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Boris Johnson promet que le Royaume-Uni ne fera aucune «concurrence déloyale» à l'UE après le Brexit

Boris Johnson ne veut pas d'un alignement du Royaume-Uni sur les règles européennes après le Brexit, promettant des négociations crispées. Boris Johnson ne veut pas d'un alignement du Royaume-Uni sur les règles européennes après le Brexit, promettant des négociations crispées. [Frank Augstein / POOL / AFP]

Pour son premier discours depuis le Brexit, le Premier ministre britannique Boris Johnson a tenté ce lundi 3 février de rassurer l'Union européenne. Exposant sa vision de la future relation entre Londres et Bruxelles, il a promis que son pays ne ferait aucune «concurrence déloyale» à l'UE après la période de transition post-Brexit, tout en rejetant tout alignement sur les règles européennes.

«Nous ne ferons aucune concurrence déloyale, qu'elle soit commerciale, économique ou environnementale», a déclaré le dirigeant conservateur au cours d'un discours d'une demi-heure à Greenwich, un quartier de Londres, se gardant bien tout du long de prononcer le mot Brexit, désormais tabou au sein du gouvernement britannique.

«Nous ne nous engagerons pas dans une course vers le bas» sur les normes européennes, a-t-il martelé, alors que ce scénario suscite l'inquiétude du côté des Vingt-Sept. Ces derniers craignent, comme l'a dit la chancelière allemande Angela Merkel mi-décembre, d'avoir «un concurrent à [leur] porte» après la période transitoire post-Brexit, durant laquelle les relations entre les deux parties restent inchangées, et qui doit se terminer le 31 décembre 2020.

Mais dans le même temps, Boris Johnson a tenu à mettre les choses au clair, si ce n'était pas déjà le cas. Il a répété que, durant la phase de négociations qui s'annonce, il rejeterait tout alignement du Royaume-Uni sur les règles européennes après le Brexit. Une position qui entre en contradiction avec celle de l'UE, pour qui il s'agit d'une condition sine qua non à un accord commercial tel que le veut Boris Johnson c'est-à-dire avec «zéro droit de douane» et «zéro quota», du même type que le Ceta, conclu entre Bruxelles et le Canada en 2016.

«L'accès (au marché européen) sera proportionnel aux engagements qu'ils (les Britanniques) prendront pour limiter la concurrence déloyale… Plus il y aura de divergences réglementaires, moins il y aura d'accès», a ainsi prévenu le négociateur européen Michel Barnier lundi matin, promettant des négociations acharnées.

Quelques minutes plus tard, le Premier ministre britannique lui a répondu depuis Londres. «Allons-nous empêcher les voitures italiennes ou du vin allemand d'entrer dans ce pays sans droits de douane faute d'alignement de l'UE sur nos règles britanniques sur les touillettes à café en plastique ou sur les congés maternité ? (...) Bien sûr que non», a-t-il lancé. «Alors j'espère que nos amis (européens) comprendrons qu'il est (...) inutile qu'un accord de libre-échange implique d'accepter toutes les règles de l'UE sur la concurrence, les subventions, la protection sociale, l'environnement ou autre», a-t-il ajouté, menaçant.

Le spectre d'un «no deal» écarté

«Nous allons restaurer notre pleine souveraineté sur nos frontières, l'immigration, la concurrence, les règles encadrant les subventions, les approvisionnements, la protection des données», a-t-il insisté. Sur la pêche, enjeu crucial pour les pêcheurs britanniques comme européens (en particulier français et danois), Boris Johnson est tout de même ouvert à un accord, mais il s'est dit favorable à des négociations annuelles sur le sujet, contrairement à Bruxelles, qui aimerait des garanties à long terme. Michel Barnier a en effet déclaré lundi matin qu'un futur accord devra garantir «un accès réciproque continu aux marchés et aux eaux avec des quotas stables». En revanche, le Premier ministre britannique a estimé que la coopération avec les Européens en matière de défense et de politique étrangère ne nécessiterait «pas nécessairement un traité».

Enfin, pour rassurer les Britanniques, «BoJo» a tenté de balayer la menace d'un «no deal» si Londres et Bruxelles n'arrivent pas à trouver un accord de libre-échange dans le temps imparti - onze mois -, qui s'annonce très court. «Le choix n'est pas 'deal ou no deal'. La question est de savoir si nous convenons d'une relation commerciale avec l'UE comparable à celle du Canada, ou plus comme celle de l'Australie», a-t-il indiqué, sa préférence allant vers le modèle canadien, prévoyant la suppression des droits de douane sur 98 % des produits échangés entre les deux zones.

Une relation à l'australienne signifierait de son côté un accord limité à certains secteurs, comme l'aviation, les autres restant régis par les règles de l’Organisation mondiale du Commerce (OMS). Cela entraînerait l'instauration de droits de douane sur de nombreux produits, potentiellement très coûteux pour de nombreux secteurs économiques outre-Manche. Ce qui fait dire à Ed Davey, chef par intérim des Libéraux-démocrates, un parti d'opposition britannique, que ce scénario aurait «tout d'un 'no deal', sauf le nom».

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