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Le Royaume-Uni dévoile son système d'immigration post-Brexit, privilégiant les travailleurs qualifiés

Le gouvernement britannique a dévoilé ce mercredi 19 février le nouveau système d'immigration à points qui sera utilisé au Royaume-Uni après la période de transition post-Brexit, c'est-à-dire à partir de janvier 2021. Ces futures règles avantagent les «brillants» cerveaux, au détriment des «travailleurs peu qualifiés».

«Nous donnerons la priorité aux personnes possédant les compétences les plus élevées et aux plus grands talents : scientifiques, ingénieurs, universitaires et autres travailleurs hautement qualifiés», a expliqué l'exécutif britannique dans un communiqué publié mercredi matin présentant son plan, précisant que, dorénavant, les citoyens européens et non-européens seraient traités «de manière égale».

Concrètement, pour obtenir un visa de travail outre-Manche, il faudra, à partir du 1er janvier 2021, que les candidats à l'immigration accumulent au minimum 70 points. Pour cela, ils devront remplir des critères stricts : parler anglais à un «niveau requis» et avoir déjà une proposition d'emploi d'une entité approuvée par les autorités, dont le salaire annuel est d'au moins 25.600 livres (30.820 euros). Il y aura malgré tout des exceptions pour les travailleurs gagnant moins que ce seuil (mais plus que 20.480 livres, soit 24.620 euros) : ils pourront demander un visa s'ils occupent un métier en pénurie (ingénieur civil, médecin, infirmière, psychologue, danseur de ballet...) ou ont un doctorat en rapport avec leur profession.

«Aujourd'hui est un moment historique pour le pays tout entier», avait commenté dès mardi soir dans un communiqué  la ministre de l'Intérieur, Priti Patel, soulignant que ce nouveau système «met fin à la libre circulation» et permet au Royaume-Uni de «reprendre le contrôle de ses frontières». Selon le gouvernement, ce dispositif, qui prend exemple sur celui de l'Australie, fera «baisser le nombre d'immigrés» au Royaume-Uni. En effet, le ministère de l'Intérieur estime que 70 % des travailleurs européens actuellement dans le pays ne répondent pas aux nouvelles exigences. Mais pas de panique pour les 3,2 millions de ressortissants de l'UE qui ont demandé à résider outre-Manche avant l'issue du Brexit, ces futures mesures ne les concernent pas.

Le secteur de la santé inquiet

Avec ce plan, le gouvernement britannique, mené par le Premier ministre Boris Johnson, estime se conformer au «message clair» envoyé par le peuple britannique lors du référendum de 2016 sur le Brexit et des élections législatives de décembre dernier. Le contrôle de l'immigration avait en effet été l'un des principaux sujets de campagne lors de ces deux scrutins. Mais les nouvelles exigences en matière de demande de visa suscitent des inquiétudes au sein de certaines professions, qui fonctionnent grâce à des travailleurs étrangers parfois peu rémunérés, en particulier les métiers de la santé.

C'est «un désastre absolu pour le secteur des soins», a ainsi réagi Christina McAnea, une responsable du syndicat Unison, qui représente les soignants. Selon la Confédération de l'industrie britannique (CBI), le plus important syndicat patronal du royaume, la santé fera partie des secteurs les plus affectés par ce nouveau système, aux côtés de la construction, de l'hôtellerie, de l'alimentation et des boissons.

Selon le principal parti d'opposition, le Labour, le gouvernement va être contraint de faire de nombreuses exceptions à son système, dûes au fait que ces secteurs dépendent grandement de la main-d'oeuvre étrangère pour survivre. «C'est un système imposant un seuil salarial qui va avoir besoin de nombre d'exceptions (...) et qui va le rendre sans signification», a fustigé la porte-parole du Parti travailliste, Diane Abbott, ajoutant qu'il sera «très difficile d'attirer les travailleurs dont nous avons besoin» à cause de «l'environnement hostile» instauré par le gouvernement conservateur.

Ce système à points concernera par ailleurs également les visas étudiants. Ils seront ouverts aux «talents du monde entier», à condition d'avoir reçu une proposition d'un établissement britannique, de parler anglais et de pouvoir subvenir à ses besoins. En revanche, un visa ne sera pas nécessaire pour les séjours de moins de six mois, mais seulement pour les citoyens vivant dans l'UE et dans d'autres pays ayant des accords avec le Royaume-Uni.

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