En direct
A suivre

Trump et la politique américaine face au fléau du harcèlement sexuel

Donald Trump, le 16 novembre 2017 à Washington [NICHOLAS KAMM / AFP] Donald Trump, le 16 novembre 2017 à Washington [NICHOLAS KAMM / AFP]

Après Hollywood, le monde de la politique américaine est à son tour ébranlé par le débat sur le harcèlement sexuel, et le président Donald Trump, jusqu’à présent très discret, commence à s’impliquer - malgré les accusations qui pèsent contre lui.

Cette semaine, un sénateur démocrate, Al Franken, s'est excusé pour avoir embrassé une animatrice en 2006 et touché sa poitrine; deux femmes parlementaires ont révélé qu'au moins deux de leurs collègues masculins, non nommés, ont été des harceleurs sexuels ; le directeur de cabinet d'une élue, accusé de harcèlement, a démissionné jeudi ; et de nouvelles femmes ont accusé un candidat républicain au Sénat, Roy Moore, d'agression sexuelle il y a des décennies.

Le Congrès a connu sa part de scandales sexuels dans son histoire, y compris pour des faits de harcèlement ou d'agression.

L'un des plus connus est Dennis Hastert, ancien président de la Chambre des représentants, qui a admis l'an dernier avoir abusé sexuellement de lycéens alors qu'il était entraîneur de lutte, des décennies auparavant. Ou Clarence Thomas, dont la nomination à la Cour suprême en 1991 a failli être rejetée en raison d'accusations de harcèlement sexuel.

Mais le harcèlement n'était pas vraiment reconnu, dans le monde politique, comme un fléau nécessitant une réponse systémique. La vague de révélations déclenchées par l'affaire Harvey Weinstein, depuis le 5 octobre, a changé la donne.

Une formation anti-harcèlement

Désormais, chaque élu et collaborateur de la Chambre devra suivre une formation anti-harcèlement et anti-discrimination, a annoncé cette semaine son président, Paul Ryan. Même mouvement au Sénat, où ces formations étaient facultatives.

La transparence s'améliore. Pour la première fois, l'office spécialisé du Congrès a publié le nombre et le montant des indemnités versées à la suite de plaintes de personnels : 264 règlements de 1997 à 2017, pour un total de 17 millions de dollars. Ces chiffres incluent toutes les plaintes internes, et non les seules affaires de harcèlement.

«Les gens sont nerveux et se demandent: qui sera le prochain ?» a dit sur Fox News Kellyanne Conway, conseillère présidentielle, qui en profite pour appeler le parti démocrate à un «examen de conscience».

Le couvercle va exploser

Le harcèlement sexuel et la politique forment un mélange hautement combustible, et il était sans doute inévitable que les médias et commentateurs conservateurs ravivent l'affaire Monica Lewinsky, la jeune stagiaire de la Maison Blanche avec qui le président Bill Clinton a eu des relations sexuelles.

Mais il ne s'agit plus que de Fox News. Une sénatrice démocrate, Kirsten Gillibrand, a dit jeudi au New York Times que Bill Clinton aurait dû démissionner. Des journalistes progressistes, comme Matthew Iglesias (Vox.com) et Chris Hayes (MSNBC), ont appelé les démocrates à faire amende honorable, notamment auprès de Juanita Broaddrick, qui accuse Bill Clinton de viol depuis des décennies.

Tout cela conduit naturellement à l'actuel président, accusé par une dizaine de femmes de baisers ou contacts forcés.

«Quand on est une star, elles nous laissent faire, on peut faire ce qu'on veut... Les attraper par la chatte», s'était-il vanté en 2005, selon une vidéo divulguée peu avant l'élection présidentielle.

Donald Trump et ses alliés ont toujours accusé ses accusatrices de faux témoignages... mais le milliardaire a en revanche donné crédit aux accusatrices de Roy Moore, indirectement, et surtout à celles de Bill Clinton, qu'il a publiquement soutenues.

Pourquoi croire certaines femmes et pas d'autres ?

«Le président sait évidemment mieux ce qu'il a fait ou n'a pas fait personnellement», a dit sa porte-parole Sarah Sanders jeudi. En Asie jusqu'à son retour à Washington cette semaine, le dirigeant a évité les questions sur le sujet du harcèlement.

Jusqu'à jeudi soir, peu après 22 heures, quand il a tweeté contre Al Franken. «Et dire que la semaine dernière encore il faisait la leçon sur le harcèlement sexuel et le respect des femmes», a-t-il écrit, à l'offensive. Un terrain dangereux pour le milliardaire.

Natasha Stoynoff, qui l'a accusé de l'avoir embrassée de force en 2005, a repris la parole jeudi, dans le magazine People. Depuis un an, écrit-elle au magazine, le problème «mijote sur le feu, comme une cocotte-minute. Mais désormais le feu est rallumé, ça va bouillir et le couvercle va exploser».

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités