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Coronavirus : Boris Johnson a t-il pris la pandémie à la légère ?

Le 3 mars, soit un peu plus de trois semaines avant d'être testé positif au coronavirus, Boris Johnson se vantait de continuer à «serrer des mains». Le 3 mars, soit un peu plus de trois semaines avant d'être testé positif au coronavirus, Boris Johnson se vantait de continuer à «serrer des mains».[Frank Augstein / POOL / AFP]

C'est une vidéo qui remonte à la surface depuis quelques jours. On y voit Boris Johnson, le 3 mars dernier, en conférence de presse, expliquer qu'il continue à «serrer des mains» malgré le coronavirus. Une pandémie que le Premier ministre britannique, admis en soins intensifs lundi après avoir été contaminé par le Covid-19, a mis du temps à prendre au sérieux.

«Je serre des mains en permanence. J'étais à l'hôpital l'autre soir où je pense qu'il y avait des patients atteints de coronavirus et j'ai serré la main de tout le monde. Je continue à serrer des mains.» Le 3 mars, alors que les mesures contre le coronavirus se faisaient de plus en plus drastiques un peu partout dans le monde, Boris Johnson se vantait devant les journalistes de ne pas respecter les gestes barrière contre le Covid-19, assurant qu'il suffisait de se laver les mains régulièrement.

Une façon de rassurer les Britanniques sur la gravité de l'épidémie, qui n'avait à l'époque fait encore aucune victime au Royaume-Uni. «Pour la grande majorité de la population de ce pays, nous devrions poursuivre nos activités comme d'habitude», avait déclaré le même jour l'excentrique Premier ministre conservateur.

A la recherche d'une «immunité collective»

Une légèreté face au coronavirus perceptible également dans la stratégie adoptée par le gouvernement britannique durant les premiers jours de l'épidémie. Ni fermeture des écoles, pubs et restaurants, ni interdiction des rassemblements, ni fermeture des frontières, seulement une recommandation d'autoconfinement pendant sept jours pour les personnes présentant des symptômes du Covid-19.

Un stratégie qui a un nom, «l'immunité collective» (ou de groupe), consistant à laisser le virus s'installer dans la population et à en contaminer une grande partie afin que celle-ci soit ensuite immunisée face à la maladie. A l'époque, le gouvernement britannique avait indiqué que 60 % des Britanniques devraient être infectés pour que cette politique porte ses fruits. 

Sauf que celui-ci avait sous-estimé la puissance mortelle du Covid-19. Une étude de l'Imperial College de Londres, publiée le 16 mars, l'a mise en évidence : en persistant dans cette stratégie, jugée dangereuse par l'OMS, le Royaume-Uni pourrait voir jusqu'à 260.000 de ses concitoyens succomber au coronavirus, en raison de la submersion du système de santé, provoquée par l'afflux de malades.

Un confinement instauré tardivement

Mais même après la divulgation de ce rapport, Boris Johnson a tardé à prendre des mesures radicales, se contentant de consignes non obligatoires (éviter tout «contact social» et déplacement «non essentiel», favoriser le télétravail, cesser de fréquenter pubs, clubs et théâtres...). Il a ainsi fallu attendre le 18 mars pour que «BoJo» annonce (enfin) la fermeture des écoles, le 20 mars pour les pubs, restaurants et théâtres, et le 23 mars pour le confinement général de la population. Soit près d'une semaine après la France, et alors que le pays comptait déjà plus de 300 décès causés par le coronavirus.

Une inertie jugée coupable par les experts en santé publique, qui serait en partie responsable du lourd bilan humain de l'épidémie outre-Manche : plus de 5.300 morts, faisant du Royaume-Uni le cinquième pays du monde le plus endeuillé par le Covid-19, derrière l'Italie (16.000), l'Espagne (13.000), les Etats-Unis (10.000) et la France (9.000), mais aussi la seule grande puissance mondiale dont le chef d'Etat a été contaminé. 

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