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L'Arabie, l'Egypte, les Emirats, Bahreïn et Yémen rompent avec le Qatar

Une vue générale de Doha le 24 novembre 2015 [STR / AFP/Archives] Une vue générale de Doha le 24 novembre 2015 [STR / AFP/Archives]

L'Arabie saoudite, l'Egypte, Bahreïn et les Emirats arabes unis ont tour à tour annoncé lundi la rupture de leurs relations diplomatiques avec le Qatar, accusé de «soutien au terrorisme», y compris Al-Qaida, Daesh et les Frères musulmans.

Le Qatar accuse ses voisins de chercher à le mettre sous tutelle. Ces mesures sont «injustifiées» et «sans fondement», a réagi le ministère des Affaires étrangères du Qatar dans un communiqué. Elles ont un «objectif clair : placer l'Etat (du Qatar) sous tutelle, ce qui marque une violation de sa souveraineté» et est «totalement inacceptable», a-t-il ajouté.

Le Qatar a aussi été exclu de la coalition militaire arabe opérant au Yémen sous commandement saoudien. Ce séisme diplomatique est intervenu 15 jours après une visite à Ryad du président américain Donald Trump qui a demandé aux pays musulmans d'agir de manière décisive contre l'extrémisme religieux.

L'agence officielle saoudienne SPA a annoncé que Ryad rompait ses relations diplomatiques et fermait ses frontières avec le Qatar pour «protéger sa sécurité nationale des dangers du terrorisme et de l'extrémisme».

Un responsable saoudien a précisé que son pays «rompait ses relations diplomatiques et consulaires avec le Qatar, ferme ses frontières terrestres et maritimes ainsi que son espace aérien» avec son voisin du Golfe. Le pays a également fermé dans la soiréée, les bureaux de la TV du Qatar Al Jazeera.

Décisions en série

«L'Arabie saoudite a pris cette mesure décisive en raison des sérieux abus des autorités de Doha tout au long des dernières années (...) pour inciter à la désobéissance et nuire à sa souveraineté», a-t-il ajouté.

«Le Qatar accueille divers groupes terroristes pour déstabiliser la région, comme la confrérie des Frères musulmans, Daech et Al-Qaida», a accusé ce responsable saoudien.

Egalement via son agence officielle, Bahreïn a justifié sa décision en accusant Doha d'«ébranler la sécurité et la stabilité (de son royaume) et de s'ingérer dans ses affaires» intérieures.

Au Caire, l'Egypte a également annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec le Qatar qu'elle accuse de soutenir «le terrorisme». Le gouvernement du Caire a «décidé de mettre fin à ses relations diplomatiques avec l'Etat du Qatar qui insiste à adopter un comportement hostile vis-à-vis de l'Egypte», a indiqué le ministère des Affaires étrangères égyptien. Le communiqué égyptien annonce la fermeture des frontières «aériennes et maritimes» avec le Qatar.

 

Le Yémen a annoncé plus tard dans la journée de lundi sa décision de rompre ses relations avec le Qatar. Dans un communiqué, le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi se dit «convaincu» que la coalition poursuivra ses opérations au Yémen, lancées il y a plus de deux ans pour rétablir le pouvoir du président Hadi après que les rebelles Houthis ont conquis, dès 2014, la capitale Sanaa et de larges parties du territoire yéménite.

Bahreïn et les Emirats arabes unis ont aussi rompu leurs liens avec le Qatar, que la coalition militaire arabe au Yémen a par ailleurs exclu, également pour son «soutien au terrorisme», citant explicitement dans un communiqué Al-Qaida et Daesh, bien implantés au Yémen.

Ces développements sont un sérieux revers pour le Qatar qui, indépendamment de son rôle régional, se targue d'organiser la Coupe du Monde de football en 2022.

Fermeture des frontiéres aériennes

La compagnie aérienne Etihad des Emirats arabes unis a annoncé lundi la suspension de ses vols vers et en provenance du Qatar, peu après la décision d'Abou Dhabi de rompre ses relations diplomatiques avec Doha. Etihad Airways précise dans un communiqué que cette mesure entrera en vigueur mardi «jusqu'à nouvel ordre». Le transporteur d'Arabie Saoudite, Saudia a pris une décison similaire.

En réponse, Qatar Airways a annoncé lundi la suspension de ses vols vers l'Arabie saoudite. Aux Emirats arabes unis, les compagnies aériennes Etihad, Emirates, flydubai et Air Arabia, ainsi que la Saudia et Gulf Air (Bahreïn) ont annoncé la suspension à partir de mardi de leurs vols en provenance et à destination du Qatar. L'Egypte a également indiqué la suspension de ses liaisons aériennes avec le riche émirat gazier, à partir de mardi.

Réaction internationale

Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a appelé lundi les pays du Golfe à tenter de régler leurs divergences et à rester unis. «Certainement, nous encouragerions les parties à s'asseoir et à parler de ces divergences», a-t-il déclaré à Sydney après l'annonce par l'Arabie saoudite, l'Egypte, Bahreïn et les Emirats arabes unis de la rupture de leurs relations avec le Qatar, accusé de «soutien au terrorisme». «Si nous avons un rôle à jouer pour les aider à affronter (leurs différends), nous pensons qu'il est important que le CCG (Conseil de coopération du Golfe) reste uni». 

L'Iran et La Turquie ont appellé au dialogue. «Il peut y avoir des problèmes entre les pays (...) mais il faut que le dialogue se poursuive», a déclaré le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu lors d'une conférence de presse à Ankara. «Et bien sûr, nous fournirons tout type de soutien pour que la situation revienne à la normale», a-t-il ajouté. L'Iran a appellé à «un dialogue franc» : «La résolution des différends dans les pays de la région, y compris les problèmes actuels entre les trois voisins du Qatar et ce pays, n'est possible que par des moyens politiques et pacifiques et un dialogue franc entre les parties», indique un communiqué de Bahram Ghasemi, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères.

En France, Florian Philippot a demandé à la France de rompre à son tour avec le Qatar. «Cette décision donne pleinement raison à nos analyses et aux alertes que nous avons à de nombreuses reprises lancées ces dernières années», estime M. Philippot dans un communiqué. 

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