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Quel avenir en Catalogne ?

Carles Puigdemont pourrait prononcer la déclaration d’indépendance de la Catalogne mardi 10 octobre. [André-Philippe Marcou / AFP]

C’est une longue journée qui attend les Espagnols. Le président séparatiste de Catalogne, Carles Puigdemont, doit prononcer, ce mardi soir, un discours devant le Parlement régional.

Un peu plus d’une semaine après un référendum d’autodétermination, interdit par les autorités madrilènes, il pourrait finalement prononcer la déclaration d’indépendance qu’il avait promise à ses partisans en cas de victoire.

Alors que Madrid et Barcelone semblent déjà dans une impasse, la décision viendrait couronner une longue montée des tensions, sans pour autant résoudre celles-ci.

L’heure de la sécession ?

Selon le gouvernement catalan, le «oui» à la rupture avec l’Espagne a emporté 90 % des voix lors du scrutin du 1er novembre, avec 42,3 % de participation.

D’après la loi de transition votée en septembre par le Parlement régional – jugée inconstitutionnelle mais toujours prise comme référence par les séparatistes –, ces résultats sont suffisants pour déclarer l’indépendance.

Et même si l’Etat central, soutenu par la majorité des médias, fait pression sur Carles Puigdemont pour l’en empêcher, ce dernier semble décidé à poursuivre le processus jusqu’au bout. 

Le plus probable est qu’il procède à une déclaration d’indépendance formelle, sans l’accompagner d’une loi de transition prévoyant les modalités pratiques du divorce (monnaie, frontières, etc.). 

La sécession serait alors purement théorique, ouvrant la voie à des discussions avec Madrid. Mais celles-ci semblent difficilement concevables, la principale revendication de Barcelone – l’organisation d’un référendum d’autodétermination légal et reconnu – étant exclue par le gouvernement de Mariano Rajoy

Quelle que soit la forme et le degré de précision de la déclaration d’indépendance, Madrid devrait donc s’y montrer hostile. Loin de marquer une sortie de crise, le discours de ce soir risque de faire entrer la confrontation dans une dimension nouvelle.

Des suites incertaines

Madrid pourrait utiliser l’article 155 de la Constitution espagnole pour suspendre l’autonomie de la Catalogne. Une éventualité renforcée par la marche anti-indépendance à Barcelone dimanche.

«La manifestation a changé la donne», souligne Barbara Loyer, professeur à Paris 8 et spécialiste de l’Espagne. «D’un côté, Mariano Rajoy se sent soutenu, de l’autre, le parti socialiste, initialement contre la suspension de l’autonomie, reçoit un appel à réagir de Catalans unionistes.»

Carles Puigdemont pourrait quant à lui dissoudre l’Assemblée régionale pour convoquer de nouvelles élections, comptant sur le sentiment anti-Madrid suscité par les violences policières pour renforcer sa majorité. 

L’idée d’une sécession immédiate semble, quant à elle, encore fantaisiste. Mais dans une situation si incertaine, aucune option n’est à exclure. 

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