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En Allemagne, un premier procès de responsables syriens pour des exactions commises sous Bachar al-Assad

Le principal suspect, Anwar Raslan, est accusé d'avoir dirigé une prison en Syrie où «au moins 4.000 personnes» ont subi des actes de torture entre 2011 et 2012. Le principal suspect, Anwar Raslan, est accusé d'avoir dirigé une prison en Syrie où «au moins 4.000 personnes» ont subi des actes de torture entre 2011 et 2012. [JAMES LAWLER DUGGAN / AFP]

Une première historique. Ce jeudi 23 avril s'ouvre à Coblence, en Allemagne, le tout premier procès au monde d'ex-responsables syriens pour des exactions commises sous le régime de Bachar al-Assad depuis le début de la guerre en Syrie en 2011.

Dans le box des prévenus, deux anciens membres des services de renseignements syriens, Anwar Raslan et Eyad al-Gharib, arrêtés en février 2019 en Allemagne et accusés de crimes contre l'humanité.

Le principal suspect, Anwar Raslan, un ex-colonel, dirigeait une prison à Damas où, selon le Parquet fédéral allemand, «au moins 4.000 personnes» - dont le seul tort pour la plupart était d'avoir participé à des manifestations réclamant liberté et démocratie dans le sillage des «Printemps arabes» - ont subi des actes de torture entre avril 2011 et septembre 2012 : coups de poing, de bâtons, de câbles ou de fouet, électrochocs, privations de sommeil pendant plusieurs jours, sévices sexuels... Au moins 58 personnes sont mortes suite à ces actes, a indiqué le parquet. 

L’autre suspect, Eyad al-Gharib, qui travaillait sous l'autorité d'Anwar Raslan, est accusé d’avoir, à l’automne 2011, participé à l’interpellation et à la torture «d'au moins 30 personnes» lors d’une manifestation à Douma, fief rebelle près de Damas.

Un procès possible grâce à la «compétence universelle»

Les deux hommes ont fui la Syrie respectivement en 2012 et 2013, par crainte de représailles de la part des rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL), l'une des principales forces armées d'opposition au régime de Bachar al-Assad au début du conflit en 2011, selon les médias allemands. Anwar Raslan est arrivé en Allemagne en juillet 2014 comme réfugié, Eyad al-Gharib en avril 2018. 

Ils ont pu être arrêtés outre-Rhin en vertu du principe de la «compétence universelle», qui permet à un Etat de poursuivre les auteurs de crimes contre l'humanité quels que soient leur nationalité et l'endroit où ils ont été commis. L'Allemagne figure parmi les rares pays au monde à appliquer ce principe, aux côtés par exemple de la France.

L'audience devant le tribunal de Coblence, dans l'ouest de l'Allemagne, constitue «un message important» adressé aux dirigeants syriens et à leurs exécutants, selon l'avocat syrien Anwar al-Bunni, qui accuse Anwar Raslan de l'avoir fait incarcérer en 2006 dans les geôles du régime, où il a passé cinq ans. «Il n'y aura jamais d'impunité pour vous, alors réfléchissez !», lance celui qui est réfugié en Allemagne depuis cinq ans et demi. Une douzaine de victimes de torture devraient témoigner à la barre au cours de ce procès, qui pourrait durer plusieurs mois. 

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