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Brésil : des centaines de manifestants demandent justice pour Moïse Kabagambe, jeune Congolais battu à mort à Rio

Des centaines de manifestants ont rendu hommage pacifiquement à Moïse Kabagambe à Rio de Janeiro. Des centaines de manifestants ont rendu hommage pacifiquement à Moïse Kabagambe à Rio de Janeiro. [CARL DE SOUZA / AFP]

De nombreuses manifestations ont eu lieu ce samedi 5 février dans tout le Brésil, en mémoire de Moïse Kabagambe, jeune Congolais de 24 ans battu à mort il y a quelques jours sur son lieu de travail. Un assassinat qui a provoqué l’émoi de toute une nation encore gangrenée par le racisme et la xénophobie.

Le jeune homme, réfugié politique congolais arrivé au Brésil en 2011, travaillait dans un bar de plage du quartier de Barra da Tijuca, à Rio de Janeiro. Selon la famille du défunt, son patron lui devait deux jours de salaire, qu’il est allé réclamer le 24 janvier dernier. Il a alors été attaqué par au moins trois hommes (certains témoins en évoquent cinq), qui l’ont battu à mort avec des bâtons de bois.

Trois personnes ont été arrêtées dans le cadre de cette enquête, grâce aux images capturées par une caméra de vidéo surveillance, mais la police cherche toujours le mobile du crime, estimant qu’il y a peu de chance qu’il soit en lien avec le retard de paiement de son patron.

«Il s'agit de la mort d'un étranger qui était notre frère, parce qu'il était noir. Nous sommes ici pour montrer notre résistance, pour montrer que nous ne laisserons pas impuni ce qui s'est passé», a déclaré une manifestante à l’AFP ce samedi. La famille de la victime évoque en effet un crime «motivé par le racisme». Vêtus de blanc, des immigrés congolais ont dansé et chanté pendant la manifestation à laquelle ont participé des proches de Moïse Kabagambe. D’autres rassemblements pacifiques ont également eu lieu à São Paulo et dans la capitale Brasilia.

Un mémorial en hommage à Moïse et la culture congolaise

Le Brésil «n'accorde de la valeur qu'aux étrangers aux yeux clairs et qui parlent anglais. Si c'est un noir qui est venu d'Afrique pour essayer de grandir ici, il n'a aucune valeur», a déclaré Douglas Alencar, qui travaille pour l'Ipad, un institut militant pour la défense de la démocratie à Rio.

Un vif émoi qui s’est aussi étendu aux réseaux sociaux, où de nombreuses personnalités brésiliennes, comme le chanteur Caetano Veloso ou le footballeur Gabriel Barbosa ont manifesté leur indignation et leur soutien à la famille de Moïse Kabagambe. Le maire de Rio a annoncé que le bar devant lequel le jeune Moïse a été tué deviendrait un mémorial en son hommage et à la culture congolaise, et que sa famille se verra confier la gestion de l'établissement.

En novembre 2020, le meurtre d’un homme noir, tabassé à mort par deux agents de sécurité d’un supermarché à Porto Alegre, avait également mis le feu aux poudres au Brésil. L’ONU, qui avait demandé le lancement d’une enquête indépendante sur cet assassinat, avait dénoncé dans un communiqué «la discrimination structurelle et le racisme persistants auxquels les personnes d'ascendance africaine sont confrontées» dans le plus grand pays d’Amérique latine. 

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