Tout les oppose, ou presque. Ce lundi, Emmanuel Macron se rend à Budapest pour rencontrer son homologue Hongrois Viktor Orban. «Un adversaire politique, mais un partenaire européen» aux yeux du chef de l'Etat qui entend préparer le terrain en vue de la présidence française de l'UE.
Ce déplacement en Hongrie s'effectuera dans le cadre d'un sommet des pays du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovaquie), actuellement présidé par la Hongrie. Il permet au président français de compléter sa tournée des 26 autres capitales de l'Union européenne qu'il s'était promis de visiter avant la fin de son mandat.
Politiquement, les sujets de discorde sont nombreux. Quand l'un se présente comme le défenseur des valeurs chrétiennes et le garant de l'identité hongroise, l'autre se veut le chef de file d'un camp europhile et «progressiste».
Avec la Pologne, la Hongrie du président eurosceptique Viktor Orban a adopté plusieurs lois contestées par la Commission européenne de Bruxelles, notamment contre la représentation de l'homosexualité auprès des mineurs. Le gouvernement hongrois est également ciblé par les ONG pour son atteinte à la liberté de la presse ou encore son hostilité à l'égard des migrants.
Trouver des «compromis utiles» à l'Europe
En riposte, la Commission a lancé plusieurs procédures pour atteinte à l'Etat de droit et aux valeurs de l'UE, dont un mécanisme de «conditionnalité» des aides européennes, qui bloque le versement de subventions à la relance.
«Quelles que soient nos sensibilités politiques, nos choix, nous devons travailler ensemble pour notre Europe», a déclaré jeudi Emmanuel Macron. «Il est très clair que sur le sujet de l'Etat de droit, il y aura des désaccords, mais je pense que sur les sujets de souveraineté, sur le sujet du modèle de croissance et sur des sujets multiples, il peut y avoir aussi une capacité à trouver des compromis utiles», a-t-il ajouté.
A quelques semaines du début de la présidence française de l'UE, Emmanuel Macron compte bien avancer sur les sujets où les intérêts français et hongrois peuvent converger : la protection des frontières de l'Europe, une politique ambitieuse de relance avec un budget européen d'investissement ou encore la promotion de l'énergie nucléaire.
Rencontre avec des opposants
Selon l'Elysée, des accords peuvent également être trouvés sur la souveraineté numérique, le renforcement de l'Europe de la défense voulue par Emmanuel Macron et sur la mise en place d'alliances industrielles.
La présidence française assure cependant qu'Emmanuel Macron n'a «pas l'habitude d'esquiver» les sujets qui fâchent, alors que la communauté LGBT+ hongroise a appelé le président français à évoquer «l'oppression» qu'elle subit lors de sa rencontre avec Viktor Orban, dans une lettre ouverte au magazine Têtu.
Le premier geste du président français en arrivant à Budapest ce lundi sera d'aller se recueillir sur la tombe de la philosophe Agnès Heller, décédée en 2019, une figure de l'opposition à Viktor Orban qu'il avait reçue à l'Elysée en 2018.
«Un pays dirigé par Marine Le Pen ou Éric Zemmour»
Il rencontrera en outre Gergely Karacsony, le maire écologiste de Budapest, et pourrait dialoguer avec d'autres représentants de l'opposition comme Peter Marki-Zay, le candidat qui espère renverser Viktor Orban aux législatives d'avril 2022.
Pour certains, la présence d'Emmanuel Macron en Hongrie revient à cautionner la politique du président Orban. «Monsieur Macron, la Hongrie que vous vous apprêtez à visiter est bien un pays gouverné par l'extrême droite», l'a interpellé dans une tribune le maire du 8e arrondissement de Budapest Gabor Eross, qui s'est dit «choqué» par la visite du président français.
«Vous visiterez un pays dirigé par Marine Le Pen ou Eric Zemmour», a-t-il prévenu, évoquant les deux candidats à la présidentielle auxquels Viktor Orban avait déroulé le tapis rouge lors de leurs récentes visites respectives.