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Le Venezuela à feu et à sang

Affrontements à Caracas Affrontements entre les opposants de Nicolas Maduro et les forces de l'ordre, le 22 juin à Caracas[JUAN BARRETO / AFP]

La descente aux enfers du Venezuela a franchi un nouveau cap. Dans la nuit de mardi à mercredi, un hélicoptère de la police a lancé quatre grenades contre le siège de la Cour suprême à Caracas, capitale du pays, avant de mitrailler le ministère de l’Intérieur, selon le gouvernement. 

Une incroyable et mystérieuse double attaque qui, si elle n’a fait aucun blessé, témoigne néanmoins de la violence de la crise qui touche le pays. Le désordre règne au Venezuela depuis le 1er avril, se traduisant par de fortes mobilisations quasi-quotidiennes et sévèrement réprimées. Les heurts entre manifestants et forces de l’ordre ont déjà fait plus de 76 morts.

Une paralysie générale

Cette crise, avant tout économique, paralyse l’ensemble du pays depuis maintenant près de trois ans. A cause de la baisse du prix du pétrole, dont le Venezuela est entièrement dépendant, l’Etat n’a plus les moyens d’importer suffisamment de nourriture ou de médicaments.

Les rayons des supermarchés sont donc vides, l’eau coûte aussi cher que le pétrole, et plus d’un million de personnes ont fui vers la Colombie voisine, sur les 31 millions qui peuplent le Venezuela. Les autres, qui souhaitent à 70 % le départ du président Maduro, protestent sans répit. Ils lui reprochent aussi bien la pénurie, que sa gestion opaque de l’administration, ou encore sa tentative ratée, fin mars, de s’octroyer les pouvoirs du Parlement, où l’opposition est majoritaire. 

Un chaos dont certains profitent pour piller les rares magasins qui possèdent encore des stocks de nourriture. En avril, huit personnes sont ainsi mortes, électrocutées par le système anti-vol d’une boulangerie où ils tentaient de dérober du pain. La misère continue d’ailleurs de gagner du terrain, alors que l’inflation de 2017 devrait atteindre 1 660 % (contre 800 % en 2016), et être accompagnée d’une récession de -6 % (-13,5 % en 2016). 

 

Si Maduro joue le jeu de la démocratie, il est sûr de perdre la prochaine électionJean-Jacques Kourliandsky, chercheur à l'IRIS

Peu de solutions immédiates

Face à cette situation confuse, l’espoir d’une éclaircie semble faible. «Si Maduro joue le jeu de la démocratie, il est sûr de perdre l’élection de 2018. Et comme il a emprisonné ses opposants, il craint qu’on lui rende la pareille», explique Jean-Jacques Kourliandsky, chercheur à l’Iris.

Sa condition, pour participer à une médiation, est que l’opposition accepte son projet d’Assemblée constituante, qu’il justifie par respect de la démocratie. Mais ses détracteurs y voit un moyen pour Maduro de retarder les élections qui permettraient l’installation d’un nouveau gouvernement, et refuse catégoriquement. 

La sortie de la crise politique n’est pas une finalité. Car, quelle que soit la future majorité au pouvoir, si le cours du pétrole ne remonte pas, le marasme économique persistera, et le mécontentement avec.

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