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Coronavirus : la découverte d'un foyer de propagation dans une boîte gay de Séoul déclenche une vague d'homophobie

Les établissements du quartier d'Itaewon, jusqu'alors ouverts, ont été fermés. [seoul JUNG YEON-JE / AFP].

Décrite par plusieurs médias et spécialistes comme un pays déjà très homophobe, la Corée du Sud connaît depuis plusieurs jours une recrudescence de haine à l'égard de la communauté LGBTQ+, après qu'un foyer de contamination au coronavirus a été identifié dans des clubs gays de Séoul, la capitale.

Un jeune homme de 29 ans, employé dans une société de jeux vidéo et adepte des sorties nocturnes dans le quartier d'Itaewon, connu pour sa vie trépidante et branchée, a en effet été identifié comme patient zéro de ce nouveau «cluster».

Fait important à souligner : le jeune homme, qui selon la presse sud-coréenne et internationale a transmis le SARS-CoV-2 à au moins 75 personnes, ne savait pas qu'il était lui-même porteur du coronavirus au moment où il a fait la tournée de cinq établissements différents au début du mois de mai. 

La crainte d'être exposé publiquement contre sa volonté

Une fois ce nouveau foyer épidémique identifié, le quartier d'Itaewon a été entièrement bouclé, les bars et discothèques fermés.

Des établissements qui, comme l'indique le quotidien britannique The Guardian, étaient jusqu'alors ouverts en toute légalité, et respectaient des règles de distanciation strictes. 

Seulement voilà, comme l'explique sur Twitter le journaliste Hyunsu Yim, reporter pour le Korea Herald, «l'affaire a aussitôt été reprise par plusieurs médias qui l'ont présentée comme une 'histoire de club gay', façonnant un récit selon lequel la sexualité des gens doit être connue».

Une approche très dangereuse car, comme le confirme le magazine américain LGBT The Advocate, la société sud-coréenne est profondément homophobe. Dans ce pays asiatique, il est en effet très compliqué pour les homosexuels et les lesbiennes de s'afficher en public, sous peine de conséquences sur leur emploi, et même sur leur entourage.

Une société à l'homophobie ancrée

C'est donc pourquoi beaucoup de LGBT redoutent que le traçage sanitaire puisse se transformer pour eux en une véritable chasse aux sorcières, exposant contre leur volonté leur orientation sexuelle aux autorités, voire à la presse.

Dans ce contexte, certains préfèrent donc ne pas répondre aux sollicitations des enquêteurs sanitaires, voire les semer en donnant de fausses adresses aux policiers qui ont fait des descentes dans les clubs gays pour prendre les coordonnées de ceux qui s'y trouvaient.

Dans le Korea Herald de ce lundi, précise France culture, le Premier ministre sud-coréen Chung-Sye-Kyun menace même de «lourdes sanctions» les habitués d'Itaewon qui refusent de coopérer et de se faire tester pour le Covid-19. 

Des menaces claires fragilisant un peu plus encore les homosexuels qui, face à un ennemi invisible comme le coronavirus, craignent d'être pris pour des «coupables» tout désignés.

Des boucs émissaires, comme aux pires moments de l'épidémie du sida pour des hommes et des femmes considérés à tort, consciemment ou non, comme dangereux, déviants ou inconscients.

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