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L’Australie au secours des koalas de Cap Otway

"Si nous n'intervenons pas, ils vont mourir douloureusement". [GREG WOOD / AFP]

À la fin de la semaine se clôturera la plus large intervention gouvernementale afin de venir en aide aux koalas de Cap Otway qui sont victimes d’une famine sans précédent.

 

Les koalas de Cap Otway, dans l’état de Victoria en Australie, sont deux fois plus gros que ceux de la communauté du Queensland. Ils pèsent environ quatorze kilos et se nourrissent uniquement de feuilles d’Eucalyptus.

Malheureusement, les habitants de la région assistent à un spectacle bien triste depuis plusieurs mois : ces koalas meurent de faim. En 2013, on comptait plus de 8 000 koalas, une communauté trop grande par rapport à ce que peuvent fournir les arbres de la région en feuilles d’Eucalyptus.

"Les koalas aiment tellement les feuilles d’Eucalyptus qu’ils s’installent sur un arbre et mangent toutes les feuilles jusqu’à la dernière, sans même penser à changer d’espèce de plante", décrit Peter Menkhorst de l’Institut Arthur Rylah. "On ne devrait trouver qu’un koala par hectare mais à certains endroits nous en avons trouvé entre quinze et vingt sur un seul arbre", expliquait au Guardian Jim O’Brien du Département de l’Environnement, de la Terre, de l’Eau et de la Planification.

Entre 2013 et 2014, sept cents koalas auraient été secrètement abattus à cause de leur surnombre. Afin d’éviter un massacre total de la population, le gouvernement australien a régulièrement mené d’importantes interventions pour contrôler la santé des koalas, stériliser les femelles et euthanasier ceux qui n’ont plus la force de vivre dans la nature.

 

Des koalas adorés par les touristes

À Cap Otway, Frank Fotinas, directeur du camp de camping Bimbi accueille chez lui l’équipe de scientifiques qui s’occupe des contrôles de koalas. Il décrit aux journalistes du Guardian les visions d’horreur quotidiennes :

"Les arbres ont commencé à mourir et le nombre de koalas a lourdement chuté. J’en enterrais partout parce qu’ils se décomposaient, l’odeur était atroce. Il y en avait des dizaines et des dizaines aux pieds des arbres".

Bien que les koalas fassent le bonheur des touristes qui passent chez Frank Fotinas, ce dernier comprend tout à fait la nécessité d’une telle intervention : "Il faut faire quelque chose ou la forêt mourra et il n’y aura plus du tout de koalas. (…) Ce qui est cruel c’est de regarder les koalas mourir de faim, de les voir pousser leurs bébés des arbres parce qu’il n’y a rien à manger pour eux".

 

L’intervention gouvernementale doit sauver la faune locale

Épaules, jambes et dents sont inspectées par les scientifiques. Il est possible qu’un koala n’ayant pas une bonne dentition et dont la condition physique est médiocre soit euthanasié. Pendant ces quinze jours, seulement vingt-huit koalas ont été tués sur les cent cinquante et un examinés. Les petits dont les parents sont euthanasiés sont envoyés dans des sanctuaires sauvages où ils apprennent à vivre dans la nature.

Les scientifiques testent actuellement une nouvelle méthode. Ils implantent des colliers GPS à certains koalas pour pouvoir suivre leur comportement. Certains koalas sont renvoyés à Cap Otway tandis que d’autres sont envoyés dans un nouvel environnement.

"Les feuilles d’Eucalyptus sont rares dans le nouvel endroit où ils sont envoyés. Ils vont devoir s’intéresser à une autre plante. Nous savons qu’ils sont capables de changer leur régime alimentaire", explique Peter Menckhorst.

"Si nous n’intervenons pas, ils vont mourir douloureusement. J’aime les animaux mais je crois en ce que nous faisons ici (à Bimbi). Nous faisons quelque chose qui fera la différence", confit Jim O’Brien.

Si le gouvernement et les scientifiques semblent avoir accordé leurs violons, ce n’est pas le cas de la Fondation australienne pour les koalas qui a envoyé une lettre à la ministre de l’Environnement de l’état de Victoria, Lisa Neville, pour lui demander de réexaminer les conséquences de l’intervention des scientifiques.

"Ils font simplement un exercice de communication, ils n’ont aucun plan sur le long-terme pour les koalas de Victoria. Attendez un peu, bientôt les trente-six koalas délocalisés auront leurs propres pages Facebook pour montrer à tout le monde qu’ils ont eu leurs fins heureuses", critique Deborah Tabart, directrice de la fondation.

 

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