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La semaine de Philippe Labro : les combats de Tapie, les victoires de Trump

«Bernard Tapie s’exprime à la télé : le cheveu blanc, le visage un peu creux, la dialectique toujours aussi vive et convaincue» - Phillipe Labro «Bernard Tapie s’exprime à la télé : le cheveu blanc, le visage un peu creux, la dialectique toujours aussi vive et convaincue» - Phillipe Labro [Bertrand GUAY / AFP]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour CNEWS, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

LUNDI 20 JANVIER

Bernard Tapie s’exprime à la télé : le cheveu blanc, le visage un peu creux, la dialectique toujours aussi vive et convaincue, il parle avec une sérénité courageuse de son combat contre un cancer – supposé fatal –, mais il lutte, il lutte ! Le résumé filmé, partial et partiel, de sa vie et ses rebondissements, va le faire sortir de ses gonds. On se rappelle certains moments de cette existence romanesque, étonnante, du statut de jeune chanteur de pacotille à ministre de François Mitterrand, de jeune entrepreneur à milliardaire, c’est un chemin comme on en a peu connu à n’importe quel moment de la Ve République.

On rappelle son incroyable intuition. Il refuse que Basile Boli, joueur de l’OM (dont Tapie est devenu le «boss» et qu’il a réussi à mener jusqu’à la finale de la Ligue des champions contre le Milan AC, en mai 1993, à Munich), sorte du terrain. Boli est fatigué et fait signe à l’entraîneur. Tapie dit : «Non ! Non ! Il ne sort pas !» Boli reste donc sur le terrain et, trois minutes plus tard, il marque le but victorieux. Instinct, sens du public, audace dans ses entreprises, la singulière nature d’un homme qui s’est donné un rendez-vous : il veut pouvoir être, début mai, sur une scène de théâtre pour interpréter Vol au-dessus d’un nid de coucou. Il veut tenir au moins jusque-là. Il en sourit, survivant extraordinaire, personnage d’Alexandre Dumas ou d’Honoré de Balzac.

MARDI 21 JANVIER

Mauvais climat. On parle beaucoup en ces jours de cette grève qui s’achève sans vraiment s’achever, des multiples actions de ce qu’on appelle la «radicalisation» de certaines bases syndicales. Coupures d’électricité qui peuvent être dangereuses, blocage des ports, intrusions de la CGT dans les locaux de la CFDT, manifestations hostiles au pouvoir, Emmanuel Macron en tête – qu’on va conspuer dans un théâtre – , on sent une sorte de tentation, ou de contagion, de l’illégalité. L’atmosphère du pays est-elle aussi noire que cela ? La France a connu pire, bien pire, il n’y a pas si longtemps (ainsi, par exemple, toute la période de la fin de la guerre d’Algérie). Mais tout a changé, en particulier, à cause des réseaux sociaux.

Ils grossissent tout événement, transportent angoisse et paranoïa, fausses nouvelles et vraies provocations. Faisons attention de ne pas succomber au pessimisme.

MERCREDI 22 JANVIER

Donald Trump fait le fier-à-bras à Davos, il vante la fabuleuse économie des Etats-Unis, il foule aux pieds les préoccupations environnementales, les «prophètes de malheur» du réchauffement climatique, envoyant un puissant message à son électorat. En quoi il veut dire aux Américains moyens, aux troupes qui le soutiennent depuis le premier jour :

– Je suis là, et bien là, et le procès qui démarre au Sénat, pour ma destitution, n’est qu’une farce. J’en sortirai vainqueur. Je serai réélu.

Trump est-il aussi sûr de lui que ce qu’il laisse paraître ? Si l’on dresse, comme il le fait, la liste de ses «réussites» – sa démonstration de dissuasion à l’égard de l’Iran, son accord commercial avec la Chine, le Canada ou le Mexique, un chômage au plus bas, une totale indépendance pétrolière, la détente à propos de la taxe Gafa –, on doit admettre qu’il traverse plutôt une phase positive.

JEUDI 23 JANVIER

Didier Decoin succède à Bernard Pivot à la tête de l’académie Goncourt. C’est une bonne nouvelle. Il paraît que l’adaptation au cinéma du roman qui révéla Anna Gavalda, Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part, est réussie. Tant mieux, on a sérieusement besoin de sourire, de tendresse, de ces «bons sentiments» qui consolent et soulagent, chassent l’anxiété du moment. On aurait envie d’écrire : «Je voudrais que quelques-uns finissent par s’entendre quelque part.»

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