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Rio 2016 : la qualité de l’air ne répond pas aux standards de l’OMS

Derrière l'image de carte postale, l'air de Rio est irrespirable. Photo d'illustration. [CC / sandeepachetan.com travel photography]

L’air de la ville hôte des jeux olympiques d’été 2016 est beaucoup plus pollué et dangereux – voire mortel – que ce qu’en disent les autorités brésiliennes, selon une enquête réalisée par des journalistes de Reuters.

À quelques jours du coup d’envoi des JO, voici une nouvelle polémique dont le Brésil se serait volontiers passé. La qualité de l’air de la «cidade maravilhosa» («la ville merveilleuse») est non seulement inférieure aux normes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) mais Rio est la ville la plus polluée de l’histoire de la compétition après Pékin, en 2008, révèle une longue enquête de l'agence de presse Reuters publiée le 1er août.

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Pour arriver à cette conclusion, préoccupante, les journalistes de Reuters ont non seulement analysé les données officielles publiées par le gouvernement brésilien mais ont également effectué leurs propres tests. Il apparaît que, malgré la promesse des autorités brésiliennes de faire de Rio une ville plus propre afin de pouvoir accueillir les Jeux Olympiques, le taux de particules fines présent dans l’air dépasse nettement les normes imposées par l’OMS. La faute en revient essentiellement aux près de 3 millions de véhicules qui circulent dans une agglomération qui compte près de 12 millions d’habitants.

Selon l’Institut national brésilien pour l’environnement (INEA), de 2010 à 2014, la région métropolitaine de Rio avait une moyenne annuelle de 52 PM 10 par mètre cube d'air. On appelle PM 10 les particules inférieures à 10 microns. Pour l'OMS, la limite est de 20. Si l’INEA a refusé de communiquer aux journalistes les résultats des analyses pour les années 2015 et 2016, ces derniers sont allés plus loin et ont effectué fin juin 22 tests mesurant les PM 2,5, soit les particules fines inférieures à 2,5 microns. Réalisés dans le village olympique, sur la plage de Copacabana, ou a proximité du stade do Engenhão - qui doit accueillir les épreuves d'athlétisme - les résultats montrent également des taux de particules fines préoccupants.

Des conséquences pour les athlètes et surtout pour la population

Interrogée par Reuters, Jamie Mullins, professeur de Recherche économique à l'Université Amherst du Massachusetts (Etats-Unis) estime que pour chaque 10 unités de particules fines (PM 10) au-dessus de la limite autorisée, les athlètes voient leurs performances réduites de 0,2%. Les calculs du professeur Mullins se basent sur une vaste étude dans laquelle ont été analysés les performances de 656.000 athlètes américains pendant huit ans croisées avec la pollution de l'air et le climat enregistrés le jour de chaque compétition.

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Mais l'impact de la faible qualité de l'air de Rio est bien plus fort pour les Cariocas, les habitants de Rio, eux-mêmes. Ces derniers ont un risque accru de développer un cancer des poumons, de faire une crise cardiaque, un accident vasculaire cérébral, ou de développer de l'asthme, entre autres maladies.

Le pathologiste et professeur à l’Université d’Etat de São Paulo (USP), Paulo Saldivia, indique que les niveaux de particules fines présents dans l’air de Rio seraient responsables d’environ 5.400 décès en 2014, selon les dernières données disponibles. En comparaison, la criminalité tant redoutée à Rio de Janeiro génère moins de morts. L'année dernière 3.117 homicides ont ainsi été recensés.

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