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Le Costa Rica devient le premier pays d'Amérique centrale à légaliser le mariage gay

Le Costa Rica est le 29e pays du monde à légaliser le mariage entre personnes de même sexe. Le Costa Rica est le 29e pays du monde à légaliser le mariage entre personnes de même sexe.[Ezequiel BECERRA / AFP]

Le Costa Rica est devenu ce mardi 26 mai le premier Etat d'Amérique centrale à autoriser le mariage homosexuel, suite à un jugement de la Cour suprême du pays datant d'août 2018.

A l'époque, la juridiction costaricienne avait déclaré inconstitutionnelle l'interdiction du mariage entre partenaires du même sexe figurant dans le Code de la famille. Elle avait donné au Parlement, où siègent de nombreux chrétiens évangéliques conservateurs, 18 mois pour modifier la loi et prévu que l'interdiction tomberait sinon automatiquement au terme de ce délai, ce qui a été le cas lundi à minuit.

Son jugement était intervenu sept mois après une décision de justice affectant tout le continent. Le 9 janvier 2018, la Cour interaméricaine des droits de l'homme (Cour IDH), institution émanant de l'Organisation des Etats américains (OEA), avait exhorté les pays de la région à modifier leur législation afin de reconnaître le mariage entre conjoints du même sexe, marquant une évolution majeure en Amérique latine.

Le Costa Rica est ainsi devenu mardi le sixième pays d'Amérique latine - après l'Argentine, l'Uruguay, le Brésil, la Colombie et l'Equateur - à légaliser le mariage gay, sans compter le Mexique, où il est autorisé dans certains Etats. Sur l'ensemble du continent américain, il s'agit du huitième pays à prendre une telle mesure, et le 29e dans le monde.

Le coronavirus gâche les festivités

Mais la pandémie de Covid-19 (950 cas confirmés dans le pays et 10 morts) n'a pas permis l'organisation des festivités prévues. A la place, la télévision publique et les réseaux sociaux ont diffusé un programme spécial avec des rappels historiques sur la lutte contre les discriminations sexuelles et des messages de personnalités du monde entier - notamment de la Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Michelle Bachelet, ancienne présidente du Chili -, réunis à l'initiative de la campagne de soutien Sí Acepto Costa Rica («Oui, je le veux Costa Rica»).

L'épidémie de coronavirus n'a cependant pas empêché de nombreux couples homosexuels de se passer la bague au doigt dès les premières minutes de l'entrée en vigueur de la mesure, au cours de cérémonies virtuelles, en visioconférence. 

Le président du Costa Rica, Carlos Alvarado, élu en avril 2018 sur la promesse de légaliser le mariage gay, s'est réjoui de cette avancée. «Ce changement provoque une transformation sociale et culturelle significative qui va permettre à des milliers de personnes de se marier légalement», a-t-il commenté à la télévision.

«Nous nous réjouissons avec vous : félicitations à tous ceux qui ont travaillé si dur pour que cela se réalise !», a de son côté tweeté l'ILGA (International lesbian and gay association), qui défend les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans et intersexuées. «La seule chose qui en ressort gagnante est le Costa Rica et l'amour en général», a déclaré à Associated Press Gia Miranda, directrice de la campagne de soutien Sí Acepto Costa Rica, pour qui cette mesure va contribuer à diminuer les discriminations et à rendre le pays plus attirant pour les touristes. 

Les évangélistes vent debout

Un enthousiasme que ne partage pas la députée évangélique Nidia Céspedes. Celle-ci a condamné la légalisation du mariage gay, «jour de tristesse pour la famille traditionnelle costaricienne». «L'entrée en vigueur du mariage pour tous porte un coup à l'âme de générations de Costariciens qui ont cimenté les bases d'un grand pays attaché à la famille et à la vie», a-t-elle estimé dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.

A plusieurs reprises ces derniers mois, les députés évangéliques ont tenté d'empêcher cette légalisation, sans parvenir à réunir les appuis nécessaires au Parlement, où ils comptent 14 élus (sur 57). Plus tôt ce mois-ci, 20 députés ont par exemple échoué à repousser la mesure de 18 mois. Le président de l'Assemblée costaricienne, le pasteur évangélique Eduardo Cruickshank, a une dernière fois tenté d'y faire barrage ce lundi 25 mai, mais n'a pas obtenu gain de cause. «Je suis engagé dans la défense de la famille telle qu'elle a été conçue et qu'elle convient à notre Père céleste», a-t-il déclaré sur les réseaux sociaux, cité par le média Semanario Universidad et repris par Courrier international.

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