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A bord du train New Delhi-Calcutta, les espoirs et les frustrations des Indiens

Le train New Delhi-Calcutta, à bord duquel un reporter de l'AFP a interrogé les Indiens sur leurs attentes et leurs frustrations vis-à-vis du prochain gouvernement indien, le 7 mai 2014 [Chandan Khanna / AFP] Le train New Delhi-Calcutta, à bord duquel un reporter de l'AFP a interrogé les Indiens sur leurs attentes et leurs frustrations vis-à-vis du prochain gouvernement indien, le 7 mai 2014 [Chandan Khanna / AFP]

A bord du train reliant New Delhi à Calcutta (Kolkata de son nouveau nom), les voyageurs racontent au reporter de l'AFP leurs attentes envers le prochain gouvernement indien, à la veille du résultat des législatives. Ils disent aussi leurs frustrations et livrent leur opinion sur Narendra Modi, le nationaliste hindou favori pour devenir Premier ministre.

- Le vendeur de thé -

Enfant, Modi aidait son père, vendeur de thé et son histoire tranche avec l'enfance à l'ombre du pouvoir de son rival Rahul Gandhi, descendant de la dynastie Gandhi.

Une vieille femme circulant à bord du train new Delhi-Calcutta, le 7 mai 2014 [Chandan Khanna / AFP]
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Une vieille femme circulant à bord du train new Delhi-Calcutta, le 7 mai 2014

Aussi, alors qu'il sert un thé brûlant à ses clients sur le quai, Devdutt Sharma se réjouit à la perspective de voir Modi accéder au pouvoir.

"Si un vendeur de thé devient Premier ministre, c'est extraordinaire", dit Sharma, 55 ans, qui passe 18 heures par jour dans son échoppe de la gare d'Hathras, dans l'Uttar Pradesh, Etat le plus peuplé d'Inde.

Un vendeur de boissons le long du train New Delhi-Calcutta le 7 mai 2014 [Chandan Khanna / AFP]
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Un vendeur de boissons le long du train New Delhi-Calcutta le 7 mai 2014

Sharma, qui gagne environ 7,000 roupies (85 euros) par mois, place beaucoup d'espoirs dans la capacité de Modi de créer des emplois. Ses deux filles sont au chômage et ses trois garçons travaillent avec lui.

Mais prévient-il, "s'il n'y parvient pas, dans cinq ans les gens se détourneront de lui".

- La famille -

Abrar Ahmad et sa femme Hazra Begum souhaitent surtout une école et un système de santé dignes de ce nom pour leur famille.

Depuis dix ans au pouvoir, le parti du Congrès a développé les programmes sociaux à destination des couples tels que les Ahmad, habitants de Farrukhabad (Uttar Pradesh), mais les manques restent criants.

Le couple se rend dans la ville d'Aligarh en quête d'un médecin pour soigner l'oeil de leur fils de deux ans.

"Il n'y a aucun bon médecin là où nous vivons", explique Hazra, 25 ans, qui peine à joindre les deux bouts pour élever ses trois jeunes enfants dans sa cabane d'une seule pièce. Son mari gagne 15.000 roupies (180 euros) par mois comme homme à tout faire dans une administration.

Un couple et son bébé dans le compartiment climatisé du train New Delhi-Calcutta, à bord duquel un reporter de l'AFP a interrogé des Indiens sur leurs attentes et leurs espoirs vis-à-vis du prochain gouvernement [Chandan Khanna / AFP]
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Un couple et son bébé dans le compartiment climatisé du train New Delhi-Calcutta, à bord duquel un reporter de l'AFP a interrogé des Indiens sur leurs attentes et leurs espoirs vis-à-vis du prochain gouvernement

L'école a beau être gratuite pour les enfants de six à 14 ans, les Ahmad versent 400 roupies par mois pour des cours privés.

"Je ne veux pas ruiner l'avenir de mes enfants en les envoyant à l'école publique où les enseignants sont rarement présents", explique le jeune père de 28 ans.

Remontés contre le parti du Congrès, cette famille de musulmans s'inquiète cependant de voir un nationaliste hindou diriger le pays.

La réputation de Modi a été entachée par l'incapacité de son administration du Gujarat d'empêcher les émeutes sanglantes qui ont tué plus de 1.000 personnes, essentiellement musulmanes, en 2002.

"Ce qui s'est produit dans le Gujarat pourrait se répéter dans le reste du pays", estime Ahmad.

- La mère de famille -

Le Congrès a beaucoup misé sur son programme d'aide à l'alimentation de 18 milliards de dollars pour éradiquer la malnutrition en Inde chez les plus pauvres.

Mais la flambée des prix des denrées de base s'est fortement ressentie au sein de la classe moyenne.

"Tout est devenu hors de prix" dit Rekha Das, 53 ans (d), mère de famille indienne dans le train new Delhi-Calcutta, où elle circule le 7 mai 2014 avec son mari Sameer Das (61 ans) à ses côtés   [Chandan Khanna / AFP]
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"Tout est devenu hors de prix" dit Rekha Das, 53 ans (d), mère de famille indienne dans le train new Delhi-Calcutta, où elle circule le 7 mai 2014 avec son mari Sameer Das (61 ans) à ses côtés

"Le nouveau gouvernement devrait baisser les prix", estime Rekha Das, 53 ans, originaire de Kolkata (Calcutta). "Tout est devenu hors de prix", dit-elle.

"Celui qui accèdera au pouvoir devra créer des emplois et se concentrer sur l'éducation", ajoute cette mère de trois enfants qui peinent tous à trouver un emploi décent, leurs parents n'ayant pu leur payer d'études supérieures.

- L'entrepreneur -

Assis en première classe, où la couchette coûte 6.500 roupies (90 euros), l'homme d'affaires Mukul Mittal est un soutien déterminé de Modi.

"Ici il n'y a pas d'infrastructures, pas d'électricité, de mauvaises routes et des taux d'intérêt élevés" se plaint l'homme d'affaires Mukul Mittal, un soutien déterminé de Modi, le 7 mai 2014, à bord du train New Delhi-Calcutta  [Chandan Khanna / AFP]
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"Ici il n'y a pas d'infrastructures, pas d'électricité, de mauvaises routes et des taux d'intérêt élevés" se plaint l'homme d'affaires Mukul Mittal, un soutien déterminé de Modi, le 7 mai 2014, à bord du train New Delhi-Calcutta

Mittal, qui dirige une entreprise d'ameublement, dit avoir perdu tout espoir dans le Congrès, estimant qu'en Chine un gouvernement communiste en fait plus pour aider les entreprises.

"En Chine, le gouvernement est ouvert et favorable aux entreprises", dit Mittal.

"Ici il n'y a pas d'infrastructures, - pas d'électricité, de mauvaises routes, des taux d'intérêt élevés. La politique dans ce pays est à côté de la plaque", ajoute-t-il alors que le train arrive dans le Bihar, l'un des Etats les plus pauvres.

Modi a fait campagne sur le bilan économique de son Etat, le Gujarat, qu'il dirige depuis 2001, vantant une bureaucratie efficace. L'homme d'affaires souhaite que le dirigeant du BJP réplique la même recette au niveau national.

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