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L'ouvrier qui avait un Bonnard et un Gauguin chez lui "heureux d'avoir vécu" avec eux

Un carabinier près d'un tableau de Pierre Bonnard, "la femme aux deux fauteuils", une des deux peintures volées à Londres dans les années 1970 et retrouvées en Italie, à Florence le 2 avril 2014 [Andreas Solaro / AFP] Un carabinier près d'un tableau de Pierre Bonnard, "la femme aux deux fauteuils", une des deux peintures volées à Londres dans les années 1970 et retrouvées en Italie, à Florence le 2 avril 2014 [Andreas Solaro / AFP]

L'ouvrier italien, chez qui ont été retrouvés un Gauguin et un Bonnard volés dans les années 70 et achetés pour une bouchée de pain, s'est dit jeudi "fier" de son goût et "heureux d'avoir vécu si longtemps auprès de tels chefs-d'oeuvre".

Retrouvé par le quotidien la Stampa, l'homme, employé sur les chaînes de montage de la Fiat à Turin (nord-ouest) avant de prendre sa retraite en Sicile, confie qu'"avoir su apprécier et acheté deux chefs-d'oeuvre sans savoir qu'ils l'étaient, en tant que simple ouvrier, me rend très fier".

"Ce qui me réjouit le plus c'est d'avoir eu le plaisir de vivre aussi longtemps avec eux", ajoute l'ouvrier de 70 ans qui préfère rester anonyme par "peur" car "il y a trop d'argent en jeu".

Les toiles, "Fruits sur une table ou nature morte au petit chien", peinte par Paul Gauguin (1848-1903) en 1889, et "La femme aux deux fauteuils" de Pierre Bonnard (1867-1947), non datée, dévoilées mercredi à Rome, sont évaluées ensemble à plusieurs millions d'euros.

Le ministre italien de la culture Dario Franceschini dévoile le tableau "Fruits sur une table ou nature morte au petit chien" de Paul Gauguin, volé à Londres dans les années 1970 et présenté à Florence le 2 avril 2014 [Andreas Solaro / AFP]
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Le ministre italien de la culture Dario Franceschini dévoile le tableau "Fruits sur une table ou nature morte au petit chien" de Paul Gauguin, volé à Londres dans les années 1970 et présenté à Florence le 2 avril 2014

"J'ai toujours été curieux et passionné de peinture", explique le retraité. "Pendant que d'autres allaient au bar ou jouer aux cartes à peine sortis de l'usine, moi je courais les marchés, où les étudiants des Beaux-Arts vendaient leurs dessins et leurs cadres". "Deux fois par an", il se rendait aux enchères organisées par les chemins de fer.

C'est justement à l'une de ces ventes, en 1975, que l'ouvrier acquiert pour 45.000 lires (23 euros), ces tableaux, abandonnés dans un train après avoir été volés en 1970 au domicile d'une riche famille de Londres, les Marks-Kennedy, morts sans héritier.

"J'ai toujours acheté beaucoup de choses à ces ventes, mais dans mon coeur, ce sont toujours ces deux tableaux qui ont occupé la première place", confie encore le retraité, fier de les avoir achetés "moins cher que le prix de base" proposé à l'enchère et d'avoir "investi dans de belles choses".

"Nicolo", comme il se fait appeler dans le journal, a transmis son goût à ses fils, l'un diplômé des Beaux-Arts et l'autre étudiant en architecture.

C'est en feuilletant un catalogue de Bonnard que l'un d'eux remarque que le style du maître impressionniste ressemble fort à l'un des tableaux, dont il pensait qu'il était signé par un certain "Bonnato ou Bonnatto".

Des carabiniers près du tableau de Paul Gauguin, "Fruits sur une table ou nature au petit chien", volé à Londres dans les années 1970 et présenté à Florence le 2 avril 2014 [Andreas Solaro / AFP]
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Des carabiniers près du tableau de Paul Gauguin, "Fruits sur une table ou nature au petit chien", volé à Londres dans les années 1970 et présenté à Florence le 2 avril 2014

Du coup, il poursuit ses recherches avec le Gauguin, dont il remarque alors la signature - un chien - au bas de lettres du peintre français.

"Dire que ces tableaux ont failli partir à la poubelle! Mon père m'a raconté que personne n'en voulait aux enchères, il a fallu une deuxième vente, que le commissaire supplie presque pour que quelqu'un les achète", raconte l'étudiant en architecture à un site d'informations sicilien.

A présent, le jeune homme attend les conclusions de l'enquête mais n'exclut pas de les "donner à un musée", ou d'en vendre "un sur les deux", même s'il dit que son père "leur est beaucoup attaché".

Si le parquet de Rome conclut que le septuagénaire a acheté ces toiles "en toute bonne foi", dans l'ignorance du vol, il pourrait devenir très riche. Mais cette perspective effraie cet homme simple: "Les garder chez moi? Impossible!"

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