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Affaire Baldwin : responsabilité, culpabilité...quel impact psychologique pour l'entourage ?

L'acteur Alec Baldwin a, jeudi 21 Octobre dernier, tué accidentellement la directrice de la photographie Halyna Hutchins sur le tournage du western Rust.[© MARK SAGLIOCCO / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / GETTY IMAGES VIA AFP]

Jeudi 21 octobre, au Nouveau-Mexique, sur le tournage du western Rust, l’acteur américain Alec Baldwin a tué, vraisemblablement par accident, la directrice de la photographie Halyna Hutchins et blessé gravement le réalisateur Joel Souza. Quels peuvent être les effets de cette tragédie sur la santé mentale de l’acteur ?

Pour CNEWS, la psychologue Hélène Romano détaille quel cheminement intérieur l'acteur va vraisemblablement traverser, mais aussi les implications plus globales, dans la sphère publique, qui devraient avoir lieu.

Sur Twitter, Alec Baldwin a réagi au drame en ces termes : «Les mots me manquent pour exprimer ma stupeur et ma tristesse après l'accident tragique qui a tué Halyna Hutchins, une épouse, une mère et une collègue profondément admirée .» Et pour cause, celui qui était proche de la directrice de la photographie n’arrive pas à croire ce qui vient de se produire : une collègue dont il était proche est blessée à mort sous ses yeux, alors qu'il vient de lui tirer dessus avec une arme à feu ne devant, en principe, ne contenir aucun projectile.

Faire la part des choses entre «responsabilité» et «culpabilité»

Dans la foulée, les réseaux sociaux se sont emparées de l’affaire et les détracteurs d’Alec Baldwin ont déversé leur haine et leur cynisme, contre celui qui a toujours combattu les armes à feu. Tandis que certains ressortent des archives de 2017 dans lesquelles l’acteur se demande « ce que ça doit faire de tuer quelqu’un sans le faire exprès », d’autres, poussant le trait, brocardent ses prises de positions politiques passées.

Hélène Romano, psychologue spécialisée dans les questions liées aux traumatismes psychiques, explique qu’il « faut distinguer deux nuances fondamentales : la responsabilité et la culpabilité », définies en ces termes : « La première concerne l’aspect matériel et juridique des choses, à savoir l’arme du crime, qui s’est occupé des cartouches et tout ce qu’il y a autour ; la deuxième porte sur le sentiment en tant que tel : se sentir responsable de l’acte commis alors qu’on ne l’est pas matériellement. »

En d’autres termes, Alec Baldwin n’est pas responsable, cela a été avéré, mais la culpabilité vivra toujours avec lui, en lui. Madame Romano, en se basant sur les récits de ses propres patients, détaille que « dans ce type de drames, les personnes ayant été impliquées dans la mort des autres ont réussi à continuer leur vie. On le voit avec des parents, par exemple, qui tuent leurs enfants dans un accident de voiture. On continue à vivre, mais la culpabilité, extrêmement profonde, reste.»

Elle ajoute que si l’on prend l’affaire du sang contaminé par exemple, on y a vu un sentiment de responsabilité éprouvé par les pouvoirs publics, mais pas tant de culpabilité. Ces deux nuances, bien que parfois concomitantes, sont primordiales pour évaluer ces drames.

Une autre chose intéressante dans « le cas Baldwin » - comme pour ce type de tragédies de manière générale - est que, selon la psychologue, « la culpabilité permet de ré-humaniser les gens. En s’en voulant d’avoir provoqué la mort, l’acteur va donner une dimension humaine au drame. »

Les répercussions publiques

Quid des médias et des réseaux sociaux, caisse de résonnance de cette affaire, que ce soit pour donner des informations ou servir de tribune pour ou contre l’acteur ? « Les médias ont une force de frappe incroyable. De plus, avec le contexte de la pandémie, une insécurité s’est installée car les gens ont peur de la mort. La pandémie leur a rappelé que la mort existait et le déferlement de violence à l’encontre de l’acteur est un paratonnerre. La mort heurte nos représentations et la population générale a besoin de décharger ses angoisses contre n’importe qui ou n'importe quoi. »

Et la famille de la victime dans tout cela ? Car à y regarder de plus près, les commentateurs se sont concentrés sur l’acteur, bien moins sur ceux qui gravitent autour. Hélène Romano répond : « Pour la famille de la victime, comme souvent, deux choix s’offrent à elle : le pardon ou le rejet. Le pardon veut dire accepter l’insupportable et cela dépendra du travail des avocats, de l’enquête, de la proximité de l’acteur avec la victime (ils étaient très proches). Le problème qui va se poser concerne le juridique car il peut parasiter ce travail. La famille va devoir porter plainte – comme c’est souvent le cas -, l’affaire va être longue et des débats (sur armes à feu, entre autres) vont être remis au goût du jour. »

C'est donc à un travail sur le long terme, impliquant une certaine forme d'endurance psychologique et morale, que doivent se préparer les différents parties à l'affaire.

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