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Massacres de 1945 : l’Algérie instaure une journée de la Mémoire

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune avait décidé d'instaurer cette «journée nationale de la Mémoire»[RYAD KRAMDI / AFP]

L'Assemblée nationale populaire (APN) algérienne a adopté à l'unanimité mardi 22 juin une loi qui vise à instaurer une journée de la Mémoire, le 8 mai, en souvenir des massacres de 1945 commis par les forces françaises dans le Constantinois.

Lors de la présentation du projet de loi, le ministre des Moudjahidine (Anciens combattants), Tayeb Zitouni, avait fustigé «le colonisateur français qui n'a pas hésité à réprimer les manifestants à travers une féroce campagne ayant fait des dizaines de milliers de victimes».

Le 8 mai 1945, alors que la France célébrait la victoire des démocraties sur le nazisme, des manifestations indépendantistes ont eu lieu à Sétif, Guelma et Kherrata, trois villes de l'est algérien où des nationalistes défilèrent, drapeaux algériens à la main. Elles furent brutalement réprimées par les forces coloniales françaises faisant des milliers de morts. Les Algériens parlent de 45.000 victimes. Les Français de 1.500 à 20.000 morts, dont 103 Européens.

«Le 8 mai est une date symbole. Le symbole de la rupture, de la cassure définitive entre la France coloniale et l'Algérie colonisée», souligne Fouad Soufi, archiviste et historien, chercheur au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle d'Oran (nord-ouest).

Un député du Front de libération nationale (FLN), majoritaire au Parlement et parti de l'ex-président déchu Abdelaziz Bouteflika, a estimé que «la France doit reconnaître ses crimes en Algérie durant la période coloniale et demander pardon».

En outre, la commission juridique de l'APN propose d'inclure un article sur «la criminalisation des actes perpétrés par le colonialisme français inique le 8 mai 1945 contre le peuple algérien». Cette recommandation sera soumise au ministère des Anciens combattants.

«Crime contre l'humanité»

Le président Abdelmadjid Tebboune avait décidé d'instaurer cette «journée nationale de la Mémoire» à la veille du 75e anniversaire des massacres de Sétif. Il avait qualifié les massacres de 1945 de «crimes commis contre l'humanité et contre les valeurs civilisationnelles, car fondés sur la purification ethnique».

En février 2017, alors qu'il était candidat à la présidentielle, Emmanuel Macron, en visite à Alger, avait qualifié la colonisation de l'Algérie de «crime contre l'humanité», de «vraie barbarie», ce qui lui avait valu de vives critiques de responsables politiques de droite en France.

Assurant que l’Algérie «n’a rien contre le peuple français, parmi lequel elle compte des amis ayant participé à sa guerre de libération», le ministre des Moudjahiddine a estimé que «les relations commerciales, industrielles et culturelles entre les deux pays ne sauraient peser devant la mémoire nationale».

Les autorités algériennes veulent aussi remettre sur la table le dossier des «disparus» pendant la guerre d'indépendance (1954-1962) -plus de 2.200 selon Alger- et celui des essais nucléaires français dans le Sahara algérien qui «ont fait et continuent à faire des victimes».

Reste que «l'écriture de l'histoire de la révolution algérienne relève jusqu'à nos jours du domaine exclusif de l'Etat algérien», rappelle Pierre Vermeren, professeur d'histoire contemporaine à l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, spécialiste de l'Afrique du Nord, dans son livre «Le Choc des Décolonisations» (2015).

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