En direct
A suivre

Diversité, féminisme... Le cabinet de Joe Biden est-il vraiment une révolution ?

Joe Biden lors de la présentation de Lloyd Austin, futur secrétaire d'Etat à la Défense. Joe Biden lors de la présentation de Lloyd Austin, futur secrétaire d'Etat à la Défense.[CHIP SOMODEVILLA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP]

Une équipe de communication 100% féminine, des Hispaniques et des Noirs américains à des postes historiquement occupés par des personnalités blanches... À en croire les nominations de Joe Biden, son cabinet respecte bien la diversité promise lors de sa campagne présidentielle. Mais tout n'est pas aussi simple.

Parmi les postes clés d'ores et déjà annoncés, on retrouve notamment Janet Yellen, une femme, en tant que secrétaire au Trésor; Lloyd Austin et Marcia Fudge, Noirs américains, secrétaire à la défense et secrétaire au logement et développement urbain; Xavier Becerra et Alejandro Mayorkas, Hispaniques, au secrétariat à la Santé et secrétariat à la sécurité nationale. Et selon les médias américains, Pete Buttigieg, homosexuel assumé, devrait récupérer le ministère des Transports.

Le but affiché est d'avoir une administration qui «ressemble à l'Amérique». Pour autant, certains pensent que les efforts ne sont pas suffisants, à commencer par le nombre d'Hispaniques et de Noirs américains. 

Le processus de création d'un cabinet aux Etats-Unis est un jeu d'équilibriste. Il faut nommer des personnes avec qui l'entente est suffisante, tout en accordant une place aux différentes mouvances du parti démocrate, afin d'assurer une certaine paix à l'intérieur du parti. Et à l'heure actuelle, le compte ne semble pas tout à fait y être si l'on en croit une frange importante de son parti. 

Les progressistes déçus

Loin de se satisfaire des nominations des personnalités issues de minorités, l'aile gauche du parti démocrate demande une plus grande diversité politique. Elizabeth Warren ou encore Bernie Sanders lorgnaient sur des postes clés, qu'ils n'ont finalement pas obtenus. «C'est un peu consternant, mais pas très surprenant», regrette James Cohen, membre du comité de soutien à Bernie Sanders en France. 

Egalement professeur à l'université Sorbonne Nouvelle, il estime que ces nominations servent à plaire à «aux grands entreprises privées, aux intérêts financiers, aux donateurs qui financent les campagnes des démocrates conservateurs», et moins à la couche plus populaire. «On joue allègrement sur le thème de l'origine ou du genre pour éviter le contenu», explique-t-il. 

«Ce n'est pas une surprise parce que Biden est centriste depuis le début de sa carrière, mais ce n'est peut-être pas très habile de ne pas avoir au moins une nomination symbolique», analyse la journaliste indépendante à Washington Sonia Dridi, également autrice de Joe Biden, le pari de l'Amérique anti-Trump. Elle assure que cela pourrait accentuer les tensions entre les progressistes et les centristes, qui étaient déjà élevées pendant la campagne des primaires. 

Adversité au Sénat ou vrai prisme idéologique ?

L'une des explications qui pourrait expliquer cette frilosité de Joe Biden quant à l'ouverture vers la gauche, après leur avoir tendu la main pendant de longs mois, serait la difficulté de les nommer. En effet, chacun de ses choix devra être validé par le Sénat, qui pourrait bien tomber du côté républicain dans les prochaines semaines. 

Pour autant, l'ancien vice-président n'a pas éludé un autre bras de fer tout aussi difficile. Lloyd Austin, premier Noir américain à son poste de l'histoire, ne devrait pas, en théorie, pouvoir être choisi. La loi interdit cette nomination car il n'est retraité que depuis 4 ans de l'armée. Une exception devra être demandée au Congrès, et une victoire n'est pas assurée. 

Au vu de cette donnée, la dissension entre Joe Biden et ses collègues progressistes semble donc idéologique. Et là encore, Sonia Dridi n'y voit pas une surprise. «Il n'a jamais été en avance sur son temps, sans pour autant être très en retard. Il sait se ranger au bon endroit quand il sent le vent tourner», explique-t-elle. Malgré une représentation des minorités sans précédent, le prochain gouvernement américain sera donc dans la droite lignée des anciennes administrations démocrates, loin des aspirations socialistes de Bernie Sanders ou Alexandria Ocasio-Cortez. 

Retrouvez toute l'actualité des Etats-Unis ICI

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités