À partir de juin 2018, les femmes pourront obtenir leur permis de conduire au même titre que les Saoudiens, en vertu d’un décret publié mardi 26 septembre par le roi Salman.
Celui-ci enjoint les ministres de l’Intérieur, du Travail et des Finances à procéder aux arrangements nécessaires pour que sa décision puisse s’appliquer d’ici à l’été.
«Des femmes se sont battues pour pouvoir conduire au péril de leur vie, c’est un moment important pour elles», explique Clarence Rodriguez, auteure d’Arabie Saoudite 3.0 (Ed. Erick Bonnier). De fait, ce changement va bouleverser la vie quotidienne des Saoudiennes, qui ne dépendront plus de chauffeurs ou de taxis pour travailler.
Des restrictions sévères persistent
Quelques jours après l’autorisation des femmes à se rendre dans un stade, accordée pour la première fois le 23 septembre à l’occasion de la fête nationale, cette annonce donne l’impression d’un mouvement d’ouverture inédit.
De fait, confirme Clarence Rodriguez, «le prince héritier Mohamed Ben Salman, un jeune trentenaire, veut que son pays bouge. C’est un enjeu économique et politique».
Son plan «Vision 2030», qui vise à préparer l’après-pétrole, prévoit en effet des investissements importants dans des stations balnéaires et des infrastructures de loisirs, qui ne pourront être rentabilisées que dans une société garantissant un minimum de libertés publiques.
Mais cette relative ouverture ne saurait masquer la persistance de restrictions sévères imposées aux femmes. Celles-ci restent considérées comme mineures toute leur vie, placées sous la tutelle légale de leur mari ou d’un membre masculin de leur famille proche. Elles doivent, par exemple, présenter l’autorisation d’un tuteur pour voyager, ou subir une intervention médicale.
Et si la loi commence à lever certaines contraintes, les milieux traditionnalistes continuent souvent de les appliquer.