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Le coronavirus pousse la France à envisager des nationalisations

Bruno Le Maire s'est déclaré prêt à recourir à «tous les moyens» pour «protéger» les entreprises françaises menacées par le coronavirus, y compris l'arme de la nationalisation. Bruno Le Maire s'est déclaré prêt à recourir à «tous les moyens» pour «protéger» les entreprises françaises menacées par le coronavirus, y compris l'arme de la nationalisation. [Bertrand GUAY / AFP]

Alors que les entreprises sont touchées de plein fouet par la crise du coronavirus, la France paraît bien décidée à sortir l'artillerie lourde pour éviter la faillite de fleurons tricolores. Jusqu'à évoquer la possibilité de nationalisations.

C'est Bruno Le Maire qui a lâché cette petite bombe ce mardi 17 mars. Sur RTL, le ministre de l'Economie s'est dit prêt à recourir à «tous les moyens» pour «protéger» les grandes multinationales tricolores menacées par la pandémie de Covid-19, y compris la nationalisation. «Cela peut passer par de la capitalisation ou une prise de participation. Je peux même employer le terme de nationalisation si nécessaire», a-t-il assuré.

Mais Laurent Cotret, avocat associé au sein du cabinet August Debouzy, ne croit pas que l'Etat ira jusqu'à cette solution radicale. «Nationaliser des entreprises nécessite une loi spéciale, comme en 1981, ou alors un décret du gouvernement, ce qui paraît extrêmement délicat dans le contexte actuel, d'autant plus que la constitutionnalité d'une telle mesure pourrait être mise en doute», estime celui qui travaille au sein du département Corporate d'August Debouzy. 

Selon lui, des prises de participation de l'Etat dans le capital de certaines grandes entreprises devraient être l'option privilégiée, notamment via Bpifrance, la banque publique d'investissement de l'Etat. Mais sans doute plutôt une fois l'épidémie terminée. «C'est seulement à la fin de la crise que l'on verra les vrais dégâts économiques et quelles entreprises ont un besoin urgent de financement», indique l'avocat, expliquant que les entreprises n'ont quasiment plus rien à payer actuellement (impôts, cotisations, chômage partiel...) grâce aux différentes mesures d'aide annoncées ces derniers jours par l'exécutif. 

Air France et les groupes automobiles concernés ?

Parmi les sociétés qui pourraient être concernées par une nationalisation ou un soutien capitalistique de l'Etat figure en premier lieu Air France-KLM, qui prévoit de réduire son activité de 70 à 90 % lors des deux prochains mois au moins, et qui a vu son titre s'effondrer à la Bourse de Paris (-13% sur les cinq derniers jours). Selon Les Echos, une montée au capital d'Air France-KLM serait en effet étudiée par l'Etat afin de renflouer la trésorerie de la firme franco-néerlandaise. «Le secteur touristique, dont font partie les compagnies aériennes, est le plus affecté par la crise du coronavirus en France», analyse Laurent Cotret, qui a été l'avocat de la compagnie XL Airways au moment de sa liquidation en octobre 2019. 

Les groupes automobiles hexagonaux PSA et Renault, contraints de fermer toutes leurs usines en France (et également toutes celles en Europe pour PSA), devraient aussi être demandeurs d'une aide de l'Etat français en capital. Mais pour eux, cela pourrait être «beaucoup plus compliqué», explique Laurent Cotret, le siège de Renault-Nissan étant situé aux Pays-Bas, tout comme le futur siège de la nouvelle entité issue de la fusion entre PSA et Fiat-Chrysler. «On peut donc se poser la question : sont-elles toujours des entreprises françaises ?», interroge l'avocat d'August Debouzy. 

Il n'y a pas qu'en France que l'éventualité de nationalisations a été évoquée. En Allemagne et en Italie aussi. Outre-Rhin, c'est le ministre de l'Economie Peter Altmaier qui a évoqué la possibilité de «nationalisations temporaires» le 13 mars dernier, dans un entretien au Spiegel, afin d' «empêcher que des entreprises économiquement saines ne tombent en faillite». «Mais je ne vois pas se dessiner un grand nombre de nationalisations à l’horizon», a-t-il nuancé. Du côté de l'Italie, le gouvernement a annoncé ce mardi qu'il comptait nationaliser la compagnie aérienne Alitalia, en grande difficulté depuis des années, dans le cadre de mesures économiques d'urgence prises face à la pandémie de Covid-19. Les prémices d'un mouvement mondial ?

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