En direct
A suivre

Cinq ans après, un nouveau souffle pour l'Accord de Paris ?

Le 12 décembre 2015, l’Accord de Paris était adopté lors de la COP21 présidé par Laurent Fabius (2e en partant de la droite). Le 12 décembre 2015, l’Accord de Paris était adopté lors de la COP21 présidée par Laurent Fabius (2e en partant de la droite).[FRANCOIS GUILLOT / AFP]

Il y a cinq ans jour pour jour, un pas de géant a été fait en faveur de la lutte pour le climat. Lors de la COP21, l'Accord de Paris était adopté, avec son engagement phare : limiter le réchauffement climatique à 2°C, voire 1,5°C, d'ici à 2100. Mais les efforts fournis depuis sont insuffisants pour atteindre cet objectif. A l'occasion du cinquième anniversaire de cet accord historique, les promesses et les initiatives se multiplient, pour tenter de lui redonner vie.

L'Accord de Paris prévoit en effet que, tous les cinq ans, les 195 signataires (194 Etats + l'Union européenne) révisent à la hausse leurs engagements de réduction des gaz à effet de serre. Ceux pris lors de la COP21, même s'ils étaient respectés, ne permettent pas de maintenir le réchauffement en-dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels. Ils emmènent le monde sur une trajectoire d'au moins +3°C à la fin du siècle, indique le Programme des Nations unies pour l'Environnement (PNUE) dans son rapport annuel sur le sujet, publié mercredi.

Mais la pandémie de coronavirus a bouleversé le calendrier, en entraînant le report d'un an de la COP26, prévue à Glasgow (Ecosse) en novembre 2020, et par là même la présentation des plans climat actualisés des Etats. «Nous n'avons pas de temps à perdre», a malgré tout martelé en septembre le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. Ainsi, un sommet international virtuel, baptisé «Climate Ambition Summit 2020», est organisé ce samedi par les Nations unies, le Royaume-Uni et la France, pour encourager les gouvernements du monde entier à rehausser dès à présent leurs ambitions climatiques.

Pour l'instant, seulement une quinzaine de pays ont mis à jour leurs contributions nationales (sur les 183 ayant ratifié jusque-là l'Accord de Paris). Jusqu'à très récemment, aucun grand pays industrialisé ne figurait dans cette liste. Le Royaume-Uni a été le premier à entrer dans ce club, en annonçant le 3 décembre dernier son objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 68 % d'ici à 2030 par rapport au niveau national de 1990 (contre 61 % jusque-là).

De nombreuses promesses de neutralité carbone

L'Union européenne vient juste de lui emboîter le pas. Lors d'un sommet européen à Bruxelles ces jeudi et vendredi, les dirigeants des Vingt-Sept se sont mis d'accord pour réduire les émissions de CO2 d'«au moins 55%» d'ici à 2030 par rapport au niveau de 1990, contre un objectif de 40% actuellement.

Une ambition de court terme qui s'ajoute à l'objectif européen de long terme, approuvé en décembre 2019 (sans la Pologne), d'atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050. Une promesse faite ces derniers mois par de nombreux pays parmi les plus gros émetteurs de CO2 de la planète, tels que le Japon, la Corée du Sud, le Canada ou l'Afrique du Sud. Même la Chine, plus gros pollueur mondial, a surpris son monde en annonçant en septembre un engagement similaire à l'horizon 2060.

Si l'on ajoute à ces pays les Etats-Unis, dont le président élu Joe Biden veut qu'ils réintègrent l'Accord de Paris et endossent l'objectif de neutralité carbone d'ici à 2050, on en est donc à 127 Etats - représentant 63 % des émissions mondiales - qui se sont engagés à faire tomber à zéro leurs émissions de gaz à effet de serre, d'après le décompte du site Climate Action Tracker. Selon les calculs de ce dernier, si toutes ces ambitions étaient respectées, elles permettraient de limiter le réchauffement à 2,1°C d'ici à 2100, rendant atteignable l'objectif le plus haut fixé dans l'Accord de Paris (+2°C).

Encore des efforts importants à faire

Si le Programme des Nations unies pour l'Environnement (PNUE) salue des annonces «encourageantes» dans son dernier rapport, il souligne «le grand écart» entre ces ambitions de long terme (pour 2050) et le niveau «insuffisant» des objectifs de court terme (pour 2030). L'organe de l'ONU pointe donc la nécessité pour les Etats de présenter rapidement des plans climat actualisés pour 2030.

Il précise que les émissions de gaz à effet de serre mondiales devraient être réduites de 7,6 % chaque année entre 2020 et 2030 pour garder espoir de limiter le réchauffement à 1,5°C d'ici à la fin du siècle. Ce qui signifie maintenir pendant une décennie le même rythme que cette année, marquée par un recul de 7 % des émissions. Une baisse due en grande partie à la pandémie de Covid-19 et aux confinements décrétés dans le monde entier.

Des efforts supplémentaires également réclamés par Fridays for Future, le mouvement mondial de la jeunesse pour le climat initié par Greta Thunberg. Une nouvelle journée d'action a été organisée hier aux quatre coins de la planète, avec l'ambition affichée de ranimer l'Accord de Paris, cinq ans après son adoption. Nom donné à cet événement, «Fight for 1,5» («Lutter pour les 1,5»), en référence à l'objectif de réchauffement de 1,5°C figurant dans le traité international.

Retrouvez toute l'actualité environnement ICI

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités