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Catalogne : Carles Puigdemont demande à être entendu par l'UE

Le président destitué de Catalogne Carles Puigdemont réagit à la victoire électorale des indépendantistes depuis Bruxelles, le 21 décembre 2017 [Aris Oikonomou / AFP] Les trois formations indépendantistes disposeraient, avec 70 sièges au parlement régional, de la majorité absolue (qui est à 68). [Aris Oikonomou / AFP]

Les indépendantistes catalans ont retrouvé jeudi, au terme d'une campagne tendue et grâce à une mobilisation historique, la majorité absolue dont ils disposaient avant la déclaration unilatérale d'indépendance qui avait provoqué leur destitution. Carles Puigdemont a demandé à être entendu par l'UE après cette victoire.

Le président catalan destitué Carles Puigdemont a demandé vendredi à être entendu par les institutions européennes après la victoire des indépendantistes aux élections en Catalogne. «Je demande seulement à la Commission européenne ou d'autres institutions d'écouter le peuple catalan, et pas seulement l'Etat espagnol», a déclaré Puigdemont en exil à Bruxelles.

Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a rejeté vendredi sa demande de le rencontrer, déclarant : «la personne avec laquelle je devrais m'asseoir, c'est celle qui a remporté les élections, Madame (Inès) Arrimadas», la tête de liste du parti anti-indépendance Ciudadanos qui a remporté le plus de sièges au parlement catalan.

Après dépouillement de plus de 92% des bulletins, les trois formations indépendantistes disposeraient, avec 70 sièges au parlement régional, de la majorité absolue (qui est à 68). Par le jeu des pondérations de voix profitant aux régions rurales, les indépendantistes ont la majorité au parlement, mais ils n'ont pas une majorité en voix : 47,5 % des Catalans ont voté pour ces formations, mais 52,42% contre. C'est un score semblable à celui de 2015.

Record de participation

Les électeurs catalans, qui ont battu avec près de 82% de votants le record historique de participation dans la région, ont toutefois désigné comme première force politique de la province le parti libéral anti-indépendance Ciudadanos, qui obtient 36 sièges. Le scrutin s'est déroulé sans incident malgré des semaines de tension.

L'ex président de l'exécutif catalan destitué par Madrid, Carles Puigdemont, suivait le décompte depuis Bruxelles, où il s'est réfugié avec quatre de ses anciens ministres et tente en vain d'obtenir le soutien de l'Union européenne. Celle-ci soutient fermement le gouvernement de Madrid, craignant ouvertement une contagion du séparatisme dans les Etats membres.

Carles Puigdemont a formé sa propre liste Ensemble pour la Catalogne, et dispute les voix indépendantistes au parti ERC de son ancien vice-président Oriol Junqueras, en détention provisoire en Espagne. Tous deux sont inculpés pour rébellion, sédition et malversation, comme l'ensemble du gouvernement déposé.

«Les conditions étaient absolument inégales pour ERC avec un candidat en prison jusqu'au dernier jour», a déclaré à Barcelone Sergi Sebria, porte-parole du parti de M. Junqueras. Mais, a-t-il ajouté, «le pays est hautement politisé et c'est pour nous une excellente nouvelle. Une forte participation légitime le résultat de ces élections».

Les élections ont été convoqués le 27 octobre par le chef du gouvernement Mariano Rajoy quand il placé la Catalogne sous tutelle, dissous le parlement catalan qui venait de proclamer l'indépendance, et déposé l'exécutif régional. M. Rajoy tentait ainsi de tuer dans l'oeuf une tentative de sécession annoncée depuis deux ans.

Depuis leur victoire aux élections de 2015, les indépendandistes, appuyés par des manifestations massives avaient poursuivi leur projet en ignorant toutes les décisions de justice. La crise avait éclaté le 1er octobre quand la police avait réprimé brutalement un referendum d'autodétermination interdit par la cour constitutionnelle. Les images de violence policière avaient fait le tour du monde. Alors que les premières arrestations pour «rébellio» se produisaient dans le camp indépendantiste, les manifestations succédaient aux grèves, aux blocages de trains ou de routes, jusqu'au saut dans le vide du 27 octobre, quand le parlement catalan a voté, par 70 voix sur 135, la déclaration unilatérale d'indépendance. 

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