En direct
A suivre

Elections législatives en Italie : Salvini (extrême droite) revendique «le droit de gouverner»

Le leader de la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini assure avoir «le droit et le devoir de gouverner».[Piero CRUCIATTI / AFP]

Le leader de la Ligue (extrême droite) de Matteo Salviniassure avoir «le droit et le devoir de gouverner», alors que la coalition qui rassemble son parti et Forza Italia (centre droit) de Silvio Berlusconi a recueilli environ 37% des voix, selon des résultats partiels portant sur près de 90% des bureaux de vote.

La coalition, au sein de laquelle la Ligue a largement devancé le parti de Silvio Berlusconi, semble cependant loin de la majorité au Parlement. Mais Salvini s'est dit opposé à tout accord avec les populistes du Mouvement 5 étoiles, premier parti du pays avec plus de 32% des voix.

«L’Union européenne va passer une mauvaise soirée», a commenté dès dimanche soir sur Twitter, la présidente du front national français, Marine Le Pen.

De fait, la coalition formée par Forza Italia de Silvio Berlusconi, la Ligue et le petit parti Fratelli d'Italia (Frères d'Italie), obtient quelque 37% des voix, selon les projections données par les télévisions italiennes.

Mais à l'intérieur de cette coalition, c'est la Ligue de Matteo Salvini, formation alliée de Marine Le Pen en Europe, qui est en tête, selon ces projections.

La Ligue a martelé tout au long d'une campagne émaillé d'incidents violents, un discours anti-immigration et méfiant à l'égard de «Bruxelles», qui semble avoir porté, dans un pays qui a accueilli 690.000 migrants depuis 2013 et où l'euroscepticisme a le vent en poupe.

«D'abord les Italiens», «Stop à l'invasion», ...les posters de campagne au siège de la Ligue à Milan rappellent les grands thèmes martelés par Matteo Salvini, 44 ans, tout au long de sa campagne, du nord au sud de la péninsule. «Mon premier commentaire : merci !», a tweeté vers minuit le dirigeant de la Ligue, qui n'a pas prévu de s'exprimer avant lundi matin.

Silvio Berlusconi, qui s'était présenté à Bruxelles comme le seul rempart contre les populistes et les forces anti-euro, est donc tout proche d'avoir perdu son pari.

Les antisystème du Mouvement 5 Etoiles (M5S) confirment de leur côté leur montée en puissance, devenant le premier parti en Italie avec un score dépassant les 32%, quelques mois après la victoire du Brexit en Grande-Bretagne et de Donald Trump aux Etats-Unis.

Nigel Farage, ex-chef de l'Ukip, parti pro-Brexit en Grande-Bretagne, a d'ailleurs félicité sur Twitter ses «collègues» du M5S.

Alfonso Bonafede, du Mouvement populiste 5 Etoiles (M5S), s'exprime après la fermeture des bureaux de vote en Italie où se tiennent des élections législatives, le 4 mars 2018 à Rome   [Andreas SOLARO / AFP]
Alfonso Bonafede, du Mouvement populiste 5 Etoiles (M5S), s'exprime après la fermeture des bureaux de vote en Italie où se tiennent des élections législatives, le 4 mars 2018 à Rome [Andreas SOLARO / AFP]

Ce mouvement, fondé par le comique Beppe Grillo en 2009, avait déjà créé la surprise en raflant 25% des voix aux dernières législatives de 2013, et s'assure une position centrale dans le futur parlement si son score est confirmé.

«Il y a un élément certain qui émerge de ces premières données qui arrivent, c'est que le Mouvement 5 Etoiles sera le pilier de la prochaine législature», a ainsi déclaré dimanche soir un de ses dirigeants, Alfonso Bonafede.

Ces chiffres sont toutefois à prendre avec précaution, compte tenu de la complexité du mode de scrutin pour l'élection de la Chambre des députés et du Sénat.

La nouvelle loi électorale mélange les systèmes proportionnel et majoritaire, et ces estimations ne permettent pas de donner une idée précise de la composition des deux chambres. Selon les experts, le seuil pour obtenir la majorité des sièges est de 40 à 45%, et les résultats complets ne sont pas attendus avant lundi matin.

Montée en puissance

Le Parti démocrate (PD, centre gauche) de Matteo Renzi a de son côté confirmé dans les urnes le mauvais résultat anticipé par les sondages avec un score proche des 20%, selon ces estimations, soit moitié moins que celui obtenu aux élections européennes de 2014.

Matteo Renzi, chef du Parti démocrate, arrive pour déposer son bulletin dans l'urne le 4 mars 2018 dans un bureau de vote à Florence [Claudio GIOVANNINI / AFP]
Matteo Renzi, chef du Parti démocrate, arrive pour déposer son bulletin dans l'urne le 4 mars 2018 dans un bureau de vote à Florence [Claudio GIOVANNINI / AFP]

L'incertitude entourant le résultat de ce scrutin, qui voit les forces antisystème en tête en nombre de voix, ouvre la voie à tous les scénarios possibles : majorité de droite, ou grande coalition des modérés de centre gauche et centre droit, bien que celle-ci semble s'éloigner, selon les commentateurs italiens, voire alliance des populistes du M5S et de l'extrême-droite de la Ligue, bien que leurs dirigeants s'en soient toujours défendus.

Matteo Salvini, chef de file de l'extrême droite alliée à la droite de Silvio Berlusconi, vote pour les législatives le 4 mars 2018 à Milan [Miguel MEDINA / AFP]
Matteo Salvini, chef de file de l'extrême droite alliée à la droite de Silvio Berlusconi, vote pour les législatives le 4 mars 2018 à Milan [Miguel MEDINA / AFP]

Il appartiendra au président italien, Sergio Mattarella, de démêler l'écheveau de ces résultats, dans les semaines qui suivent, et de confier un «mandat exploratoire» à celui ou celle qui lui paraitra en mesure d'obtenir une majorité devant le Parlement.

Maurizio Martina (G), le ministre de l'Agriculture et membre du parti Démocrate (PD) et Matteo Orfini, président du parti PD, lors d'une conférence de presse le 5 mars 2018 à Rome [Tiziana FABI / AFP]
Maurizio Martina (G), le ministre de l'Agriculture et membre du parti Démocrate (PD) et Matteo Orfini, président du parti PD, lors d'une conférence de presse le 5 mars 2018 à Rome [Tiziana FABI / AFP]

Mais ces consultations politiques ne s'ouvriront pas avant la fin du mois au plus tôt, après l'élection des présidents des deux chambres.

Dimanche, la presse italienne semblait déjà résignée à ce qu'aucune majorité claire ne se dessine.

«Le verdict contre l'Italie est toujours le même : le pays vit une instabilité permanente. L'ingouvernabilité est désormais une maladie endémique», se désolait Claudio Tito dans un éditorial dans La Repubblica.

Nombre d'électeurs se sont montrés amers ou désabusés, à la sortie des bureaux de vote, après une campagne aux accents parfois violents, dominée par les questions liées à l'immigration ou l'insécurité, à l'instar de la campagne du Brexit en Grande-Bretagne.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités