les deux camps, même si aucun affrontement n'a été rapporté dans cette péninsule russophone du sud de l'Ukraine.

Plusieurs sites stratégiques de la péninsule, bases militaires, aéroports ou bâtiments officiels ont fait l'objet de blocages par des hommes en armes, dont l'uniforme ne porte aucun signe distinctif mais qui sont selon toute vraisemblance des soldats russes.

Des hommes armés et cagoulés bloquaient lundi matin l'entrée au QG de la marine ukrainienne à Sébastopol pour empêcher le nouveau commandant nommé par Kiev d'y accéder.

Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a averti dimanche que l'Ukraine était au "bord du désastre" et accusé la Russie d'avoir déclaré la guerre à son pays.

 

Pourquoi la tension monte en Crimée ?

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