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San Francisco débaptise un tiers de ses écoles, aux noms liés à l'esclavage ou au racisme

Le lycée Abraham Lincoln de San Francisco fait partie des établissements qui vont devoir changer de nom. Le lycée Abraham Lincoln de San Francisco fait partie des établissements qui vont devoir changer de nom. [JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP]

San Francisco fait le ménage. Le conseil scolaire de la cité américaine a voté la semaine dernière pour débaptiser 44 écoles, soit un tiers des établissements de la ville, portant le nom de personnalités liées à l'esclavage, au racisme ou à l'oppression. Exit notamment de grandes figures de l'histoire américaine, tels Abraham Lincoln ou George Washington.

La fin d'un processus démarré en 2018. Cette année-là, le conseil scolaire de San Francisco avait créé une commission pour examiner les noms des écoles de la ville californienne, en réaction aux manifestations de suprémacistes blancs à Charlottesville (Virginie) l'année précédente, dont les affrontements avec des contre-manifestants antiracistes avaient fait un mort et une vingtaine de blessés.

Une liste de 44 écoles aux noms jugés problématiques, établie en octobre 2020 par ce panel de douze personnes (parents, élèves, éducateurs...), a été approuvée à une large unanimité par le conseil des écoles, par six votes pour et un seul contre. Y figurent «des personnalités historiques engagées dans l'assujettissement et l'asservissement des êtres humains ; ou qui ont opprimé les femmes, inhibant le progrès sociétal ; ou dont les actions ont conduit au génocide ; ou qui ont autrement considérablement attenté au droit de chacun d'entre nous à la vie, à la liberté et à la poursuite du bonheur», indique le texte de la résolution votée par le conseil scolaire.

Aucune personnalité n'a bénéficié de passe-droit, pas même les plus grandes figures de l'histoire politique américaine. On retrouve ainsi dans cette liste trois pères fondateurs des Etats-Unis, George Washington, Thomas Jefferson et James Monroe, par ailleurs propriétaires d'esclaves, mais également le président américain ayant aboli l'esclavage en 1865, Abraham Lincoln. Il lui est reproché d'avoir autorisé l’exécution d'une trentaine d'Amérindiens en 1862, condamnés à mort pour avoir attaqué des colons dans le Minnesota.

Une décision critiquée

Seront également retirés du fronton des écoles l'auteur de l'hymne national américain «Star Spangled Banner» Francis Scott Key, pour avoir possédé des esclaves, l'écrivain Robert Louis Stevenson, pour des écrits jugés racistes, le missionnaire espagnol Junipero Serra ou encore Dianne Feinstein, maire de San Francisco de 1978 à 1988. L'élue démocrate, aujourd'hui âgée de 87 ans, avait fait remettre en 1984 un drapeau confédéré installé devant la mairie de sa ville, arraché par des militants antiracistes, avant de le remiser au placard après qu'il avait été retiré une seconde fois.

Cette décision du conseil scolaire de San Francisco a rapidement suscité la controverse, certains regrettant des choix discutables (notamment celui de l'abolitionniste Abraham Lincoln), quand d'autres ont critiqué le timing de cette mesure, en pleine pandémie de coronavirus et alors que les écoles sont fermées. Le coût de tels changements, estimé à au moins 1 million de dollars (830.000 euros), a également été pointé du doigt, tout comme l'absence d'historiens dans le comité spécial qui a planché sur le sujet.

Les personnels et familles des élèves des 44 établissements concernés ont jusqu'à mi-avril pour proposer un nouveau nom, qui sera ensuite examiné par la commission puis soumis au vote du conseil scolaire. Des idées ont déjà été lancées, parmi lesquelles l'ancien président Barack Obama et sa femme Michelle, la militante contre l'esclavage Harriet Tubman - qui pourrait bientôt figurer sur le billet de 20 dollars -, la vice-présidente actuelle Kamala Harris ou Eleanor Roosevelt, épouse du président Franklin Roosevelt et fervente militante des droits de l'Homme.

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