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Retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris : quelles conséquences ?

Donald Trump a annoncé le retrait des Etats-Unis de l'accord de Paris jeudi, en direct de la roseraie de la Maison-Blanche. [Brendan Smialowski / AFP]

Il l’avait promis, il l’a fait : jeudi, après plusieurs jours de suspense, Donald Trump a annoncé le retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris. Une décision qui pourrait être lourde de conséquences. 

Seuls deux autres pays n’ont pas signé l’accord : la Syrie, empêtrée dans une guerre civile depuis six ans, et le Nicaragua qui estimait, selon le Times, que l'accord de Paris n’allait pas assez loin.

Du temps de Barack Obama pourtant, les Etats-Unis avaient été un pilier de l’accord de Paris, ratifié par le gouvernement américain en 2016. L’administration Obama, alors à la tête du deuxième émetteur de gaz à effet de serre de la planète, s’était notamment engagée à baisser son taux démission de CO2 de 28 à 26% d’ici à 2025 pour enrayer la hausse des températures. Une préoccupation que ne partage pas le nouveau président, le climatosceptique convaincu Donald Trump

Si l'accord de Paris existera toujours après ce retrait, les conséquences pourraient être importantes sur les objectifs visés et le schéma diplomatique mondial.

L'objectif climatique compromis

Le texte de l'Accord de Paris affichait un objectif clair : «contenir l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels». Mais maintenant que les Etats-Unis, deuxième plus gros pollueurs de la planète derrière la Chine, et donc partiellement responsables du réchauffement climatique, se sont retirés de cet accord qui engageait les pays signataires à contrôler leurs émissions à effet de serre, l'objectif semble difficile à atteindre.

«On peut dire adieu à l’objectif de 2°C», a commenté François Gemenne, spécialiste de géopolitique environnementale, à France Info. En effet, comme le projettent Climate Interactive et Climate Action Tracker, la quantité de gaz à effet de serre pourrait augmenter de trois milliards de tonnes d’ici à 2030. Sur la hausse de 3° Celsius prévue par les scientifiques, 0,1 à 0,3° Celsius pourraient être causées par les Etats-Unis. 

Des conséquences financières

Sans le soutien des Etats-Unis, la réalisation du projet semble donc remise en question. «En général, les Etats-Unis représentent entre 18 et 20% des financements internationaux», a expliqué l’économiste Laurence Tubiana à France Info. «C’est un gros manque à gagner qu’on ne peut pas remplacer en tant que tel. Donc, il va falloir imaginer de nouveaux mécanismes financiers pour pallier cette absence américaine», a-t-elle ajouté.

En effet, l'accord de Paris avait reconnu que cent milliards de dollars (mobilisés par les pays développés comme les Etats-Unis) devront être consacrés chaque année à partir de 2020 pour financer ses projets. En plus de cette contribution, ces pays pouvaient devenir des donateurs pour aider les pays les plus défavorisés à faire face aux conséquences du réchauffement climatique. Par ce retrait, les pays restants seront donc contraints de compenser la part financière des Etats-Unis, et voient la possibilité des dons de la part de ces derniers s'envoler. 

«Une abdication du leadership américain»

Pour Stewart Patrick, membre du Council on Foreign Relations, les Etats-Unis pourraient perdre leur leadership mondial après cette décision du président américain. «Les répercussions diplomatiques seront sévères, détruisant sur son passage tous les vestiges du simulacre du leadership américain et sa crédibilité dans le monde sous l’ère Trump», écrit-il

R. Nicholas Burns, qui était sous secrétaire d'Etat sous George W. Bush, confirme les propos de Stewart Patrick. Interrogé par le New York Times, il a affirmé que le poids diplomatique des Etats-Unis sera désormais affaibli dans d'autres affaires qui ne sont en rien liées au climat : «En matière de politique étrangère, c’est une erreur colossale. Une abdication du leadership américain». «Le succès de notre politique étrangère (concernant les négociations commerciales, militaires, ou autres), dépend de notre crédibilité. Je ne peux rien imaginer de plus destructeur pour notre crédibilité que cela». 

Une place à prendre pour l'Europe et la Chine

Dans l'hypothèse d'une déchéance des Etats-Unis sur le schéma diplomatique suite à cette décision, la Chine pourrait s'emparer de la place de leader dans le combat contre le réchauffement climatique. Deux membre de la Council on Foreign Relations, Varun Sivaram et Sagatom Saha, le prédisaient déjà en décembre dernier  : «Si l’administration Trump tient ses promesses, la Chine va probablement combler le manque de leadership laissé par les Etats-Unis», écrivaient-ils.

Une alliance avec l'Union Européenne semble d'ailleurs se dessiner, et devrait se confirmer à l'issue du sommet UE-Chine, qui s'achève ce vendredi à Bruxelles. Selon le quotidien La Croix, qui cite un premier projet de déclaration, les deux parties devraient «confirmer leurs engagements envers l’accord historique» de Paris et «accélérer leur coopération pour améliorer sa mise en œuvre». 

Un possible effet boule de neige

Avec ce retrait, les Etats-Unis deviennent le premier pays parmis les 195 délégations impliquées à quitter cet accord sur le climat. Avant même l'annonce de Donald Trump, le directeur général de Greenpeace France, Jean-François Julliard, avait exprimé ses inquiétudes sur BFM TV : «L’accord va continuer d’exister, que les Etats-Unis restent ou non. Mais ce serait de très mauvais augure, cela pourrait donner des idées à d’autres pays qui se poseraient la question de maintenir leurs engagements». 

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