En direct
A suivre

L'Allemagne sans gouvernement, une crise politique sans précédent

Angela Merkel au soir du dimanche 19 novembre 2017, après l'annonce du FDP de quitter les pourparlers. Angela Merkel au soir du dimanche 19 novembre 2017, après l'annonce du FDP de quitter les pourparlers.[TOBIAS SCHWARZ / AFP]

L’abandon des pourparlers par les libéraux plonge l'Allemagne dans une crise politique inédite, qui menace le quatrième mandat de la chancelière.

Une telle situation ne s’était jamais présentée en République Fédérale d’Allemagne depuis sa fondation en 1949. Après l’échec des pourparlers préparatoires lancés entre trois partis à l’issue des élections générales, le pays se trouve depuis ce lundi 20 novembre sans espoir de majorité. 

La chancelière sortante Angela Merkel, dont la CDU est arrivée en tête le 24 septembre sans emporter la majorité absolue, n’a pas réussi à mettre d’accord ses deux alliés potentiels, les libéraux et les verts. Le pays est donc condamné à la paralysie politique, et la suite des événements est d’autant plus imprévisible qu’il n’y a pas de précédents. 

Des positions inconciliables

Dès le lancement des discussions, les observateurs ont souligné leur complexité inhabituelle. En effet, les socio-démocrates, qui avaient pris part au gouvernement sortant, ont annoncé d’emblée qu’ils ne renouvelleraient pas l’expérience, obligeant Angela Merkel à approcher de plus petits partis. La chancelière ayant exclu d’emblée l’extrême-droite de l’AfD et la gauche radicale de Die Linke, il ne lui restait qu’à composer avec les libéraux du FDP et les verts. 

Or, ces derniers présentent des divergences sur plusieurs dossiers clés, à commencer par l’accueil des migrants. Alors que les libéraux, à l’instar des conservateurs, souhaitent plafonner leur nombre, les Verts s’y opposent. Autre débat clivant, la réduction du recours au charbon. Si tout le monde s’accorde sur le principe, le calendrier est envisagé très différemment par chaque parti. Enfin, la fiscalité et le projet pour l’Union européenne ont été également été des points d’achoppement. 

Des dissensions d’autant plus fortes qu’aucun acteur ne voulait donner l’impression de céder. «Chacun a voulu montrer à son électorat que son programme a bien été défendu», explique Isabelle Bourgeois, du Centre d’information et de recherche sur l’Allemagne contemporaine.

Vers de nouvelles élections?

Plusieurs options sont désormais sur la table. Les partis peuvent lancer de nouvelles discussions, comme l’a demandé le président de la République, Frank-Walter Steinmeier. Il espère ainsi éviter des élections anticipées, qui pourraient avantager l’extrême-droite. «Plus le temps passe sans qu’un accord soit trouvé, plus le dégoût du politique s’installe, et c’est ce qui nourrit l’AfD», souligne Isabelle Bourgeois.

En l’absence d’accord, la CDU/CSU pourrait aussi former un gouvernement minoritaire. Pour Angela Merkel, qui s’est exprimée dans la foulée du président, les élections restent malgré tout «une voie préférable». Le cas échéant, elle se porterait candidate.

Mais elle risque de rencontrer des résistances. Des voix ont commencé à lui demander des comptes pour les résultats historiquement bas de la CDU. Et ce n’est pas l’échec de ces discussions qui vont redorer le blason de la dirigeante, appréciée précisément pour ses talents de négociatrice.    

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités