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Le géant de l'immobilier Evergrande menacé de faillite : quelles conséquences pour l'économie mondiale ?

Tous les regards seront tournés vers Evergrande jeudi 23 septembre, alors que l'entreprise doit verser une part de ses intérêts à ses créanciers. [ISAAC LAWRENCE / AFP]

Avec 200.000 employés dans 280 villes, Evergrande est, en termes de chiffre d'affaires, le plus gros promoteur immobilier chinois. Ce géant se tient néanmoins sur des pieds d'argile qui menacent de céder. Alors que l'entreprise est proche de la faillite, les Bourses mondiales craignent des répercussions à l'échelle internationale.

Depuis une dizaine d'années, Evergrande a multiplié les acquisitions afin de se diversifier. Le groupe possède un club de football, le Guangzhou FC, et est également présent sur le marché de l'alimentaire et de l'eau minérale, avec sa marque Evergrande Spring. Des investissements ont aussi été réalisés dans le tourisme, les assurances, la santé et le numérique.

Pour faire face à toutes ces dépenses, le fondateur de l'entreprise, Xu Jiayinn, a contracté des emprunts, à hauteur de 260 milliards d'euros. Seulement voilà : l'année dernière Pékin a pris de sévères mesures à l'encontre des promoteurs immobiliers afin de les obliger à réduire leur endettement. Ils n'ont par exemple plus le droit de pré-vendre des biens avant que leur construction soit achevée.

Or, le modèle économique d'Evergrande reposait en grande partie sur cette pratique et Xu Jiayinn se trouve donc dans l'incapacité de rembourser ses créanciers. Cette semaine, certaines voix ont même évoqué la perspective de voir apparaître un «Lehman chinois». Ils font ici référence à la chute de la banque américaine Lehman Brothers en 2008, qui a marqué le début d'un véritable séisme financier international. 

La dette d'Evergrande est en partie détenue par des banques chinoises, qui ont elles-mêmes confié leurs obligations à des tiers. Tous pourraient donc chuter dans le sillage du géant de l'immobilier. Des particuliers sont également concernés puisqu'ils ont acheté sur plans des logements qui ne seront sans doute jamais construits. Les maillons de la chaîne semblent presque infinis si l'on considère qu'ils ont pu eux-mêmes s'endetter pour financer cet achat.

Les Bourses mondiales fébriles

La faillite d'Evergrande risque de fragiliser tout l'immobilier chinois puisque les autres promoteurs voudront alors eux aussi rapidement rembourser leur dette, de la même façon et dans le même temps. Avec à la clé une potentielle baisse des prix et une dévalorisation des hypothèques bancaires. Sachant que le ralentissement de l'immobilier en Chine se ressent déjà au-delà des frontières du pays, chez les producteurs d'acier australiens notamment, et que beaucoup d'investisseurs étrangers ont prêter de l'argent à Evergrande.

Ce lundi, les Bourses mondiales ont d'ailleurs viré au rouge, celle de Hong-Kong clôturant à -3,30%, tandis qu'à Paris, le CAC 40 affichait une baisse de 2% à la mi-journée. L'action du groupe chinois affiche un repli de près de 84% depuis le début de l'année et son cours a à nouveau brutalement chuté de 17% ce lundi. La journée de jeudi, le 23 septembre, s'annonce cruciale car Evergrande est censé rembourser une part de sa dette à cette date. Si le groupe n'honore pas son paiement, les investisseurs risquent de fuir, rapprochant dangereusement l'entreprise de la faillite.

Alors qu'une certaine panique semble poindre, de nombreux analystes tempèrent néanmoins : puisque l'immobilier représente environ un quart du PIB chinois et que le secteur à joué un rôle déterminant dans la reprise après la pandémie, ils s'attendent à une intervention de Pékin.

Cela pourrait prendre la forme d'une aide financière, d'une négociation avec les créanciers ou même d'une restructuration permettant aux autorités de prendre le contrôle de certaines entités de la société, tout en faisant cesser les activités de la branche chargée des investissements. La tâche s'annonce cependant colossale et, Evergrande étant une entreprise privée, l'Etat pourrait aussi estimer qu'il n'a pas à lui venir en aide. Dans ce cas-là, il faudra espérer que les banques chinoises aient les reins suffisamment solides.

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