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L'emblématique John Bercow et ses cris tonitruants font leurs adieux à la Chambre des communes

John Bercow a dirigé les débats de la Chambres des communes d'une main de fer[JESSICA TAYLOR / AFP / UK PARLIAMENT]

Il ne criera plus «Ordeeeer !» perché sur son fauteuil vert : John Bercow, le président conservateur de la Chambre des communes célèbre pour ses répliques cinglantes a quitté son poste ce jeudi 31 octobre après dix années en poste.

Vêtu de sa robe de soie noire accessoirisée de ses cravates aux couleurs improbables, John Bercow a dirigé les débats de la Chambres des communes d'une main de fer, exigeant le calme en criant son désormais célèbre «Order !». Il a raisonné plus de 14.000 fois entre les murs de Westminster, d'après les calculs de la BBC

«Le mot 'order, order' est maintenant utilisé par des parents dans tout le pays», a souligné la parlementaire Valerie Vaz dans son discours d'hommage au président de la Chambre. 

un départ qui se voulait symbolique

Âgé de 56 ans, le «Speaker» avait annoncé sa démission en septembre dernier et n'avait pas choisi la date de son départ au hasard : le 31 octobre devait en effet marquer la sortie du Royaume-Uni du giron européen, mais l'échéance a été une nouvelle fois reportée. 

Se joignant aux hommages mercredi avec une tirade qualifiée par le tabloïd Daily Mail d'«ampoule de cyanure dans un chocolat», Boris Johnson a salué les qualités d'arbitre de cet amateur de tennis «attribuant les meilleurs points de procédure avec [son] fameux air renfrogné à la Tony Montana», en référence au héros trafiquant de drogue du film Scarface, interprété par Al Pacino. Il a relevé que John Bercow ne se comportait pas seulement en «commentateur» mais en «joueur à part entière», délivrant ses opinions «comme un lance-balles de tennis incontrôlable».

Le cauchemar des «Torys»

Du haut de son 1m68, ce conservateur issu d'un milieu modeste -son père était chauffeur de taxi- a été une épine dans le pied des gouvernements tory successifs. David Cameron avait même tenté de l'évincer, en vain. A deux reprises cette année, il a refusé des votes, à Theresa May puis à Boris Johnson, sur leurs accords de Brexit, en vertu du principe qu'un même texte ne pouvait être débattu plusieurs fois, s'attirant des accusations de partialité dans son camp.

Il s'est aussi attiré les reproches de conservateurs pour s'être prononcé contre une prise de parole de Donald Trump au Parlement lors d'une visite du président américain en 2018. Son adjointe Eleanor Laing, candidate à sa succession, a estimé récemment qu'il s'était «écarté» de la règle de droit, l'accusant d'«arrogance».

Président sans perruque

Né le 19 janvier 1963, John Bercow a grandi dans une famille juive modeste du nord de Londres. Après des études de sciences politiques, il devient conseiller municipal du quartier londonien de Lambeth à 23 ans. En 1997, il est élu député pour la première fois, dans la circonscription de Buckingham, dans le nord-ouest de la capitale.

En 2009, il accède à la présidence de la Chambre des communes sous un gouvernement travailliste, promettant de rompre avec les pratiques de son prédécesseur, impliqué dans un scandale de notes de frais.

Plus jeune titulaire, à 46 ans, de cette prestigieuse fonction, John Bercow s'est employé à la dépoussiérer, abandonnant certains éléments de la tenue traditionnelle comme la perruque. En juin 2017, il permet aux députés de siéger sans cravate.

Quelques controverses

Il a cependant été critiqué pour les frais réclamés pour rénover son appartement de fonction, et pour son comportement tyrannique avec ses équipes, même s'il réfute tout harcèlement. «Quand ce petit homme complexe et en mouvement perpétuel était sur son trône, les députés ne connaissaient aucun repos. [...] A tout moment, il pouvait se déchaîner et délivrer ses coups de griffe», a estimé le journaliste Quentin Letts dans le Times.

Son épouse, Sally Bercow, a fait les titres de la presse pour avoir posé vêtue d'un seul drap blanc pour un magazine, participé à un programme de téléréalité, et pour s'être présentée à une élection locale sous l'étiquette du Parti travailliste, adversaire politique de son mari.

Hommage suprême :  une effigie de John Bercow sera brûlée samedi lors de la traditionnelle nuit du feu de joie à Edenbridge, petite commune du sud de l'Angleterre, succédant à Boris Johnson, Donald Trump ou Saddam Hussein.

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