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Un couple homosexuel risque 100 coups de bâton en public

La province d'Aceh, en Indonésie, applique ses propres lois inspirées de la charia. Photo d'illustration. [HAIDEER MAHYUDDIN / AFP]

Deux jeunes hommes originaires de la province d'Aceh (nord de l'Indonésie), accusés de relations homosexuelles, risquent 100 coups de bâton en public. 

Âgés de 20 et 23 ans selon l'agence de presse AP, les deux hommes ont été arrêtés le 28 mars dernier après que des inconnus se sont introduits de force dans la maison dans laquelle ils se trouvaient. 

La scène, bouleversante, a été filmée à l'aide d'un téléphone portable. On y voit l'un des deux hommes assis au sol, nu, giflé par l'un de ses bourreaux. Paniqué et désorienté, on peut l'entendre dire : «Mon frère, s'il te plaît, aide-moi, aide-moi. Ils nous ont attrapés» (sic) sans que l'on sache précisément à qui il s'adresse. 

Une humiliation qui a ensuite continué sur internet, la vidéo de leur calvaire ayant été abondamment relayée à travers tout le pays sur les réseaux sociaux. Conduits au commissariat islamique de Wilayatul Hisbah à Banda Aceh, la capitale de la province d'Aceh, située au nord de l'Indonésie, les deux hommes ont été accusés d'homosexualité et sont depuis détenus en attendant d'être condamnés. 

Ceux qui les ont dénoncés n'ont en revanche pas été inquiétés. En raison d’un statut particulier, la province d’Aceh permet en effet à de simples citoyens de dénoncer et de retenir toute personne soupçonnée de contrevenir à la charia, la loi islamique.

Et si la législation locale criminalisait déjà la consommation d’alcool, les jeux d’argent ou les relations extraconjugales, un nouveau code pénal spécifique à Aceh, introduit en 2014, vient également interdire les relations homosexuelles, que ce soit la «sodomie » ou les «actes lesbiens». 

Une peine comparable à de la torture

De ce fait, les deux hommes encourent 100 coups de bâton chacun en public. Une peine qui constituerait un acte de torture, selon Human Rights Watch qui réclame leur libération immédiate.

L'organisation de défense des droits de l'homme souligne d'ailleurs que ce châtiment corporel irait à l’encontre de toutes les lois internationales relatives à la torture, à la non-discrimination et à la non-persécution des minorités sexuelles ainsi que celles sur le droit à la vie privée, pourtant ratifiées par l’Indonésie.

«Aujourd'hui, on assiste à une montée des discriminations au nom de le l’islam à l’encontre des femmes et de la communauté LGBT», déplore Andreas Harsono, chercheur à Human Rights Watch en Indonésie, cité par le quotidien britannique The Guardian

La législation indonésienne permet pourtant au ministère de l’Intérieur d’abroger des lois prises à l’échelon local, et de nombreuses voix s’élèvent dans le pays et à l’étranger pour demander au président Joko Widodo, réputé modéré, d’intervenir pour mettre un terme aux discriminations dont sont victimes les personnes LGBT ou supposées comme telles dans le pays.

En octobre, dans une interview à la BBC, le président avait pourtant publiquement dénoncé les violences commises à l’égard des LGBT et déclaré que la police devait agir pour défendre les victimes. Une annonce qui jusqu'ici n'a pas été suivie d'effets, déplore Human Rights Watch. 

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