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Autopsie d'un Brexit raté

Les Européens ont accordé aux Britanniques un report du Brexit, au minimum jusqu'au 12 avril. Les Européens ont accordé aux Britanniques un report du Brexit, au minimum jusqu'au 12 avril. [Andy Buchanan / AFP]

De mauvais choix expliquent la crise du Brexit, qui va laisser des traces outre-Manche.

C’est ce vendredi 29 mars que le Royaume-Uni aurait normalement dû sortir de l’UE, ce jour étant initialement la date officielle du Brexit, fixée il y a deux ans suite à l’activation de l’article 50 du traité de Lisbonne. Mais ce ne sera finalement pas le cas, Bruxelles ayant accordé à Londres un report, au moins jusqu’au 12 avril.

En effet, près de trois ans après le référendum de juin 2016 qui a vu les Britanniques choisir de quitter l’UE à la stupeur générale, le processus de divorce semble être totalement dans l’impasse, le Royaume-Uni ne sachant toujours pas quand et comment il se retirera de l’Union.

Une stratégie douteuse

Pour comprendre l’origine de ce fiasco, il faut remonter à la promesse de l’ex-Premier ministre britannique David Cameron, en janvier 2013, de soumettre à référendum la question de l’appartenance à l’UE. Une question présentée de manière simple, à laquelle les Britanniques ont dû répondre par «oui» ou «non», alors que les enjeux étaient en réalité extrêmement complexes. Le Royaume-Uni s’est engagé dans la voie du divorce sans savoir ce qu’il y avait derrière.

Arrivée à la rescousse en juillet 2016 pour mettre en œuvre le Brexit, Theresa May a également une part de responsabilité dans la situation actuelle. Elle s’est en effet fixée des lignes rouges sur la manière de procéder, qui ont mené à cette impasse. Elles concernent la fin de la liberté de circulation des citoyens au Royaume-Uni, visant à reprendre le contrôle de la politique migratoire, et la sortie de l’union douanière, pour permettre à Londres de signer ses propres traités de libre-échange.

«Theresa May aurait pu à la place tenter de construire un compromis entre partis. Mais au lieu de penser aux intérêts du pays, elle a pensé aux intérêts de son camp conservateur, qui souhaitait un Brexit dur», explique Olivier de France, directeur de recherche à l’IRIS. Elle se retrouve aujourd’hui avec l’ensemble des formations d’opposition hostiles à son accord de retrait, et des conservateurs plus divisés que jamais entre pro et anti-européens. Signe de ces déchirures internes, pas moins de neuf membres du gouvernement ont démissionné depuis neuf mois, dont le très médiatique Boris Johnson.

Quant à l’UE, elle n’a pas non plus fait beaucoup d’efforts pour arranger les choses. Pour préserver ses intérêts, elle est restée campée sur ses positions, refusant de rouvrir les négociations sur le Brexit, même après les deux rejets par les députés britanniques de l’accord de Theresa May.

Des conséquences durables

Ces interminables discussions sur le Brexit ont fini par laisser des traces dans la société britannique. «Peu importe la conclusion, le pays sera totalement divisé pour des années, voire des décennies», estime Olivier de France. La fracture est si profonde que des couples et des amitiés se sont brisés à cause du Brexit. D’après une enquête, plus d’un tiers des citoyens opposés au retrait seraient même contrariés si un de leurs proches épousait un partisan de la sortie.

Les conséquences s’en font aussi ressentir sur la santé mentale des Britanniques puisque, selon une étude, quatre sondés sur dix se disent psychologiquement affectés par la sortie prochaine du Royaume-Uni de l’UE.

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