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Près de 20 millions d'euros attendus de la vente aux enchères des bolides du fils du président Obiang

L'estimation globale est d'au moins 18,5 millions de francs suisses (plus de 17 millions d'euros).[©MATTHIAS HIEKEL / DPA / AFP]

Ferrari, Lamborghini, Bentley, … La vente devrait rapporter gros. Vingt-cinq voitures de luxe de Teodorin Nguema Obiang, fils du président de Guinée équatoriale, que la justice genevoise a saisies dans une enquête pour blanchiment d'argent, sont mises aux enchères ce dimanche en Suisse.

L'estimation globale est d'au moins 18,5 millions de francs suisses (plus de 17 millions d'euros). «C'est une vente exceptionnelle. C'est une collection privée de supercars, avec des kilométrages extrêmement limités, parfois de livraison», a déclaré Philip Kantor, directeur du département Automobiles Europe de la maison britannique Bonhams, qui organise les enchères.

Sept Ferrari, trois Lamborghini, cinq Bentley, une Maserati et une McLaren sont parmi les véhicules proposés à la vente, qui se déroule dans le Bonmont Golf & Country Club, un très sélect club de golf proche de Genève. Les lots les plus chers sont deux hypercars qui avaient été dévoilées au salon de l'automobile de Genève en 2013 : une Lamborghini Veneno Roadster bicolore blanc et blanc cassé, évaluée entre 4,8 et 5,7 millions d'euros avec à peine 325 kilomètres au compteur, et une Ferrari LaFerrari jaune, estimée entre 2,4 et 2,6 millions d'euros.

Qu'ils soient rouges, blancs ou jaunes, tous ces bolides ont en commun d'avoir appartenu à Teodorin Nguema Obiang, vice-président de la Guinée équatoriale. Or dans ce petit pays pétrolier, où sévit l'une des plus graves corruptions au monde selon Transparency International, une grande partie de la population vit encore dans la plus grande pauvreté.

Procédure classée

Parmi les autres lots proposés, une Aston Martin One-77 rouge de 2011, évaluée entre 1,3 et 1,7 million d'euros, possède une mention gravée sur son entrée de porte spécifiant «Construite à la main en Angleterre pour Theodore N'Guema Obiang Mangue». Ces voitures ont également en commun d'avoir été confisquées par la justice genevoise après l'ouverture en 2016 d'une procédure pénale à l'encontre de Teodorin Nguema Obiang, et de deux autres personnes, pour «blanchiment d'argent et gestion déloyale des intérêts publics».

La procédure a finalement été classée en février, la justice genevoise et les autorités équato-guinéennes s'étant mis d'accord pour que les voitures soient vendues et que le produit de la vente soit affecté à un programme à caractère social en Guinée équatoriale. Le pays a aussi accepté de verser à Genève 1,3 million de francs suisses (1,4 million d'euros) pour couvrir notamment les frais de procédure.

Cet Etat d'Afrique centrale est dirigé depuis 40 ans par le président Teodoro Obiang Nguema, 77 ans. Selon les observateurs de la vie politique équato-guinéenne, Teodorin Nguema Obiang, connu pour ses extravagances et son train de vie somptueux, est voué à succéder à son père.

Il a été condamné en 2017 à Paris à trois ans de prison avec sursis et 30 millions d'euros d'amende pour s'être frauduleusement bâti en France un patrimoine considérable (hôtel particulier parisien, voitures de course et de luxe, costumes de marque par dizaines, jets privés...) dans l'affaire dite des «biens mal acquis», jugement dont il a fait appel.

Sans prix de réserve

Toutes ses voitures sont proposées sans «prix de réserve», c'est-à-dire sans enchère minimum, ce qui n'a pas été du goût du constructeur suédois Koenigsegg. Selon lui, la Koenigsegg One bleue et noire proposée dimanche, estimée entre 1,7 et 2,1 millions d'euros, et dont il n'existe que six exemplaires vaut «deux fois plus que l'estimation maximale».

La Guinée équatoriale a également fait part de son mécontentement, et tenté ces derniers jours de faire suspendre la vente aux enchères. Ce à quoi la justice genevoise s'est opposée. «De l'avis d'experts, il nous paraissait que le prix de la vente serait plus élevé lors de ventes privées avec des collectionneurs et des professionnels de la branche qui recherchent ce type» de véhicules, a expliqué l'avocat de la Guinée équatoriale, Shahram Dini. Pour M. Kantor, de Bonhams, «c'est le marché qui doit décider combien vaut un véhicule».

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