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Les larmes de l’Europe, les sourires de l’Euro, par Philippe Labro

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste.[THOMAS VOLAIRE]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour Direct Matin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

MERCREDI 22 JUIN

En ce jour où les volte-face, allers-retours – «j’interdis, je n’interdis pas» –occupaient les médias, je m’apprêtais à essayer d’oublier, précisément, les informations d’ordre politique. Je m’apprêtais à saluer le retour du soleil. Faut-il encore le faire ? Pourquoi pas ? Chacun sait que la lumière joue un rôle capital dans notre vie quotidienne.

Ce supplément d’énergie, de sourire, cette occasion de s’arrêter un instant à une terrasse pour un verre avec un ou une ami(e), cette indéfinissable sensation, sinon de bien-être, du moins de «mieux-être». Il avait tellement plu depuis quarante jours dans la plupart des régions de France, qu’on avait envie de réécrire la chanson de Gilbert Bécaud :«Le jour où la pluie cessera, Nous serons les plus heureux du monde.» Mais une chanson détournée n’est qu’une astuce fugace et erronée. Non, nous ne sommes pas, en ce moment, «les plus heureux du monde».

Nous avons vécu quatre mois de débats constants, entre le gouvernement et les manifestants contre l’adoption de la loi travail, nous avons assisté, accablés et exaspérés, aux violences dans les rues, et, parallèlement, nous avons continué de suivre les bisbilles et piqûres d’abeille entre les Juppé, Fillon, Le Maire et les autres candidats à la primaire de la droite. Et puis, il y a le reste du monde. Au Royaume-Uni, la question était : partir de l’Europe ou «remain» (rester, demeurer, maintenir) ?

L’émotion considérable dans l’opinion britannique, relayée par les médias, à la suite de la mort de Jo Cox, cette députée travailliste assassinée aux cris de «Britain first», a-t-elle fait basculer les choix des électeurs anglais, écossais, gallois et nord-irlandais ? Jo Cox, venue de nulle part – son père remplissait des tubes de dentifrice dans une modeste entreprise – eut le courage d’affronter le système de classes britannique.

Elle racontait avec un humour calme comment il lui avait été douloureux, dans la célèbre et huppée université de Cambridge, de confronter son parler, son accent, avec le langage différent des fils de bourgeois et d’aristocrates. Il arrive qu’un ton, un vocabulaire (ou son manque) marque, comme un panneau de sens interdit, la différence entre les classes sociales, les origines.

Elle avait bravé tout cela, Jo Cox, et elle avait été élue en 2015, à 40 ans. Son avenir était prometteur. Et puis, voici qu’un illuminé (sans doute influencé par une campagne de haine et de vindicte anti-Europe dont nous n’avons pas, en France, assez mesuré l’intensité et la démesure) a mis une fin cruelle à cette vie en devenir. Car Jo Cox était considérée comme une «rising star», une étoile montante, par ses pairs du Parlement – même par ceux qui n’étaient pas d’accord avec ses prises de position en faveur des migrants.

Elle possédait ce «quelque chose en plus», que l’on peut qualifier de charisme et que ses distingués collègues parlementaires étaient bien obligés de reconnaître. Ils sont tous venus la pleurer quelques jours après cet imprévisible assassinat. Le chagrin des gentlemen a-t-il pesé sur un vote crucial ? Existe-t-il un «poids des larmes ?»

JEUDI 23 JUIN

Le foot, le foot, le foot. Peut-on, et doit-on s’en lasser ? Non, pas encore ! Car c’est la «récré» nécessaire en ces temps de morosité, d’inquiétude, de division. Hubert Artus préface un petit livre :

La littérature marque des buts (Folio), une anthologie réunie par Stéphane Chomienne, des textes les plus divers sur le foot. Retenons cette phrase : «Une belle partie, c’est de l’intelligence en mouvement.» (André Maurois).

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