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Amazonie : des banques européennes appelées à stopper le financement du commerce pétrolier

En Amazonie équatorienne, les peuples autochtones, ici les Waorani, manifestent contre l'exploitation pétrolière de leurs terres.[Cristina VEGA / AFP]

L'Amazonie est en danger et certaines banques européennes sont fautives. Un rapport publié par les associations Stand.earth et Amazon Watch révèle que six d'entre elles participent encore activement au financement du commerce du pétrole issu de régions de la forêt amazonienne, en Equateur et au Pérou. Les peuples autochtones leur demandent de mettre un terme à ces actions.

Les banques concernées sont le Crédit Suisse, BNP Paribas, ING , Natixis, Rabobank et UBS. Il est question de 10 milliards de dollars alloués au négoce du pétrole et la zone concernée couvre environ 30 millions d'hectares, abritant un écosystème riche mais menacé par l'expansion des forages.

De nombreuses banques s'étaient déjà engagées à arrêter ou à limiter leur contribution aux projets liés aux combustibles fossiles. Mais ce nouveau rapport s'intéresse à une autre dimension de l'exploitation du pétrole amazonien : les auteurs se sont concentrés sur le financement du commerce plutôt que sur celui de projets.

Ce dernier consiste à soutenir le démarrage et le développement de puits de pétrole. Il s'agit d'extraire le combustible fossile mais aussi d'entretenir les raffineries et les pipelines. Le financement du commerce, celui qui est visé par ce nouveau rapport, vise quant à lui à acheminer le pétrole et le gaz du site d'extraction vers les raffineries.

Stand.earth Research Group et Amazon Watch reprochent ainsi aux banques visées de tenir un double discours. D'un côté elles ont pris des engagements environnementaux et, de l'autre, elles sont à l'origine du transfert d'environ 10 milliards de dollars de pétrole d'origine équatorienne vers des raffineries des Etats-Unis.

Le rapport de ces associations repose sur une analyse des données douanières et de certification commerciale des Etats-Unis pour la période 2009-2020. Cela signifie donc que ces banques ont continué à jouer un rôle dans le commerce pétrolier en Amazonie, y compris cette année.

Les principaux concernés ont réagi. Dans un communiqué, la Hollandaise Rabobank a assuré avoir arrêté de financer les frets de pétrole équatorien plus tôt cette année. Contactée par l'agence de presse Reuters, sa compatriote, ING, ainsi que la banque française Natixis ont indiqué qu'un travail était en cours afin de répondre aux préoccupations liées à l'Amazonie.

Toujours dans l'Hexagone, BNP Paribas a préféré mettre en doute la méthodologie du rapport qui la met en cause. Elle a souligné son «opacité» et s'est notamment demandé comment les associations avaient pu obtenir des estimations sur l'exposition financière des banques incriminées.

«Comment peuvent-ils dormir paisiblement ?»

Enfin, côté suisse, UBS a affirmé avoir déjà refusé des opérations en Amazonie afin de ne pas entraver le droit à la terre des peuples autochtones. Le Crédit Suisse a quant à lui nié toute violation de sa politique de financement des activités pétrolières et gazières.

«Il est temps que les banques, les entreprises et les consommateurs du pétrole extrait en Amazonie équatorienne reconnaissent comment leurs activités affectent nos territoires et notre mode de vie, lance Marlon Vargas, président de la Confédération des nationalités autochtones de l'Amazonie équatorienne, auprès du Guardian.

Exprimant sa colère contre «les dirigeants de banques en Europe», il s'interroge : «Comment peuvent-ils dormir paisiblement sachant que leur argent laisse des milliers de peuples et de communautés autochtones sans eau, sans nourriture et dans des conditions sanitaires dévastatrices en raison de la pollution des rivières Coca et Napo ?».

En avril, un déversement d'hydrocarbures en Equateur a contaminé deux grands fleuves sur des centaines de kilomètres. Dans les communautés fluviales, 35.000 personnes en ont subi les conséquences.

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